Dès ce jeudi 1er février : Après la hausse de l’inflation et le passage du cyclone, l’électricité augmente de 9,8%
Invité de TF1 le 21 janvier 2024, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé une hausse de 9,8% des prix de l’électricité sur les tarifs heures pleines/heures creuses et de 8,6% sur les tarifs de base à partir du 1er février. Une augmentation qui va aussi concerner La Réunion, déjà en proie à d’immenses difficultés financières et au lendemain d’un cyclone. 370.000 clients seront ainsi concernés par cette hausse des prix, indique EDF Réunion (Photo www.imazpress.com)
Cette hausse répond à la volonté du gouvernement de mettre fin progressivement au "bouclier tarifaire" mis en place il y a deux ans pour compenser la flambée des prix de l’énergie pour les ménages.
"Nous avons beaucoup protégé (les usagers – ndlr), nous revenons à la normale. Il faut aussi protéger nos finances publiques car si demain il y a à nouveau une pandémie ou une autre crise, on sera bien content de pouvoir protéger les Français, les salariés et les entreprises", a expliqué le ministre.
"Pour un ménage avec deux enfants dans une maison individuelle qui se chauffe à l’électricité, cela correspond à une hausse de 18 euros en moyenne par mois", a-t-il noté.
Cette augmentation est à mettre au compte du retour de la taxe intérieure de consommation finale sur l'électricité (TICFE), qui était gelée depuis deux ans avec l'entrée en vigueur du "bouclier tarifaire".
La TICFE est actuellement de 1 euro le MWh contre 32 euros avant la crise et la mise en place du bouclier tarifaire. Au 1er février, elle va être portée à 21 euros le MWh.
"C'est la dernière hausse de cette taxe sur l'année 2024, la prochaine sera au 1er février 2025", a assuré Bruno Le Maire sur TF1
La taxe devrait être réévaluée au 1er février 2025 pour atteindre les 32 euros MWh d’avant la crise.
Pour rappel, les chèques énergie ne sont plus en vigueur depuis mars 2023. A La Réunion, selon EDF, ils ont été utilisés par 85% des bénéficiaires, 15% des bénéficiaires ne les ont pas utilisés.
"EDF Réunion n'a pas encore reçu le décret d'application de cette augmentation, mais elle sera applicable à La Réunion aux taux annoncés par Monsieur Bruno Le Maire" explique Jérôme Zielinski, directeur clientèle à EDF, interrogé mardi 23 janvier par Imaz Press.
Sur les 430.000 abonnés d'EDF Réunion, tous segments confondus, 370.000 clients seront concernés par les hausses, ajoute-t-il.
"Pour les usagers qui auraient des difficultés à s'acquitter de leurs augmentations de factures il existe plusieurs dispositifs d'aide : en anticipation de leurs difficultés, les usagers peuvent se rendre dans l'un des quatre points de conseil – budget de La Réunion (l'île fait partie des 9 régions de France où cette expérimentation est menée). EDF est alors alertée de ces difficultés potentielles et un accompagnement est mis en place" explique Jérôme Zielinski.
"Un échéancier de paiement peut aussi être mis en place par les conseillers EDF, et il y a également le fonds de solidarité du logement qui peut être activé" détaille-t-il.
Enfin, les CCAS (centres communaux d'action sociale) peuvent aussi être sollicités.
A noter qu'EDF ne coupe plus complètement le courant en cas de non-paiement des factures mais réduit l'alimentation à 1 mégawatt (MWh).
- Une difficulté en plus pour le porte-monnaie réunionnais -
Cette augmentation intervient alors que tout le pays est déjà confronté à une inflation record, et que La Réunion doit déjà composer avec des prix en moyenne 9% que dans l'Hexagone. Cet écart atteint les 37% concernant l'alimentation.
Après le cyclone, il est aussi à craindre une flambée des prix en matière de consommation d'eau mais aussi sur l'alimentaire, alors que les exploitations agricoles ont été décimées par Belal.
Dans ce contexte, des élus de l'île appellent à geler les prix de l'électricité dans l'île.
"Cette hausse est d'une violence sociale terrible quand on sait que 36 % de la population à La Réunion vit en dessous du seul de pauvret et que les conséquences de l'après Belal sur le porte-monnaie des Réunionnais vont continuer à peser" dénonce le député Philippe Naillet.
"Cette augmentation est inacceptable (les prix de l'électricité ont bondi de 40% en deux ans), les Français comme Les Réunionnais ne peuvent pas payer à la place des grands énergéticiens qui voient leurs profits et résultats exploser" fustige-t-il.
" Dans un contexte où les prix explosent déjà et vont encore explosés en raison des gros dégâts subis dans l’agriculture, notamment, il est indécent de prendre une telle décision" abonde le député Jean-Hugues Ratenon.
"C’est totalement indécent, inadmissible que pendant ces moments de grosses difficultés, le gouvernement ose annoncer une augmentation de 9,8% des tarifs d’électricité. Elle s’ajoute à celle de 2% en février 2022 ; de 15% en février 2023 et de 10% en août 2023. Ce qui représente sur 2 ans une augmentation de 36,8% !" affirme-t-il.
"Cette décision viendra immanquablement pénaliser la population en général et les plus modestes en particulier" ajoute Maurice Gironcel, président du Sidélec.
Il critique une augmentation qui survient "dans un contexte social et économique local déjà fragile et enfin au moment où La Réunion continue à panser les plaies du cyclone tropical Belal".
"Cumulées, les hausses intervenues depuis 2023 correspondent à près de 600 € par an pour les ménages, les commerçants, les artisans et TPE" dit-il.
Il sollicite donc le Gouvernement, pour "le versement, en urgence, d’une prime exceptionnelle : "une indemnité de vie chère ponctuelle" pour tous les bas revenus et les minima sociaux".
De son côté, la CCIR et la Chambre des métiers et de l'Artisanat demandent aussi un gel des prix pour La Réunion. Elles s'inquiètent pour le futur des entreprises, déjà fortement impactée par la crise et désormais par le cyclone.
"En l’espace de 2 ans, les artisans, les industriels et les commerçants ont déjà subi trois hausses successives de leurs factures d’électricité : 4 % en février 2022, 15 % en février 2023 et 10 % en août 2023" rappellent les deux chambres.
"Cette annonce intervient dans un contexte de crises à répétition (économique, sociale, sanitaire, géopolitique et climatique), et de renchérissement durable du coûts des intrants et des matières premières (…) C’est une menace directe sur le maintien des activités et de l’emploi"
Pour l'heure, le gouvernement n'a pas réagi aux différentes sollicitations venues de l'île. Dans un territoire où 36% de la population vit sous le seuil de pauvreté, au lendemain d'un cyclone qui a fortement impacté l'agriculture, il est difficilement entendable qu'aucune adaptation n'ait été pensée.
Seul conseil à destination des foyers en difficulté : la nécessité d'avoir les bons gestes pour "une bonne maîtrise de l'énergie et une bonne sobriété énergétique".
EDF Réunion renvoie donc aux conseils de son site. En espérant que cela soit suffisant pour ne pas se noyer sous les factures.
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