Océan Indien par Imaz Press, mardi 7 mai 2024 à 04:44

A cause des fortes pluies : Danger : les rats prolifèrent dans toute l’île et les cas de leptospirose battent des records

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Depuis quelques semaines, les opérations de dératisation se multiplient dans les écoles…mais aussi chez professionnels et particuliers. Les cas de leptospirose n’ont jamais été aussi élevés. Une situation qui peut s’expliquer par une saison des pluies qui a été particulièrement propice à la prolifération des rats dans l’île, qui s’invitent désormais un peu partout (Photo d’illustration D.R.)

Saint-André, Saint-Leu : plusieurs écoles ont dû fermer leurs portes en raison d'infestation de rats. Une situation qui n'étonne pas les professionnels du secteur, qui disent avoir observer une multiplication des interventions depuis le passage du cyclone Belal en janvier dernier à La Réunion.

"On a une augmentation des demandes d'intervention depuis le début de l'année avec le passage cyclone, ça va d'ailleurs de pair avec les interventions pour les fourmis" explique Albert Touati, de la société Eden Vert.

"Avec les fortes pluies, les galeries sont inondées et les rats sortent, vont en surface et se réfugient là où ils le peuvent" ajoute-t-il.

Il faut ajouter à cela un environnement propice à leur multiplication. "De ce que l'on nous a dit, il s'agit d'un phénomène naturel : de nombreux fruits sont tombés, ce qui veut dire que les rats ont eu beaucoup de nourriture à disposition et donc ils se reproduisent beaucoup plus" indique le rectorat, contacté par Imaz Press.

Les rats se reproduisant extrêmement rapidement, la situation peut vite dégénérer.

"Il faut savoir que les femelles peuvent avoir des petits à partir de seulement trois mois. Les portées vont généralement de 8 à 14 petits, et une femelle peut avoir jusqu'à huit portées dans l'année. Si on fait une moyenne, une femelle peut donc avoir jusqu'à 80 petits dans l'année" détaille Albert Touati.

Plus de rats, cela signifie donc plus d'opportunités d'accouplement. Et donc…d'une multiplication toujours plus rapide de la population. Et la fin de la saison des pluies n'arrangera pas nécessairement le problème.

"Aujourd'hui, il faudrait une opération d'extermination massive pour contrôler la population" estime le dératiseur. Une opération qui, à notre connaissance, n'est pas encore d'actualité.

Et si le traitement des déchets est essentiel dans le contrôle des populations de rats, il n'est pas l'unique facteur de cette multiplication. "J'interviens régulièrement dans des endroits qui sont très bien entretenus" assure Albert Touati.

La ville de Saint-Leu a d'ailleurs assuré mener "régulièrement des opérations de dératisations au sein des établissements scolaires". Cela n'empêchant pas l'école du Plate d'être infestée.

"Face à la prolifération de rats dans les écoles, les inspecteurs font très attention et sont en relation proche avec les services des mairies. Mais, il ne faut pas forcément accuser les collectivités" estime le rectorat, en lien avec les conditions propices à la multiplication de ces derniers mois.

- La leptospirose bat des records -

Cette prolifération n'est pas sans conséquence : l'épidémie de leptospirose se poursuit toujours, et le nombre de nouveaux cas déclarés en moins de 4 mois est supérieur au maximum annuel jamais atteint

En raison de l’épidémie particulièrement intense cette année, il est donc préconisé à la population une vigilance accrue, en appliquant des mesures de protection individuelle, en consultant un médecin dès l’apparition de symptômes, et en indiquant la ou les activités à risque de contamination pratiquées.

"Les données montrent qu’afin de limiter l’apparition de nouveaux cas, la prévention doit être ciblée aux populations les plus à risque de se contaminer" indique Santé Publique France.

C’est-à-dire : les hommes, les classes d'âge 40-79 ans, les personnes pratiquant des activités à risques travaux agricoles, d’élevage, d’entretien des espaces verts, nettoyage de cour, de chasse aux tangs, activités en eau douce, celles ne protégeant pas leurs plaies, celles utilisant des équipements de protection individuel inadaptés et non systématisés, celles marchant en chaussures ouvertes dans les milieux humides...

Les conditions climatiques sont par ailleurs "toujours favorables à la survie de la bactérie dans les sols et milieux humides, ce qui augmente le risque de contamination lors d’activités à risque".

Pour les particuliers, Albert Touati conseille "de ne pas laisser des déchets ou de la nourriture dehors".

En cas d'infestation, après visite d'un dératiseur, il faut aussi "s'assurer que les points d'accès dans l'habitat sont rebouchés, pour éviter un retour des rats".

Pour rappel, la leptospirose est une maladie grave : si elle n’est pas traitée à temps, elle peut mener à une hospitalisation voire un décès. La bactérie entre dans l’organisme par la peau en cas de coupures ou de plaies (même petites) ou par les muqueuses (œil, bouche, nez).

Après quelques jours d’incubation (de 4 à 19 jours en moyenne), la leptospirose se manifeste par les symptômes suivants (qui peuvent être facilement confondus avec d’autres infections telles que la dengue, la Covid-19, etc) : fièvre élevée d’apparition brutale, grande fatigue, douleurs musculaires, articulaires, abdominales,nausées, vomissements, forts maux de tête.

La maladie peut s’aggraver 4 à 5 jours après les premiers signes et s’étendre au foie, aux reins, aux poumons, aux méninges, et peut être mortelle. Administrée précocement, l’antibiothérapie diminue le risque de complications et atténue les symptômes.

Contactée, la préfecture a indiqué que "comme il ne s'agit pas d'animaux d'élevage, c'est une problématique qui relève de l'ARS qui n'est pas sous l'autorité directe du préfet". L'ARS n'a, elle, pas répondu à nos sollicitations.

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