Conseil régional : Violences contre les femmes : un colloque pour s’attaquer aux racines du mal
À La Réunion, les violences faites aux femmes sont en hausse. L’île est désormais le 2e département de France le plus touché derrière le Pas-de-Calais. Ce lundi 25 novembre 2024, le sujet était au cœur d’un colloque dans l’hémicycle de l’hôtel de la Région. Une journée d’échanges et de débats pour en finir avec ce fléau aux racines profondes (Photo : sly/www.imazpress.com)
Depuis 1999, les Nations Unies ont instauré le 25 novembre comme la Journée internationale de l'élimination des violences à l'encontre des femmes. 25 ans plus tard, les chiffres restent toujours aussi alarmants. 122 féminicides ont été enregistrés en France depuis le début de l’année 2024.
Selon l'ONU, en 2023, 85.000 femmes ont été tuées de manière intentionnelle dans le monde. Cela signifie qu'une femme a été tuée toutes les 10 minutes. Selon des chiffres mondiaux, une femme sur trois a été victime de violence physique et/ou sexuelle de la part de son partenaire intime, de violence sexuelle d’un autre partenaire, ou des deux, au moins une fois dans sa vie.
Ces chiffres ont été rappelés aux participants du colloque organisé par la Région.
- La Réunion, 2ème département le plus violent à l'encontre des femmes -
À La Réunion, en 2023, le ministère de l'intérieur a enregistré 14,6 victimes pour 1.000 habitantes. Jusqu'alors 4ème, le Département passe en deuxième en matière de violences conjugales. Seul le Pas-de-Calais fait pire.
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L'année passée, 12 femmes par jour ont dénoncé des faits de violences conjugales sur l'île. Un fléau que la Région Réunion souhaite combattre à sa source. Pour Patrica Profil, conseillère régionale déléguée au sport et à la coopération régionale sportive et culturelle, "il faut mettre des mots sur les maux". Écoutez :
Le colloque a été marqué par de multiples interventions : psychologue, psychiatre, chef de police, historien, géographe, représentants d'associations, artistes…. Tous ont apporté leur vision de ce fléau et les moyens d'éliminer les violences à l'encontre des femmes.
La parole a également été donnée aux victimes, provoquant de vives émotions dans l'hémicycle. La sénatrice Evelyne Corbière a de son côté pris la parole, elle qui se dit consciente que des actions politiques sont nécessaires pour faire bouger les lignes.
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Elle regrette que les "moyens mis en oeuvre par l'État ne sont pas à la hauteur des problèmes et des besoins", pour faire en sorte d'en finir avec la violence systémique. La sénatrice souhaite agir pour que les femmes se sentent véritablement "en confiance. On peut sortir de la violence, mais il faut mobiliser des forces colossales", explique-t-elle. Regardez :
- 18 enquêteurs de gendarmerie recrutés d'ici 2027 -
D'ici 2027, à raison de 6 par an, 18 nouveaux enquêteurs de gendarmerie spécialisés "dans l'accueil, l'instruction judiciaire des dossiers et l'orientation vers les dispositifs spécialisés seront affectés", a annoncé le préfet Patrice Latron.
Une avancée même si ces personnels interviennent une fois que le mal est fait. D'où l'importance du travail en amont, notamment auprès des publics jeunes. Le député Frederic Maillot a également pris la parole lors du colloque.
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Ce dernier milite pour que La Réunion intègre le Comité départemental de la protection de l'enfance (CDPE), afin de mieux lutter contre les violences intra familiales, qui prennent souvent leurs sources dès l'enfance. Écoutez :
Parmi les nombreux acteurs présents, les responsables associatifs ont pris une place importante, eux qui sont au contact direct des victimes. Ces militants de terrain se battent, parfois avec peu ou pas de moyens, pour mener des actions à leur échelle.
- Les associations au coeur de la lutte contre les violences conjugales -
L'association Les Z'Elles, qui agit notamment pour sublimer la femme réunionnaise, va ainsi organiser le salon Reyona au mois de mars prochain. L'occasion d'évoquer l'émancipation des femmes sur l'île, un sujet important pour la présidente de l'association, Raïssa Boyer. Regardez :
Cette Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'encontre des femmes marque le lancement de la campagne Tous UNiS. Une initiative de 16 Jours d'activisme qui s'achèvera le jour de la commémoration de la Journée des droits de l'homme, le 10 décembre 2024.
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