Concerts
Baster en mode symphonie avec l’orchestre de Région

Baster et Thierry Gauliris en version symphonique avec l’Orchestre de la Région Réunion, c’est ce week-end du Nord au Sud en passant par l’Est. Embarquement dès ce vendredi soir pour un voyage harmonique au fil du souvenir où le présent illumine le passé et où les souvenirs d’antan construisent nos lendemains qui chantent. (Photo V.W.)
C’est le rendez-vous qu’attendent les mélomanes curieux : chaque année, l’Orchestre de la Région Réunion invite un artiste réunionnais des musiques actuelles à réinventer son répertoire au format symphonique. Après Tine Poppy en 2022, cette année, pour les 40 ans de Baster, Thierry Gauliris a carte blanche pour revisiter le répertoire culte du groupe avec la complicité des musiciens de l’Orchestre de la Région Réunion, et nous embarquer pour un voyage harmonique au fil du souvenir ! Imaginez « Marmay Lontan » courir au son des bois, « Gawé » surfer sur les violons, « Ti Manzel » en lamento, « La Montagne » arpentée par les cuivres et les timbales… Sur scène, ils seront 34 musiciens : violons, violoncelles, altos, contrebasses, flûte traversière, clarinette, hautbois, saxophone, basson, cor, trompette, trombone, tuba, percussions classiques et réunionnaises (roulèr, kayamb), guitare, et deux choristes… Tous menés à la baguette de main de maître par Thierry Boyer et sur des arrangements de Matthéo Técher.
Une proposition surprenante mais qui correspond au projet artistique de l’Orchestre de la Région Réunion. Lequel se caractérise par son ouverture aux différentes esthétiques musicales et par un goût prononcé pour une approche « débridée » du grand répertoire. Les projets alliant tradition et création – comme les cartes blanches à Maya Kamaty, Labelle, Christine Salem, Davy Sicard et Tine Poppy – ont remporté un vif succès auprès du public en 2017, 2018, 2019, 2021 et 2022. Le rendez-vous de ce week-end avec Baster devrait suivre la même tendance.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’entre ces deux Thierry-là (Gauliris et Boyer), le courant – musical – passe allègrement ! « On est ravis de réaliser ce projet ensemble car il permet de valoriser, de sublimer un artiste, son répertoire, ses arrangements, ses chansons. On a souvent l’impression qu’un orchestre symphonique reste dans son contexte, son répertoire et avec les cartes blanches, on souhaite « casser » cette image. Au-delà, c’est aussi une rencontre humaine. C’est la troisième carte blanche que je dirige et c’est à chaque fois un réel plaisir, une découverte d’un artiste, qui plus est dans trois belles salles, emblématiques de La Réunion que sont Champ Fleuri, Luc Donat et Gramoun Lélé », avoue Thierry Boyer.
Pour ce spectacle résumant 40 ans de carrière, Thierry Gauliris a dû sélectionner 12 chansons populaires. Les répétitions sont allées bon train cette semaine pour mettre tout le monde en phase à l’image « d’une feuille froissée que l’on déplie et que l’on repasse pour arriver à quelque chose de propre et de net au fil de nos répétitions », concède Thierry Boyer qui s’est imposé ce format idéal pour proposer un concert d’1h15, tour de chant, transitions, prises de parole et final compris.
De son côté, Thierry Gauliris avoue sans détour avoir dû s’adapter. « En général, je suis toujours avec ma guitare rythmique. Là, je dois chanter Baster mais différemment. Passer d’un groupe de 5 à une masse de sons avec diverses sonorités c’est un peu perturbant au début car la souplesse n’est pas la même d’où l’intérêt des répétitions pour trouver cette souplesse et proposer quelque chose de fluide. D’autant que j’ai choisi de ne pas avoir mes musiciens avec moi. Je suis plus que satisfait et à moi désormais de jouer mon rôle de chanteur même si n’est pas évident. Mais ça me plaît de proposer une autre facette de Baster, avec la même mélodie mais sur des arrangements différents que Matthéo a su prendre en compte dans l’écriture et la rythmique très calibrées pour être au plus proche du style du groupe ».
Une belle alliance donc pour une soirée d’anthologie au cours de laquelle le public devra se laisser porter et ne pas mettre en parallèle ces sons symphoniques avec ce qu’il a l’habitude d’entendre. Juste une invitation à lâcher prise, à plonger dans une autre atmosphère et une autre dimension.
– Trois questions à Thierry Boyer, directeur artistique –
Était-ce une volonté de votre part de regrouper ces trois concerts sur un week-end ?
En effet. Lorsqu’on monopolise une trentaine de musiciens, il faut de la cohérence dans les répétitions. Là, on reste dans la continuité d’un travail entamé depuis une semaine. Or, si on espace, on perd en dynamique. Je tiens également à saluer tout le travail de l’équipe technique et logistique très précieuse sans qui on ne pourrait pas réaliser ce projet, car trois lieux, ça veut dire se déplacer trois fois. Ils sont exceptionnels et animés par la passion de se mettre au service des musiciens et du public. C’est donc une grande chance de pouvoir compter sur eux et sur Matthéo Técher actuellement à Los Angeles mais qui nous suit régulièrement en visio malgré les 12 heures de décalage horaire.
L’orchestre de la Région Réunion a cette grande faculté d’adaptation…
Oui, il s’agit pour nous de démontrer toute sa polyvalence. Pour les musiciens, il est intéressant d’être dans des postures et des propositions différentes pour construire et travailler cet aspect d’adaptabilité. C’est également un plus pour un orchestre ultramarin.
Quid de la prochaine carte blanche ?
C’est tout un travail en amont, qui demande près d’un an de préparation. C’est ma 3e carte blanche en tant que directeur artistique et j’aime cette idée de proposer des univers générationnels différents lors de spectacles magiques et millimétrés. Ça s’apparente à de l’horlogerie et je suis là pour paramétrer les choses. En ce qui concerne la prochaine carte blanche, on est déjà au travail mais je n’en dirais pas davantage !
40 ans, 40 concerts dans les quartiers, un double album vinyle, une expo…
Pour fêter dignement ses 40 printemps, Baster entamera une série de 40 concerts aux quatre coins de l’île. Dans les quartiers des hauts, des bas, à Basse-Terre aussi bien sûr, là où tout a commencé, le groupe laissera résonner ses plus beaux succès. Avec un grand final au TPA fin octobre, « dans l’idéal le 28 à l’occasion de la journée internationale créole et ça colle pile-poile avec notre démarche artistique : revendication de la langue, de la culture, de l’histoire », espère Thierry Gauliris. En parallèle, une expo photo déambulatoire accompagnera cette tournée des quartiers : 40 ans de carrière en 40 photos noir et blanc. Mais aussi un double album vinyle en projet.
Baster et l’orchestre de la Région Réunion, vendredi 10 mars au TPA, 20h ; samedi 11 mars, au théâtre Luc Donat, 20h ; et dimanche 12 mars, à la salle Gramoun Lélé, 16h.
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