Association LGBT+ des ministères de l’Intérieur et de la Justice : Vanessa Ricoul, présidente de Flag !, en visite à La Réunion pour inaugurer le dispositif "En lieu sûr"
Vanessa Ricoul, présidente de Flag !, l’association LGBTQIA+ des agents des ministères de l’Intérieur et de la Justice, est en visite à La Réunion. L’occasion de lancer le dispositif "En lieu sûr" dans les médiathèques du Tampon, mais aussi d’aborder les difficultés rencontrées par les personnes LGBTQIA+ (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexes et asexuelles) de l’île lors du Comité opérationnel de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT organisé ce vendredi 3 novembre 2023 (Photo rb/www.imazpress.com)
"Notre association existe depuis 22 ans et milite contre les toutes les discriminations, et plus particulièrement les LGBTphobies au sein des ministères de l'Intérieur et de la Justice. Elle apporte un soutien en interne mais aussi aux victimes du quotidien" explique Vanessa Ricoul. "Nous formons les policiers et gendarmes à la prise en charge des victimes pour qu'ils soient sensibilisés à ces thématiques, et accompagnons et soutenons nos collègues quand eux-mêmes sont victimes de discriminations" détaille-t-elle.
La toute nouvelle présidente de Flag! - élue en août dernier après une première élection polémique de Michel Leguéret, considéré comme proche de l'extrême-droite et qui a démissioné face à la gronde - est sapeur-pompier de profession. Elle a pu rencontrer le directeur de la police nationale de La Réunion ce jeudi matin, afin d'aborder toutes ces questions de discrimination. Ecoutez :
Vanessa Ricoul a ensuite inauguré le dispositif "En lieu sûr" au Tampon. "Ce dispositif est particulièrement important : il s'agit de créer un espace sécurisé pour les personnes confrontées à une situation d'urgence. Ce sont les huit médiathèques du Tampon qui vont accueillir ce dispositif, que nous souhaitons étendre à toutes les communes de l'île" explique-t-elle.
"En affichant un autocollant sur leur vitrine ou sur leur porte d’entrée, "En lieu sûr" propose un symbole simple indiquant aux victimes d’agressions verbales ou physiques par exemple à caractère homophobe ou transphobe ou dans le cadre des violences intra-familiales que ce site s'est associé à FLAG! pour assurer auprès de la victime un accueil chaleureux, dans le respect de sa personne et de son genre et composera le 17 ou le 112 en son nom et en lui permettant de rester dans ses locaux en lieu sûr jusqu’à l'arrivée de la police" détaille l'association.
Ce réseau veut "permettre également de visibiliser les secteurs où les personnes LGBT+, les personnes issues de la diversité ou les victimes de violences intra-familiales peuvent se sentir en sécurité et complètement acceptés".
- L'homophobie et la transphobie, des réalités bien présentes –
À La Réunion comme ailleurs en France, les discriminations liées à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre sont toujours bien présentes. L'actualité l'a dûrement rappelé avec l'assassinat de Alain L. à Salazie, en raison de son orientation sexuelle. Mais face aux agressions LGBTphobes, les victimes choisissent le plus souvent le silence, et ne portent donc pas plainte.
"Quand on est victime de LGTBphobie on intègre une sorte de honte qui fait que nous ne poussons pas la porte d'un commissariat ou d'une gendarmerie" estime Vanessa Ricoul. "L'association a donc crée une application Flag, qui permet de faire un signalement et indiquer qu'on a été agressé. Ces personnes peuvent être recontactées par un expert qui viendra donner les meilleurs conseils et les orienter vers les forces de l'ordre si la victime le souhaite. On inverse un peu le processus et ce sont les forces de l'ordre qui vont au contact des victimes" détaille-t-elle.
Mais parfois, ces silences sont aussi motivés par un manque de confiance envers les forces de l'ordre, et la peur d'une prise en charge inadéquate. "Notre association est justement là pour former nos collègues dans des conditions optimales. On veut qu'ils soient bienveillants, accueillants et puissent être sensibilisés" souligne la présidente de Flag.
"Le plus souvent, la problématique est le manque de connaissance : quand on ne connait pas un sujet, on est maladroit, on ne sait pas comment s'y prendre, et parfois on est discriminant. Ce n'est pas forcément volontaire mais ça n'en reste pas moins intolérable. On essaie donc de rassurer, l'uniforme ne constitue pas une forme d'hostilité, et nous sommes là pour accompagner toute personne qui demandera notre aide" assure-t-elle.
C'est dans ce contexte que la branche réunionnaise de Flag s'implique au sein des institutions. "Elle est là pour faire connaître nos actions, et leur expliquer qu'il y a urgence à mettre en place les directives du ministère, à savoir former tout le monde sur la lutte contre les discriminations".
"Malheureusement, si des associations comme la nôtre existent toujours c'est qu'il y a une raison. Il faut rester solidaire et soudés, et ne pas tolérer l'intolérable en restant toujours en vieille. Plus on sera ouverts sur ces questions moins il y aura de tabous, et nous évoluerons vers des conditions de vie satisfaisantes pour tout le monde" conclut Vanessa Ricoul.
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