Des nombreux Français victimes d’aérophobie : Décollage imminent, attachez vos ceintures… bientôt, vous pourrez dire "même pas peur en avion"
Cramponné au siège, bouffée de chaleurs, angoisses ou simplement impossibilité même d’envisager la porte d’embarquement… de nombreuses personnes ont peur de l’avion. Pourtant, il est prouvé scientifiquement que l’avion est l’un des moyens de transport les plus sûrs. Mais rien n’y fait… et ce n’est pas la série d’incident sur les appareils Boeing qui pourraient les rassurer. En cette période de forte affluence dans les aéroports, Imaz Press va tenter de calmer vos angoisses (Photo : www.imazpress.com)
Pneus ou moteur qui explosent, train d’atterrissage qui ne s’ouvre pas, dépressurisation, perte de stabilité en plein vol, masques à oxygène défectueux… Voilà maintenant plusieurs mois que des avions du constructeur Boeing sont régulièrement touchés par divers problèmes techniques. En janvier, une porte a été arrachée en plein vol sur un appareil de ce modèle.
Forcément, tous ces incidents ne sont pas pour rassurer ceux qui aimeraient voyager, prendre l'avion mais qui en ont une peur panique.
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Si l'on pourrait croire que cette phobie est rare, il n'en est rien. Et de nombreux Réunionnais – malgré le fait que leur seul moyen de transport pour quitter l'île soit l'avion – n'envisage même pas d'y mettre le pied à l'intérieur.
Pour d'autres qui se lancerait tout de même, cela peut être un véritable cauchemar.
"Médicalement, il s’agit, selon le DSM5, (la "bible des psychiatres") d’une peur irraisonnée et durable provoquant une altération importante de la vie sociale, familiale ou professionnelle de la personne touchée", indique Gilbert Bausinger, psychothérapeute à Saint-Benoît.
"Il est certain que les soucis très médiatisés de Boeing vont servir d’amplificateurs aux aérophobies."
Mais qu'elles peuvent en être les raisons ? Et comment travailler dessus ?
"Souvent ce sont des peurs liés à la phase de décollage et d'atterrissage, peur de l'accident, peur de perdre le contrôle", explique Christelle Sauger, psychopraticienne et hypnothérapeute à Saint-Leu.
"Les phobies en général sont une sorte de trouble anxieux. L'inconscient a focalisé les angoisses sur un objet ou une situation phobique."
"On fait l'historique de la relation du patient avec la situation phobique, comprendre d'où elle vient et en fonction on va travailler dessus", indique la professionnelle.
Au fur et à mesure, "on travaille sur ces traumas, sur la peur elle-même". Christelle Sauger amène même son patient "en état d'hypnose dans une situation où il prend l'avion et après on l'aide à se sécuriser, on fait de la visualisation de ce qui va se produire jusqu'à ce qu'il trouve un mieux-être et se sent capable d'y aller".
"L’idée est de diminuer suffisamment la peur pour pouvoir prendre l’avion, la phobie s’atténuant avec l’exposition à l’objet ou la situation phobogène. Certains patients m’ont dit leur impossibilité d’envisager de prendre l’avion ni même d’approcher de l’aéroport ; après traitement, ils sont arrivés (à Paris, Maurice ou ailleurs) en me disant que ce n’était "pas super confortable", mais qu’ils sont arrivés à gérer", indique Gilbert Bausinger.
"Après au retour, ils me disent souvent : "le retour c’est mieux passé que l’aller" et là, je sais que c’est gagné."
Après, la durabilité des thérapies "reste à interroger. Un patient qui ne prend plus l’avion ensuite pendant des années risque de se retrouver avec les mêmes symptômes mais diminués (le cerveau garde en mémoire qu’il peut y arriver). Dans ce cas, nous réactualisons en une ou deux séances pour remettre la peur dans des zones contrôlables."
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Pour affronter sa peur de l'avion, il existe plusieurs moyens.
Nicolas Coccolo, formation chez Fofly et ancien pilote, propose des stages à distance.
Il explique : "la plupart des stages pour lutter contre la phobie de l’avion utilisent des simulateurs de cockpit. Mais très peu de passagers se retrouvent assis aux commandes d’un Airbus ou d’un Boeing...". Il a donc mis au point des scénarios en réalité virtuelle, où les stagiaires seront immergés dans l’ambiance d’un aéroport, et pourront faire un vol complet.
Plusieurs étapes rythment la journée de stage.
"On débute d'abord par l'aspect technique. Comment volent les avions, quels sont les bruits que l'on entend ? les turbulences, les pannes, les phases de vol…", explique Nicolas Coccolo.
"Pour faire simple, en ce qui concerne les turbulences, ce sont comme des vagues sur la mer", indique le formateur.
"On donne aux personnes le conseil de poser une bouteille d'eau sur la table pendant le vol lors des secousses et alors que l'on a l'impression d'être dans une machine à laver, l'eau bouge moins", dit-il. "Cela permet de rationaliser."
Autre conseil que Nicolas Coccolo prodigue également : "c'est de mettre en fond d'écran les avions. Ce qui fait que le cerveau s'habitue à les voir".
La deuxième partie est consacrée à une discussion avec un psychologue "pour comprendre les pensées négatives vis-à-vis de l'avion et comment contrôler cette pensée, notamment par des exercices de relaxation".
Le stage dure une journée soit 8 heures de cours.
À La Réunion, Nicolas Coccolo suit quelques stagiaires. Il reste même ceux l'ayant contacté auparavant, en contact avec ceux qui ont fait appel à lui auparavant. "On reste en contact par téléphone, on fait les briefings météo."
Petit plus, le formateur de Fofly accompagne occasionnellement ceux qui le souhaitent directement dans l'avion et effectue un vol avec eux pour les rassurer et mettre en place ensemble ce acquis lors de la formation.
- Les avions, ces appareils inspectés avec minutie
Des moteurs, en passant par les pneus, les moindres vis et boulons, la carlingue… Les équipes de maintenance de la compagnie Corsair qu'Imaz Press a interrogé sont à l'affût du moindre petit défaut.
Une inspection méthodique à l'extérieur mais également à l'intérieur de l'appareil.
"Il y a des contrôles systématiques après chaque atterrissage et avant chaque phase de décollage", explique Enea Fracassi, porte-parole chez Corsair et directeur des opérations de la flotte aérienne.
Une tâche qui va de soi et qui est "demandée par l'avionneur ou la compagnie". "Des tâches préventives."
"On vérifie si tout fonctionne bien, s'il y a des remplacements de pièce à faire", précise-t-il. "Nous traitons également les pannes détectées en vol."
Sur place, "plusieurs acteurs participent à ce type de vérification. Des équipes de mécaniciens qui font le tour global de l'avion, vérifient l'état des pneus, du moteur, des fuselages, des ailes, des commandes de vol, font les compléments d'huile moteur, comme ce que l'on peut faire avec une voiture avant un voyage assez long".
À La Réunion, la compagnie dispose d'une équipe de maintenance avec un mécanicien en chef.
Le pilote également procède aux vérifications d'usage.
L'équipage lui aussi joue son rôle. "Le personnel naviguant prépare la cabine avant chaque embarquement, vérifie les équipements de sécurité, les masques, gilets, l'armement des toboggans."
"Après les avions modernes sont pleins de capteurs qui vérifient en permanence l'état de santé de l'avion", ajoute le porte-parole de Corsair. "Et ce, même en vol ce qui indique que l'on peut anticiper les problèmes à résoudre."
Et ne craignez pas de voir des bouts de scotch sur les ailes. Ce n'est rien de grave. "C'est un scotch aéronautique. Il permet de faire des procédures de réparation temporaires, autorisée par l'avionneur", explique Enea Fracassi. "Il n'a pas vocation à retenir une pièce mais à l'endroit d'une aile où il peut y avoir une bosse, avec le scotch ça permet d'y remédier."
Ensuite, "il y a les contrôles faits avec des intervenants réguliers sur un avion immobilisé entre 24 et 48 heures, tous les deux mois et demi".
Enfin, "tous les deux ans, il y a une visite obligatoire d'entretien qui dure entre deux et trois semaines".
De plus, chaque étape de construction est certifiée au niveau européen. "Le niveau d'exigence est bien plus important que dans le passé. Nos contrôles sont bien plus ciblés. Donc ça nous donne une capacité d'anticiper le dépannage de l'avion", explique Enea Fracassi, directeur des opérations et de la flotte de Corsair.
En plus des vérifications d'usage, chaque compagnie est contrôlée au moins une fois par an sur l'un de ses avions par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). Plus les manquements sont nombreux, plus elle est ensuite inspectée.
En cas de dégât constaté sur un avion, les sanctions peuvent être lourdes, notamment l'inscription sur la liste noire.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
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