Corruption présumée : Tribunal de Saint-Denis : trois jours de procès pour Olivier Hoarau dans l’affaire du Cap Sacré-Cœur
Le procès d’Olivier Hoarau, jugé pour des faits supposés de corruption, de trafic d’influence et de blanchiment, débute ce mercredi 13 novembre 2024 au tribunal de Saint-Denis. Le procès du maire du Port durera trois jours. Les faits reprochés de corruption concernent l’extension du Cap Sacré Coeur. Le cadre du groupe Casino, Eric Heinz, l’ex premier adjoint portois Fayzal Ahmed Vali, sa compagne Leila Moussa, et le directeur de cabinet du maire portois Bernard Payet seront eux aussi jugés (Photo rb/www.imazpress.com)
18:00
C'est la fin de ce direct, merci de nous avoir suivis.
Nous nous retrouvons demain pour la suite du procès. Bonne soirée !
17:36
L'avocat de Ahmed Vally prend la parole
Maître Mardenalom demande à son tour à Olivier Hoarau si en tant que maire il a facilité l’attribution du terrain ayant servi à l’extension du Cap Sacré Coeur.
L’élu répond “non, ce terrain a été cédé par l’ancien maire Monsieur Langenier. Je ne suis pas du tout intervenu dans ce dossier". L’avocat demande si en tant que maire, il intervient dans l’instruction et la délivrance d’un permis de construire. “Non, cela relève des services“, note le maire.
“ Combien de fois avez-vous été entendu en garde à vue ?“, demande alors l’avocat. “Est-ce que au moins une fois au cours de ces interrogatoires on vous a posé les questions que je suis en train de vous poser ?", interroge le juriste. “Jamais, si on l’avait fait j’aurai répondu ce que je vous dit là“ commente l’élu.
De fait le terrain a été acquis par le groupe Casino en décembre 2023, c'est-à-dire avant l’élection d’Olivier Hoarau. Le président a aussi noté que Jean-Yves Langenier a confirmé avoir mené au bout le dossier d’attribution de la parcelle avant de quitter ses fonctions.
Les avocats cherchent à démontrer qu’Olivier Hoarau n’avait aucun pouvoir d’intervention possible dans le dossier d’extension du Cap Sacré Cœur et que le groupe Casino n’avait donc aucun intérêt à lui verser de l’argent.
Maître Navarro, avocat d’Olivier Hoarau, rappelle : "les enquêteurs ont posé 1.000 fois la question à Jean-Yves Langenier, ancien maire du Port, ils ont insisté pour savoir si Olivier Hoarau avait les moyens de s’opposer à l’extension du Cap Sacré Cœur. Monsieur Langenier a répondu : il ne pouvait pas s'y opposer légalement ou juridiquement sauf à utiliser des moyens illégaux“.
Encore une fois il s’agit pour la defense de démontrer que Casino n’avait aucun intérêt à corrompre Olivier Hoarau.
L'audience est suspendue jusqu'à demain
17:02
Les questions reprennent, Olivier Hoarau est toujours à la barre
L’avocat de Mercialys note que les trois associations “siphonnées“ de leurs subventions, Sirandane, le Port musculation et l’AS Zup, étaient dirigées par des agents communaux. Il demande à Olivier Hoarau ce qu’il en pense et si, à son sens, ces agents ne méritent pas d’être sanctionnés.
“Il faudra poser la question à notre direction des ressources humaines qui dira le droit. S’il s’avère que les actions qu’ils ont eu hors de leur temps de travail est sanctionnable, alors oui il y aura sanction. Pour le moment je constate que ces personnes n’ont pas été poursuivies", commente Olivier Hoarau.
La procureure revient désormais sur le train de vie d’Olivier Hoarau et de son épouse. Elle parle de prestations de luxe, et de voyages aux États Unis et en Australie.
Le maire du Port réfute toutes “prestations de luxe“. Il indique qu’il a bien effectué des voyages, mais que c’était a"vec l’aide financière de son épouse".
La procureure note qu’Olivier Hoarau percevait 3.500 euros par mois en tant qu’agent du Département, et 5.000 euros ensuite en tant que maire du Port et vice-président du TCO. “Donc vous aviez 1.500 euros supplémentaires par mois“, note la magistrate.
16:16
Le magistrat en vient aux remises d’argent par Ahmed Vally.
“Vous avez reçu de l’argent liquide de sa part ?", demande-t-il à Olivier Hoarau. “Jamais. Monsieur Vally est un ami proche, lorsque je me suis retrouvé en difficulté financière, en rupture de trésorerie personnelle je me suis tourné vers lui et il a accepté de m’aider", note Olivier Hoarau. “Je me consacre entièrement à la gestion de la ville et au mieux être de la population et je me suis laissé rattraper par des difficultés financières personnelles", dit encore l’élu.
“Combien de temps ont duré les sollicitations financières auprès de Monsieur Vally ?", demande le magistrat. "Quatre ans, je n’avais pas réussi à me remettre à flots", répond Olivier Hoarau
Selon les poursuites, Ahmed Vally aurait remis 54.000 euros à Olivier Hoarau. 30.000 euros lui auraient été remis par d’autres personnes.
Le président mentionne un autre témoignage. “Un chef d’entreprise a été entendu par les enquêteurs. Il a relaté qu’à la demande de l’un de ses amis, chef d’entreprise lui aussi, il a fait un chèque de 8.000 euros. Il a déclaré que son ami lui a précisé que cette somme était destinée à Olivier Hoarau. Le chef d’entreprise dit que son ami l’a ensuite remboursé, mais il ne sait pas si lui-même a été remboursé“ relate le magistrat.
“C’est vrai que j’ai reçu cette somme que j’avais sollicité en raison de les difficultés financières", note Olivier Hoarau. “Un autre chef d’entreprise dit lui aussi vous avoir remis 5.000 euros en chèque après avoir été sollicité par vous. Vous ne l’avez toujours pas remboursé ?" demande le président. "Non effectivement", répond l’élu. “Une autre personne vous a aussi fait un chèque de 5.000 euros. Vous ne l’avez pas remboursé non plus ?", enchaîne le magistrat.
“Non je ne l’ai pas encore fait. Mais il y a une relation de confiance entre nous", affirme l'élu. "Pourquoi pensez-vous que toutes ces personnes vous prêtent de l’argent ?", interroge le magistrat. “Parce que j’ai établi une relation de confiance avec ces personnes et qu’elles ont envie de m’aider“, dit le maire Portois.
L'audience est suspendue
15:47
C'est désormais au tour d'Olivier Hoarau d'être auditionné
Le président demande au maire du Port ce qu’il pense de ce qu’il a entendu depuis ce matin. Olivier Hoarau répond qu’il est "prêt à répondre à des questions précises". Le président enchaîne : "Lorsque les enquêteurs ont interrogé Monsieur Jean-Pierre Balthazar, responsable de la vie associative à la mairie du Port, il a déclaré qu’il ne connaît aucune des associations mises en cause dans le dossier“
“Ce n’est pas étonnant, Monsieur Balthazar n’est à la vie associative que depuis 2015", répond l'édile.
Le maire du Port est questionné sur l’attribution des subventions communales. Olivier Hoarau explique qu’à son arrivée à la tête de la municipalité en 2014, il a décidé de "remettre de l’ordre dans l’attribution et la gestion des subventions".
"Précédemment c’était l’office municipal des sports, qui a attribué les subventions. J’ai estimé qu'une association de loi 1901 ne pouvait pas disposer à sa guise de fonds publics. J’ai donc décidé de réattribuer à la mairie la gestion de ces subventions. Cela d’autant que nous avions remarqué que certaines associations bénéficiaient de sommes importantes et d’autres non", expose Olivier Hoarau.
Le président en vient à parler du code fruits dans les SMS. “C’est étonnant, c’est un comportement de voyous de parler de cette façon. Qu’avez-vous à dire ?", lance-t-il.
"Je ne fréquente pas de voyou, ni de trafiquant. Dès le début de ma garde à vue, lorsque les enquêteurs ont demandé à quoi correspondaient ces fruits, j’ai tout de suite dit que c’était des euros, de l’argent. C’était une expression que nous avions l’habitude d’utiliser entre nous, monsieur Valy et moi. Je n’ai jamais rien caché. Nous avons l’habitude de parler de mangues et de letchis, comme d’autres parlent de blé ou de flousse“ dit encore Olivier Hoarau.
“Pour vous il n’y a donc pas de sujet à ce propos?", demande le magistrat. “Non, il n’y a pas de sujet", rétorque le maire
14:48
Jean-François Latouze répond aux questions de la partie civile
L’avocat de Mercialys qui s’est porté partie civile s’étonne. "Dans le contrat de sponsoring de votre association, vous devez respecter un certain nombre d’engagements, notamment en termes d’affichage de logos et d’animation. Vous n’avez jamais respecté ces obligations. Vous ne vous demandez pas pourquoi de telles sommes tombent du ciel sur le compte de l’association ?"
"Non je ne savais pas que j’avais une contrepartie à effectuer", dit le témoin.
"Dans un premier temps vous avez expliqué le mécanisme qui vous a conduit à siphonner les subventions (en mettant en cause Ahmed Vally - ndlr) et puis vous avez changé d’avis et désormais vous vous auto-incriminez en disant que c'est vous qui avez détourné les fonds. Vous avez conscience que vous vous incriminez vous-même ?", insiste l’avocat.
"Comme la salle était fermée et qu’il y avait de l’argent sur le compte, je m’en suis servi", répond Jean-François Latouze.
La procureure Véronique Denizot insiste sur les contradictions dans les auditions de Jean-François Latouze concernant l’utilisation des subventions. “C’est la quatrième fois que vous êtes entendu, aujourd’hui vous témoignez sous serment. Alors oui ou non avez-vous de l’argent à Monsieur Ahmed Vally ?"
“Non“ répond le témoin. “Donc Monsieur Latouze c’est 125.000 euros de subvention que vous avez détournez en Batay kok, voyage en Chine, en Inde, c’est ça que vous dites ?“ demande la procureure. “Je ne me souviens plus des sommes“ répète le témoin, qui est clairement interrogé comme une personne mise en cause et mise en examen, bien qu’il n’a jamais été poursuivi.
L’avocat d’Eric Heinz s’interroge : “Monsieur Latouze vous reconnaissez avoir utilisé l’argent des subventions pour vos besoin personnels, pour des Batay kok, pour d’autres associations pourtant vous n’êtes pas sur le banc des prévenus alors que mon client qui nie un quelconque détournement. Vous comprenez pourquoi, vous ?“. “Je ne sais pas“, répond le témoin.
14:33
Jean-François Latouze confus
Le président lit maintenant une déclaration de Jean-François Latouze. "J’ai confiance en Monsieur Vally, un jour il m’a demandé si je pouvais faire un travail pour lui. J’ai dit oui sans hésiter. Il m’a demandé s’il pouvait se servir de mon association pour lui. Il m’a expliqué qu’il allait y avoir de l’argent sur le compte de l’association et qu’il se servirait quand il en aurait besoin. Il m’a aussi dit que je pourrais me servir moi aussi".
Le magistrat ajoute "vous avez ajouté : j’ai ensuite rencontré Monsieur Vally et Monsieur Heinz. Ils avaient une convention toute prête et ils m’ont fait signer".
"Je ne me souviens plus d’avoir dit ça", murmure le témoin.
"Votre épouse a assisté à cette signature. Elle a été entendue par les enquêteurs et elle leur a dit : j’ai dit à mon mari si les choses tournent mal il ne faudra pas me mêler à ça. Qu’en pensez-vous ?".
"Je ne sais pas, je n’étais pas là", tente le témoin.
"Vous êtes conscient que dans ce dossier rien n’indique que vous avez subi des pressions", relève le magistrat.
"J’étais dans une confusion de l’esprit", affirme Jean-Francois Latouze.
"Lorsque les enquêteurs ont demandé à votre compagne comment cet argent a été utilisé, elle dit que vous en aviez utilisé une partie à des fins personnelles et qu’elle ne savait pas ce qu’il était advenu du reste", détaille le président.
"Elle a aussi dit qu’elle vous avait demandé ce que vous aviez fait de l’argent et que vous lui avez fait comprendre que moins elle en savait et mieux c’était", poursuit le magistrat
"Elle a dit ça. Je suis sans voix, je ne me souviens pas d’avoir dit ça", affirme le témoin.
14:08
L’audition de Jean-François Latouze commence
"J’ai demandé à Monsieur Vally de m’aider pour mon association le Port musculation. Il me disait toujours ok mais sans concrétisation. Cela jusqu’au jour où je suis passé devant son magasin au Port, Monsieur Heinz était avec lui. Il m’a présenté et ensuite l’entreprise de Monsieur Heinz m’a subventionné pour mon association le port musculation", détaille ce dernier.
"Il a été en accord et après avoir fait toutes les vérifications, j’ai obtenu la subvention. C’est Monsieur Vally qui m’a averti et qui m’a dit de venir signer la convention", relate le témoin.
"Qu’avez-vous fait avec l’argent ?", demande le président. "J’ai demandé à Monsieur Vally d’acheter du matériel en Chine pour moi", répond-il.
Le témoin poursuit "j’avais un crédit chez lui, j’ai 13 petits-enfants, il acceptait de me faire crédit dans son magasin de chaussures. Parfois aussi je lui demandais de l’argent pour aller jouer au PMU".
Le président rappelle que pour l’une de ses deux associations, il a reçu 67.500 euros de subvention et 57.000 euros pour la seconde association. "Ça fait beaucoup de chaussures pour les petits-enfants" commente le magistrat.
Stéphane Duchemin demande ensuite au témoin "qu’avez-vous fait de l’argent ?"
"Je suis allé en Inde, j’avais de l’argent, j’ai fait des dons à des associations", répond-il.
Le magistrat relève "mais enfin Monsieur cet argent n’était pas le vôtre, c’était celui des associations, vous ne pouviez pas le dépenser en faisant des dons !" "Je suis d’accord avec vous" consent le témoin.
Le président indique ensuite à Jean-François Latouze, "vous n’avez pas toujours donné cette version de l’utilisation de l’argent. Dans un premier temps vous avez mis en cause Monsieur Vally" en disant lui avoir versé les subventions.
"Monsieur le président, quand les policiers sont venus chez moi à 6 heures du matin pour perquisitionner, un enquêteur m’a dit : si je pose une question bleue et que vous le répondez vert je vous mets en garde à vue", riposte-t-il. "J’ai eu peur Monsieur et sous la pression j’ai mis en cause Monsieur Vally. Ma conscience me l’a ensuite reproché et j’ai demandé à faire une autre déposition pour dire la vérité, Monsieur Vally ne m’avait pas demandé d’argent" répond le témoin.
10:59
L'audience reprend
On repart sur les fruits. Dans les SMS, il est question de mangues, letchis, oranges...Le président cite un SMS échangé entre Olivier Hoarau et Fayzal Vally : "Il est écrit, peut-on signer les trois conventions (sans précisions sur la nature de ces conventions - ndlr) comme ça les letchis seront livrés bientôt. Dans un autre sms vous avez écrit à Monsieur Hoarau : Heinz s’est enfin réveillé, il a livré les 60 kg de letchis. Qu’en pensez-vous ?“
Les mangues, letchis, poissons et autres oranges se échangés par dizaines de kilos
Le président : “Monsieur Mall a indiqué aux enquêteurs avoir fait deux chèques de 1.500 euros chacun sans mettre d’ordre. Il a ajouté que vous êtes venu le voir quelques jours plus tard avec des papiers où il était écrit qu’il avait prêté ces sommes au maire. Il a réfusé. Vous, Monsieur Vally vous avez présenté aux enquêteurs ces reconnaissances de dettes signées. Lorsque Monsieur Mall les a vu, il a affirmé aux enquêteurs que ce n’était pas sa signature sur les documents“.
"C’est facile de dire ça", rétorque Fayzal Vally. "Quel aurait été l’intérêt de ce monsieur de mentir ?", enchaîne le président. "Je ne sais pas", affirme Fayzal Vally.
"Monsieur il va falloir nous donner des explications quand même", presse le président. "J’estime le maire comme mon frère, je l’ai aidé", répond l'accusé.
"Mais d’où vous venez cet argent ?", presse le magistrat. "De mes fonds propres", affirme Fayzal Vally.
"Vous avez une comptabilité ?", interroge le magistrat. Fayzal Vally répond être "un peu léger en comptabilité".
C'est la fin de l’audition de Fayzal Vally. On passe désormais aux questions.
“C’est bien Monsieur Heinz qui a commencé à parler de letchis pour désigner les sommes d’argent“ répond Fayzal Vally à l’avocat d’Eric Heinz. Ce code pour désigner de l’argent a ensuite été repris par lui-même, le maire et Bernard Payet.
10:12
Le président revient sur les 10.000 euros versés à l’association par Mercialys
"Le trésorier de l’association a déclaré qu’il s’occupait d’encaisser les financements et que, vous, Monsieur Vally, vous vous occupiez de la logistique. Il aussi dit que vous lui avez demandé de faire un chèque au nom de votre épouse du montant de cette somme, ce qu’il a fait. Vous en pensez quoi ?“ demande-t-il. “Je ne sais pas, je suis perdu, je ne m’occupe pas de logistique“ avance Fayzal Vally
“Le trésorier de cette association est ensuite revenu sur ses déclarations. Il a dit qu’il a remis le chèque à une autre personne mystérieuse mais pas à vous. Lorsque le juge d’instruction lui a demandé pourquoi il vous avez mis en cause dans un premier temps il a répondu : j’ai dit ça dans l’euphorie“ lance le magistrat.
“Vous comprendrez que l’on a la nette impression de petits arrangements avec la vérité de la part du trésorier et de Monsieur Latouze (qui est aussi revenu aussi sur ses déclarations - ndlr)“ s’exclame le magistrat.
“En fait, nous nous sommes trompés dans les poursuites. Vous auriez dû être poursuivis pour exercice illégale de la profession de banquier ! Vous prêtez de l’argent au maire du Port, Monsieur Latouze vous fait une vingtaine de virement à hauteur de 46.000 euros pour acheter du matériel de musculation en Chine, a-t-il expliqué aux enquêteurs dans un second temps pour vous mettre hors de cause. Vous exercez vraiment illégalement le métier de banquier !“ s’agace le président.
“Des témoins s’arrangent avec la vérité, la Jeanne d’Arc a des problèmes d’argent mais fait des chèques au nom de votre épouse, vous remplacez des chèques par de l’espèce. A un moment donné on en arrive à se demander si dans cette affaire on ne sous-estime pas les capacités intellectuelles du tribunal“ remarque, en substance, le président.
On en vient aux SMS sur les fruits. "Des méthodes de trafiquants" qualifie le magistrat. Fayzal Vally reconnaît "c’est que lorsque Monsieur le maire demandé de l’argent, il parlait de mangues et de letchis. C’est lui qui faisait ça, pas moi."
L'audience est suspendue
09:38
L’audition de Fayzal Vally continue
Le président cherche à savoir si les subventions versées par Mercialys ont bien servi aux associations ou si les sommes ont été affectées ailleurs.
“Parlons maintenant de l’association Sirandane“ dit le président. “L’association est dirigée par des personnes travaillant à la mairie. Elle reçoit 10.000 euros de Mercialys. La somme a été totalement siphonnée quelques jours plus tard. Pourquoi ?“ veut savoir le magistrat
“Je ne sais pas“ lâche Fayzal Vally “tout ce que je sais c’est que le Maire m’a demandé d’échanger le chèque d’une association que je ne connais pas (Sirandane - ndlr) et qu'il voulait donner de l’argent à une association tamoule anonymement. J’ai pris le chèque et je suis allé déposer de l’argent liquide au maire dans son bureau. C’est le maire qui m’a demandé d’échanger ce chèque contre du liquide” répond-il.
Le président note ensuite : “On le verra plus tard, mais il ressort des investigations que Monsieur et Madame Hoarau vivaient au-dessus de leurs moyens et qu’ils étaient constamment dans le rouge. Ça arrive a beaucoup de gens. Le magistrat s’étonne ensuite : “Monsieur Hoarau n’a jamais demandé d’argent à ses proches. Par contre, selon les témoignages, il demande de l’argent aux commerçants. Ces derniers lui font des chèques et il n’aurait pas remboursés les sommes."
09:15
Fayzal Vally pense qu’il a fait l’objet d’une mise en cause due à “la jalousie“ d’adversaires
“Ces gens ont essayé de faire croire que j’ai changé d’avis concernant l’extension du Cap Sacré Cœur. C’est faux ! J’étais contre sous la mandature de Monsieur Langenier alors que j’étais moi-même président de l’association des commerçants du Port. J’étais contre car cette extension aurait achever de tuer le commerce en centre-ville" explique-t-il. "J’avais déposé un recours contre cette extension. Le tribunal administratif l’a rejeté."
"Lorsque avec Monsieur Hoarau nous avons été élu à la mairie en 2014, nous avons obtenu que le groupe Casino vienne en aide aux commerçants du centre-ville en termes de dynamisation. Nous avons dit OK. Je n’ai rien pas changé d’avis, la situation a tout simplement changé" affirme l’ex-premier adjoint.
L’audition de Fayzal Vally continue de tourner sur le fait de savoir si les subventions versées par Mercialys ont bien servi aux associations ou si les sommes ont été affectées ailleurs. “Parlons maintenant de l’association Sirandane“ dit le président. “L’association est dirigée par des personnes travaillant à la mairie. Elle reçoit 10.000 euros de Mercialys. La somme a été totalement siphonnée quelques jours plus tard. Pourquoi ?“ veut savoir le magistrat “Je ne sais pas“ lâche Fayzal Vally “tout ce que je sais c’est que le Maire m’a demandé d’échanger le chèque d’une association que je ne connais pas (Sirandane - ndlr) et qu'il voulait donner de l’argent à une association tamoule anonymement. J’ai pris le chèque et je suis allé déposer de l’argent liquide au maire dans son bureau. C’est le maire qui m’a demandé d’échanger ce chèque contre du liquide” répond-il.
09:01
L'audition de Fayzal Ahmed-Valy, ex-premier adjoint de la commune du Port débute
Fayzal Vally prend la parole. "Je suis surpris de ce que l'on dit. Il n’y a pas eu tout cet argent qui transitait sur mon compte. Je reconnais que j’ai aidé financièrement Monsieur Hoarau qui est un ami" déclare-t-il.
De plus, "l’association la Jeanne d’arc a toujours été subventionnée par le groupe Casino", ajoute-t-il. "Les autres subventions ont été versées légalement aux autres associations."
"Concernant Monsieur Latouze, il avait deux associations, dont une salle de sport qui fonctionnait bien. J'ai présenté Monsieur Heinz - de la société Mercialys apparentée au groupe Casino, ndlr) à Monsieur Latouze, c’est tout. Je ne sais pas pourquoi la subvention a été versée sur le compte d’une association qui n’avait pas d’activités. Je ne sais rien de cela. Il faudra voir avec Monsieur Heinz. Moi je lui ai juste demandé de voir ce qu’il pouvait faire pour la salle de sport. Rien de plus. La pratique est courante pour un élu de chercher à aider les associations de sa ville".
Le président insiste : "l’association qui a revu les subventions était en sommeil depuis 2010, il n’y avait plus aucun mouvement sur ce compte. Brusquement les activités bancaires reprennent à partir de 2015 avec le versement de plusieurs dizaines de milliers d’euros de la société Mercialys. Comment expliquez-vous cela ?".
"Je n’ai pas d’explications, moi je connais une seule association : la salle de sport de Monsieur Latouze, qui fonctionnait bien, rien d’autre" répond Fayzal Vally.
08:48
Les cinq mis en cause placés en garde à vue en 2021
C'est en février 2021, que les cinq mis en cause ont été placés en garde à vue, rappelle le président.
Il souligne que les mis en cause ont réfuté les faits reprochés
"Monsieur Hoarau a expliqué que son ami Feyzal m’a dit lui avoir prêté de l’argent alors qu’il se trouvait dans une situation financière difficile" détaille le président.
"Concernant les fruits, Monsieur Hoarau a affirmé qu’il s’agissait véritablement de mangues et letchis, rien d’autre", précise le magistrat.
Lire aussi - La chambre de l'instruction rejette la requête en annulation déposée par Olivier Hoarau
Lire aussi - Olivier Hoarau et les trois autres mis en cause sont toujours en garde à vue
08:40
Des fruits par kilos
Le président Stéphane Duchemin détaille un point précis. "Les enquêteurs ont retrouvé plusieurs échanges de sms entre Messieurs Vally, Hoarau et Payet où il est question de plusieurs kilos de mangues et de letchis", dit-il.
"Les enquêteurs comprennent que lorsque Monsieur Hoarau par exemple parle de 25 kilos de letchis cela représente 25.000 euros", ajoute le président du tribunal.
08:38
Plusieurs associations ont reçu de l'argent
Le président poursuit l’exposé des faits.
Stéphane Duchemin souligne que dans un premier temps, Jean-Francois Latouze avait indiqué aux enquêteurs avoir procédé à la demande de Fayzal Vally à l’encaissement sur le compte de l’association, qualifiée de coquille vide.
Il reviendra plus tard sur ses déclarations et mettra hors de cause Fayzal Vally.
Les enquêteurs établiront également que plusieurs associations du Port ont bénéficié de versement d’argent de la part du membre du groupe Casino.
Au total 400.000 euros ont ainsi été versés à une demi-douzaine d’associations.
Le tribunal devra déterminer si ces sommes ont réellement servi pour des actions menées par les associations bénéficiaires ou si les sommes ont été reversées notamment à Fayzal Vally puis à Olivier Hoarau en échange de leur accord pour l’extension du Cap Sacré Cœur".
08:29
Une enquête ouverte en décembre 2019
C'est en décembre 2019 qu'une enquête est ouverte.
Les enquêteurs notent alors que l’extension du centre commercial a pu être inaugurée en novembre 2018. Et ce, après que le maire et son premier adjoint, opposés à ce projet d’extension pendant des années - notamment sous la mandature de l’ancien maire Jean-Yves Langenier -, aient opéré un revirement et autorisés cette extension après des premiers mouvements d’argent qualifiés de "suspects" par les enquêteurs.
Lire aussi : Olivier Hoarau mis en examen et placé sous contrôle judiciaire
08:18
Les mis en cause contestent les faits reprochés
Interrogés par le président, tous les mis en cause confirment qu’ils contestent les faits reprochés.
Rappels des faits reprochés :
• Olivier Hoarau, maire du Port :
- corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par un élu public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
- blanchiment : aide à la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
• Fayzal Ahmed-Valy, ex-premier adjoint de la commune du Port :
- corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par un élu public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
- blanchiment : aide à la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
• Bernard Payet, directeur de cabinet du maire du Port :
- corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par une personne chargée de mission de service public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
• Eric Heinz, membre de la société Casino :
- corruption active : proposition ou fourniture d'avantage à une personne chargée de mission de service public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
• Leila Moussa, compagne de Fayzal Ahmed Vally :
- blanchiment : aide a la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
08:14
Deux témoins seront entendus
Il y aura deux témoins dans ce dossier : Prisca Aure, cadre administrative à la mairie du Port et Jean-François Latouze, employé communal affecté au gardiennage de la piscine et proche de Fayzal Ahmed Vally.
La cadre administrative sera entendue jeudi matin et le gardien de la piscine ce mercredi après-midi.
08:07
Les mis en causes appelés à la barre
L'ensemble des mis en cause dans cette affaire - Olivier Hoarau, Fayzal Ahmed-Valy, ex-premier adjoint de la commune du Port, Bernard Payet, directeur de cabinet du maire du Port, Eric Heinz, de la société Mercialys apparentée au groupe Casinon et Leila Moussa, compagne de Fayzal Ahmed Vally - sont appelés à la barre.
Tous doivent décliner leur identité.
Le président du tribunal est Stéphane Duchemin. Il énonce à chacun les faits qui leur sont reprochés.
07:47
Les faits reprochés aux mis en cause
• Olivier Hoarau, maire du Port :
- corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par un élu public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
- blanchiment : aide à la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
Avocats : Maître Sébastien Navarrao et Maître Jérôme Maillot
• Fayzal Ahmed-Valy, ex-premier adjoint de la commune du Port :
- corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par un élu public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
- blanchiment : aide à la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
Avocats : Maître Yannick Mardénalom et le bâtonnier Djalil Gangate
• Bernard Payet, directeur de cabinet du maire du Port :
- corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par une personne chargée de mission de service public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
Avocats : Maitre Séverine Ferrante
• Eric Heinz, membre de la société Casino :
- corruption active : proposition ou fourniture d'avantage à une personne chargée de mission de service public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
Avocats : Maître Sébastien Schapira
• Leila Moussa, compagne de Fayzal Ahmed Vally :
- blanchiment : aide a la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
Avocat : Maître Yannick Mardénalom
07:45
Bonjour La Réunion,
Merci de nous suivre en ce mercredi 13 novembre 2024 pour le premier jour de procès d'Olivier Hoarau au tribunal correctionnel de Saint-Denis.
mots clés de l'article : justice , Actus réunion