Cyclone tropical Hellen : des dégâts considérables
Un arrêté de catastrophe naturelle en prévision ?
Le cyclone tropical Hellen s’est abattu sur Mayotte 24 heures seulement après qu’il ait touché les eaux chaudes du canal du Mozambique. Il est arrivé par les terres au stade de dépression et a passé les paliers de manière ultra rapide. Le territoire n’était pas habitué à ce type d’intrusion, les phénomènes météo arrivant en règle générale pour l’Est via l’océan Indien.
Et dans ce cas de figure, le cap d’Ambre de Madagascar et la Grande Île elle même, font office de bouclier. C’est sans doute pour cette raison que Mayotte n’a plus connu à sa verticale de cyclone depuis 1984 avec Kamissy. Mais cette fois, le pire a été évité puisque Hellen en filant par miracle vers le Sud alors qu’il approchait des côtés du département, s’est transformé en cyclone tropical très intense avec des vents de plus de 300 kilomètres par heure en rafale. C’est d’ailleurs le plus puissant enregistré ces 40 dernières années dans le canal du Mozambique et aujourd’hui, la côte Ouest malgache en fait une nouvelle fois les frais. Mais pas seulement, car Mayotte elle-aussi a été très durement touchée, certes sans faire de victime ce qui là aussi relève du miracle au regard des conditions météo qui ont bombardé le territoire et la précarité des habitations qui composent le parc immobilier.
Maisons endommagées envahies par des coulées de boues, glissements de terrain, routes arrachées, réseau électrique coupé avec des pilonnes emportés, véhicules détruits, bateaux fracassés sur les rochers, ou tout simplement coulés, plages emportées, arbres arrachés, les dégâts sont considérables et il apparaît aujourd’hui que l’état de catastrophe naturelle ne soit pas envisagé.
Sans demande officielle auprès du gouvernement, les assureurs n’indemniseront pas les entreprises ou les particuliers pénalisés par le cyclone comme à La Réunion avec Béjisa il y a quelques semaines.
Pour se faire, il faudrait qu’un état des lieux soit dressé pour quantifier les pertes tant sur le domaine public que privé. Mais au lendemain de passage, Mayotte semble seulement panser ses plaies, sans broncher, habituée à la fatalité.
Pas tout à fait car certains ont été plus touchés que d’autres et notamment la société Aquamay qui produit les alevins destinés à l’élevage des poissons. Les cages n’ont pas supporté la forte houle générée par les vents puissants mais aussi par une très forte marée et un marnage qui une nouvelle fois a contribué à déchaîner le lagon habituellement si tranquille.
Près de 10 000 poissons ont ainsi disparu avec Hellen qui a arraché les filets. Ce sont des années de travail qui viennent de s’envoler en fumée portant un coup très dur à Aquamay, mais aussi à toute la filière aquacole déjà mal en poids qui s’approvisionne en poissons afin de les faire grandir en cages.
La production 2012 n’avait pas dépassé les 88 tonnes lorsque les potentiels mahorais doivent atteindre les plusieurs milliers annuels, avec ce nouvel épisode dramatique, les schémas de développement semblent aujourd’hui bien compromis.
Dominique Marot d’Aquamay évalue le préjudice entre 40 000 et 45 000 euros et explique : “c’est une perte sèche, les producteurs que nous sommes ne sont pas assurés. Les assurances coûtent trop chers pour maintenir des coûts de revient compétitifs. Avec les assurances, il n’y aurait plus rien à faire…”
Le désastre est donc total pour Aquamay qui vient de voir s’envoler une production débutée il y a 8 mois en juillet dernier. “Les poissons ont été nourris pendant tout ce temps, ce qui a un coût. Ils pesaient entre 1 kilo et 1kilo et demi et il devait être commercialisés dans quelques mois lorsqu’ils auraient atteint 2 kilos et plus” explique Dominique Marot abattu qui attend un geste de l’État, un petit geste pour joindre les deux bout à une heure où il regarde sa production d’une année partir en fumée.
“C’est un métier difficile, nous sommes exposés à ce type d’accident, nous les redoutons et nous savons qu’ils se produisent toujours. Il faut alors tout recommencer, c’est terrible”…
Le Secrétaire Général aux Affaires Régionales, Philippe Laycuras, sera saisi du dossier tout comme ceux des agriculteurs dont les pertes sur terre sont aussi considérables. Si dès les premières heures à La Réunion l’état de catastrophe naturelle était évoqué avec Béjisa, à Mayotte, la fatalité et le silence semblent aujourd’hui prendre le pas. Pourtant, le député européen Younous Omarjee a obtenu de l’Europe que les RUP soit privilégiées quant aux catastrophes de ce type avec une indemnisation accélérée dès lors que les dégâts dépassent 1% du PIB. Mais qui a calculé pour l’heure et qui calculera ? L’Europe ne pourrait-elle pas débloquer une aide d’urgence pour Mayotte ? Encore faudrait-il qu’elle soit sollicitée ce qui selon nos informations n’est pas encore le cas. Le passage de Hellen est déjà derrière, sans morts et sans blessés graves, c’est heureux, mais les victimes sont ailleurs, visiblement bien seules et démunies…
Source : FRANCE MAYOTTE matin / Samuel Boscher