Tapage nocturne :
Gros mouvement de colère devant la gendarmerie de Sada
Une manifestation a été organisée mardi aux alentours de 15 heures face à la mairie de Sada. Et les raisons du mouvement sont étonnantes. En effet, les organisateurs de chants et danses traditionnels propres à la commune ont été convoqués par les militaires suite à une plainte qui aurait été déposée pour tapage nocturne. Les événements étant bruyants, la gêne occasionnée n’avait visiblement pas été supportée par un habitant de la localité.
Or, selon les manifestants, il s’agirait ni plus ni moins de la femme du commandant de la brigade qui se serait déplacées et aurait fait entendre son mécontentement aux organisateurs un soir de représentation. Dès le lendemain, les convocations à la gendarmerie avaient ainsi été envoyées.
“On est là aujourd’hui car dans la commune de Sada il y a des convocations qui se font répétitives avec des interventions de la gendarmerie lors des manifestations traditionnelles sous prétexte qu’elles engendrent des nuisances sonores. Or, nous ne sommes pas français depuis hier, Mayotte a toujours été française depuis 1841, et nous avons toujours vécu en harmonie avec les lois françaises. Aujourd’hui, nous voyons qu’il y a une montée en puissance de l’application exagérée de la loi sur la population de Mayotte parce que certains qui viennent d’autres territoires ou de métropole ne veulent pas entendre les chants traditionnels et notre culture. Ils vont même jusqu’à dire que nous perturbons la circulation lorsque nous organisons les manzaraka. Pourquoi font-ils ça ? Pour nous intimider, pour nous perturber ou nous faire regretter le choix d’être français ? La richesse de la France c’est le respect de ses traditions et ce, dans chacune de ses régions. Pourtant, quand on joue de la cornemuse en Bretagne, personne ne se plaint. Il faut donc nous laisser préserver notre moulidi” explique l’un des manifestants visiblement très remonté.
Renseignement pris, les organisateurs avaient en effet l’autorisation de la mairie pour mettre en place les événements. Les textes ont été respectées mais leur répétition a fini par agacer ou bien alors, leur niveau sonore n’a peut être pas été correctement fixé. Il y a des limites aux décibels selon la loi, et bien souvent lors de manifestations à Mayotte, les sonos crèvent tous les plafonds.
Il ne s’agit que d’un détail qui pourrait se régler, encore faudra-t-il en effet que la tradition puisse librement s’exprimer que ce soit à Sada ou partout ailleurs à Mayotte.
En attendant, la colère s’est faite entendre hier et il faudra sans doute que des discussions soient mises en place entre la mairie, la population et la gendarmerie pour que ce type de montée de tension ne se reproduise plus.
Source : FRANCE MAYOTTE matin / Patrick Millan et Samuel Boscher