Culture : Danse contemporaine : place à l’imaginaire avec "Souffle o.I#4"
Jusqu’au 24 novembre, la quatrième édition du festival de danse contemporaine Souffle o.I qui a démarré ce lundi 23 octobre 2023, est placée cette année sous le thème de la migration. Comme pour (re)donner du souffle en ces temps troublés, véhiculer un message d’unité et de cohésion grâce à l’imaginaire et dire non à toutes formes de repli sur soi (Photos V.W et DR).
Une belle cartographie de la zone océan Indien, une grande variété d’esthétiques et de formes, des messages d’unité et de paix… C’est parti pour la 4e édition de Souffle o.I. Jusqu’au 24 novembre, le festival de danse contemporaine rassemblera des artistes de l’océan Indien et d’ailleurs qui ont planché sur la thématique de la migration. Migration physique d’une part mais aussi et surtout la nécessité de changer de corps, de regard pour pénétrer d’autres espaces et ouvrir de nouveaux imaginaires dans un monde "en catastrophe" selon Valérie Lafont, directrice de Lalanbik, le centre de ressources pour le développement chorégraphique océan lndien.
"L’imaginaire est un des fils de notre festival et on cherche les endroits où ce dernier pourra s’ancrer partout dans la zone océan Indien, qu’on soit à La Réunion, à Mayotte, au Mozambique, au Kenya, au Congo, à Madagascar, à Maurice mais aussi en France ou en Belgique" insiste l’instigatrice de Souffle o.I qui gagne en notoriété au fil des années.
En témoigne la durée de l’édition 2023 qui s’étend sur un mois contre trois semaines l’an dernier. Pour mieux ancrer cet imaginaire cher à Valérie Lafont, la programmation du festival déroule des œuvres chorégraphiques criantes de souffle de résistance face à l’engourdissement d’une époque fracturée entre l’urgence de la transformation des corps, des imaginaires, des récits et l’anxiété en lien avec le changement climatique et les violences qu’elles soient politiques, économiques et sociales.
En tout, ce ne sont pas moins de 17 propositions - dont 5 créations - inspirées de l’océan, du souffle, du vivant et de la tradition, en plus d’une programmation de films de danse rendue possible grâce au soutien du ministère de la Culture et de la Direction générale de la création artistique basée à Paris. En parallèle, des soirées sont également organisées afin de confronter les différents styles de danse dans une optique d’ouverture et de partage. Pour ce faire, L’Alanbik peut compter sur de solides partenariats - les Bambous, les téats départementaux, le théâtre des Sables, les quatre sites du Conservatoire à rayonnement régional, la salle Vladimir Canter, la Cité des Arts - afin de rayonner aux quatre coins de l’île et toucher le plus grand nombre.
Il faut savoir qu’avec les propositions hors du temps et des normes de Souffle o.I, la censure n’existe pas. Tout est mis en œuvre pour ouvrir la pensée, lui redonner du souffle comme en réponse à un besoin urgent de penser profondément contre le renoncement où niche "la banalité du mal", et surtout dire non au repli sur soi. Et ce n’est pas un doux rêve, une utopie, la danse ayant ce magnifique pouvoir de rassembler pour se nourrir les uns des autres et s’enrichir.
"L’imaginaire est essentiel. L’artiste chorégraphique ou autre a pleinement sa place afin de donner à voir une autre façon d’aborder le monde. On a besoin les uns des autres pour avancer que ce soit l’Alanbik, les institutions, les compagnies, le public", indique la chorégraphe Soraya Thomas rejoint par Edith Chateau et Salim Mzé Hamadi Moissi : "Avec notre pièce Faction, on véhicule un grand message de paix, d’unité et de transversalité. L’imaginaire et la pluriculturalité donnent de l’espoir au regard des récents événements dans la zone et dans le monde de manière générale, même si nous sommes conscients qu’il faut beaucoup d’imagination pour espérer".
À noter que les tarifs libres pratiqués en 2022 se poursuivent cette année avec des tranches en clin d’œil à l’océan (sardines, dauphins et baleines) allant de 0 à 25 euros, mais aussi des tarifs Pass, sans oublier un système de covoiturage et de copiétonnage associés à l’achat des billets en ligne via l’Albatros.
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Les créations
Durant un mois, le public pourra découvrir la joie, la capacité de lien et de réparation, la fuite, la douleur. Certaines œuvres traiteront du partage de l’expérience d’un itinéraire personnel, de l’épreuve de la migration et de la déportation à l’image de Parcours vers (Djodjo Kazaki), Cœur d’éléphant (Thierry Micimiziya), Déplacés (Stephen Bongarçon), Si Pina m’avait demandé (Marion Schrotzenberger), We are nomads (Fernando Anuang’a). D’autres exploreront l’enracinement, l’identité, la tradition avec Vozès (Janeth Mulapha), Zoky (Zoë Dinampitia), Vagabundus (Idio Chichava), Ma place & Massiwa (Salim Hamadi Mzé Moissi), Rambolamasoandro (Judith Olivia), Je n’ai pas eu le temps d’y penser, c’est arrivé (Jérôme Brabant), Atoucekinépadroi (Céline Amato). Enfin, des propositions revendiqueront le fait de faire résonner le vivant, la vibration qui rend sensible à l’énergie du cosmos qui porte le mouvement essentiel qui permet d’être : Les Illuminés (Eric Languet), Souffle (Soraya Thomas) et Faction (Edith Chateau).
Toute la programmation sur https://lalanbik.re
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Souffle o.I#4, jusqu’au 24 novembre à Lalanbik à Pierrefonds mais aussi en délocalisé aux Bambous, aux téats départementaux, au théâtre des Sables, sur les quatre sites du CRR, à la salle Vladimir Canter et la Cité des Arts.