Transports posthumes
La polémique des pratiques funéraires à nouveau relancée
La réglementation en matière d’inhumation des personnes a bien du mal à se faire connaître du grand public, notamment de la population issue de l’immigration clandestine n’ayant pas la maîtrise des lois françaises. Mais elle a aussi bien du mal à s’appliquer, et cette fois-ci du côté de la justice. Un nouveau cas de figure s’est présenté hier en milieu de matinée. Un homme a été retrouvé chez lui sans vie à Bouyouni. C’est l’odeur qui a alerté le voisinage et la famille. La gendarmerie a bien évidemment été contactée tout comme les secours. Le médecin arrivé sur place n’a pu que constater le décès et n’a pas émis d’obstacle médico légal permettant ainsi la restitution du corps à la famille. Les transports posthumes avaient entre temps été contactés par la gendarmerie, l’entreprise étant la seule autorisée à manipuler la dépouille avant remise aux proches.
Ce qui n’a pas été du goût des badauds qui se sont amassés autour de la maison et le ton a commencé à monter, la religion musulmane exigeant que le défunt soit enterré dans les plus brefs délais. L’accès au banga a dans un premier temps été interdit par la population qui refusait de voir partir le défunt.
200 personnes ont ainsi donné de la voix obligeant les deux militaires présents à appeler le parquet pour savoir ce qu’ils devaient faire.
Sans obstacle médico légal, le parquet a donc décidé que le corps devait être remis aux proches et ce, alors même que le service des pompes funèbres commençait à désinfecter l’habitation où une odeur pestilentielle régnait alimentée par un nuage de mouches alors que l’état de décomposition était jugé très avancé.
Dans cette situation, et au delà de 48 heures après la disparition, la mise en bière est obligatoire, c’est en tout cas ce que la loi impose. Le cadavre doit ensuite faire l’objet d’un nettoyage, afin d’éviter toute propagation de germes, de virus.
Mais puisque le parquet avait ordonné que le corps soit rendu, les pompes funèbres n’ont plus eu à intervenir, au grand dam des agents qui voyaient bien qu’un risque sanitaire pouvait se produire.
La famille s’est alors approchée et n’a pu que constater l’état dans lequel se trouvait le malheureux. Bien évidemment, il n’était plus question pour eux de manipuler la dépouille infestée d’insectes et déjà en putréfaction. Elle a alors demandé aux transports posthumes de se charger d’emmener le corps au cimetière afin de procéder à la mise en terre. L’entreprise a alors expliqué que le travail était payant et qu’il aurait dû nécessiter une mise sous scellé afin d’éviter toute maladie et infection.
Le service étant facturé, la population et les proches se sont alors retrouvés le bec dans l’eau, n’ayant pas les moyens de payer et incapables de s’occuper du corps dans un tel état. La foule s’est donc de nouveau énervée et a cette fois refusé de laisser partir le camion tant que celui-ci ne conduirait pas le défunt à sa dernière demeure.
France Mayotte a alors été averti par des habitants en colère pour dénoncer la situation et le procureur de la République Joël Garrigue a été contacté.
Selon lui, la mort était survenue durant le week-end sans qu’il soit permis de dire si il y avait plus de 48 heures que la mort était survenue. Si tel avait été le cas, la mise en bière aurait donc été obligatoire. Dans le doute et sans obstacle du médecin, il appartenait donc à aux proches de prendre en charge les frais de l’enterrement selon le Parquet.
Qui plus est, il n’avait pas été rapporté à Joël Garrigue que le corps était dans un bien sale état. À Mayotte, avec la chaleur et l’humidité, la putréfaction débute bien plus vite qu’en métropole et les germes se développent aussi de manière beaucoup plus rapide.
Mais encore et cerise sur le gâteau, le certificat de décès délivré par le médecin sur place avait constaté la mort vendredi dernier, soit depuis 4 jours. La mise en bière était donc dans tous les cas obligatoire au regard du code civil, du code général des collectivités territoriales et du code de la santé publique. Le parquet, qui ne voyait que l’absence d’obstacle a donc décidé de rendre le corps alors que la loi ne le lui autorisait pas pour des raisons simples d’hygiène et de santé publique.
Mais le temps que tout le monde s’explique, comprenne les erreurs commises, certains se sont bouchés le nez à Bouyouni et à l’aide d’une bâche ont enroulé le corps et l’ont emmené au cimetière pour l’enterrer. Aucune règle n’a donc été respectée.
En attendant, si la famille n’avait pas les moyens de payer le transport posthume, la mairie devait alors se substituer pour les ressortissants français. Or, il s’agissait dans ce cas de personnes étrangères. La mairie n’avait donc pas à régler la note, il appartenait au parquet de prendre des réquisitions afin que tout risque soit écarté. Cela n’a pas été fait, rappelant que la semaine dernière un enfant est mort à Ouangani et qu’il est permis de demander qui a remis le corps à la famille, itou pour les 2 femmes foudroyées à Majicavo en décembre dernier. Les corps avaient été placés dans les véhicules des pompiers sur ordre du Parquet, mais ceux-ci avaient refusé la prise en charge, le transport étant seul dévolu aux pompes funèbres. Itou encore pour l’accidenté de la route à Bouyouni il y a quelques semaines. La dépouille avait été remise sur ordre du parquet à la famille après acheminement par véhicule de secours, ce qui était interdit. Il y a donc un gros souci sur le territoire en matière de législation. Il sera difficile de demander à la population des respecter les règles en matière de rites funéraires si les bons messages et les bons réflexes ne sont pas délivrés.
Source : KTV