À cause de Belal : Les bananes vont rester chères et rares (au moins) jusqu’à la fin de l’année
10 mois après le passage du cyclone Belal, le retour à la normale est encore loin d’être effectif en matière de prix mais également de choix sur les étals de l’île. Certains fruits et légumes, produits localement, restent rares et chers. C’est le cas des bananes dont le prix moyen de 1,50 euro apparaît comme un lointain souvenir. Bonne nouvelle cependant : les prix devraient progressivement diminuer à partir de décembre (Photo www.imazpress.com)
La situation interroge les consommateurs. La même crainte revient inlassablement après chaque catastrophe naturelle : et si le cyclone devenait un prétexte pour maintenir des prix élevés de façon durable.
Pour en savoir plus, et comprendre les freins à un retour à la normale, nous avons contacté le responsable diversification végétale au sein de la Chambre d'agriculture de La Réunion.
Eric Lucas est "conscient que l'offre est encore insuffisante et que les prix sont élevés". Mais selon lui, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce lent retour à la normale.
D'abord, il faut compter entre 6 et 7 mois pour que les plants arrivent à croissance et produisent des bananes. Après le passage du cyclone, la plupart des exploitations bananières ont dû procéder à un nettoyage des parcelles suivi d'un taillage des plants.
Face aux dégâts, de nombreuses parcelles ont été intégralement ou partiellement renouvelées. Pour ne rien arranger, en deux ans, le prix des plants a augmenté de 80 centimes. Une hausse qui, dans un contexte d'important renouvellement, "représente une somme conséquente qui se répercute directement sur les consommateurs" affirme la Chambre.
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D'autant qu'en marge des dégâts irréversibles qu'il a engendrés, le cyclone a aussi favorisé la prolifération des charançons, l'un des principaux ravageurs des bananiers.
Il faut ajouter à cela une météo capricieuse dans certains secteurs de l'île. Car si la pluie a globalement été au rendez-vous, le Sud-Est est frappé par la sécheresse et les interdictions d'arroser. Une situation qui impacte fortement la production dans le secteur. L'hiver a globalement été doux mais venteux, ce qui a aussi des conséquences sur le rendement.
- 22 000 bananes pour le seul Grand Raid -
Autre facteur moins évident de prime abord mais avancé par Eric Lucas, la multiplication des événements sportifs sur l'île. Dernier exemple en date, le Grand Raid.
Afin d'alimenter correctement les athlètes tout au long de l'épreuve, pas moins de 22 000 bananes ont dû être livrées à différents stades de mûrissage. Une logistique mais également un défi pour les exploitants qui peinent toujours à sortir plus de 50 caisses par semaine, contre 100 avant le passage de Belal.
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Néanmoins, Eric Lucas se veut confiant pour les prochaines semaines. En effet, les prix en hiver sont toujours plus élevés en raison d'une offre plus faible en matière de variétés de fruits disponibles. Ananas, mangues et autres fruits de la passion étant absents, les consommateurs se tournent davantage vers les bananes. La loi de l'offre et de la demande.
Une offre sur le point de s'accroître avec l'arrivée de l'été. D'ici le mois de décembre, une première baisse des prix est ainsi attendue et devrait se poursuivre en début d'année 2025. Si Dame nature le veut bien.
pb/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com