Océan Indien par Imaz Press, mercredi 17 avril 2024 à 16:03

Troisième jour de procès : Affaire des emplois présumés fictifs à la Région : le tribunal continue de décortiquer le mécanisme des embauches

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Troisième jour d’audience ce mercredi 17 avril 2024 pour l’affaire des emplois supposés fictifs au cabinet de la Région sous la présidence de Didier Robert. Ce mardi, le tribunal a cherché à comprendre le mécanisme de recrutement à la Région, pointé du doigt par la Cour des comptes dans un rapport de 2021. Didier Robert a notamment été appelé à la barre. un procès qui pourrait se poursuivre jusqu’à vendredi, au vu du nombre de personnes à appeler à la barre. Notre journaliste suit en direct pour Imaz Press le procès (Photo : rb/www.imazpress.com)

18:01

Suspension de l’audience jusqu’à demain matin   Elle reprendra avec les auditions de Vincent Bègue et de Didier Robert.   Merci de nous avoir suivis, à demain !

 

17:40

“S’il y avait une alerte je ne signais pas”   À propos des embauches Jean-Louis Lagourgue affirme : ”j’ai plusieurs fois renvoyé dans les services des parapheurs sans avoir signé les documents si j’avais doute".   "Vous avez eu des alertes des services concernant certains contrats d’embauche ?" interroge la procureure. "Je n’ai pas souvenir d’alertes graves" affirme-t-il.   "Vous dites que vous n’aviez pas de relations personnelles avec Monsieur Ferrières, mais il a été votre deuxième adjoint à la mairie de Sainte-Marie. Vous le connaissiez donc très bien, il n’y avait pas de votre part l’application d’une règle de prudence sur la prise illégale d’intérêt lorsque vous avez signé son contrat Certes vous dites que vous l’avez fait pour le bien de La Réunion, mais vous n’avez pas pensé que vous ne pouviez pas le faire dans risque de vous trouver poursuivi pour prise illégale d’intérêt ?" déroule la procureure.   "Non, j’ai fait ce que j’estimais devoir faire pour le bien de La Reunion" rétorque Jean-Louis Lagourgue.  "Mais de quel intérêt on parle ? Où est la prise illégale d’intérêt, elle est politique, elle est sociale ? On ne sait pas" intervient Maître Payen. "Très sincèrement je pensais que la prise illégale d’intérêt dans une embauche était liée à lien de parenté (entre celui qui signe et celui bénéficie du contrat -ndlr)" ajoute le mis en cause.   "On vous reproche aussi une complicité de détournement de fonds publics constitué par les salaires versés à Monsieur Ferrières. Vous avez discuté de cette embauche, il vous a demandé d’embaucher cette personne (pour son intérêt politique - ndlr) ?" demande Maitre Payen . Jean-Louis Lagourgue répond : "non pas du tout, Didier Robert n’aurais jamais demandé de faire cela et comme il me connaît il sait que je n’aurais jamais fait ça".

 

17:11

Jean-Louis Lagourgue est à la barre

En tant qu’ancien premier vice-président de la Région, Jean-Louis Lagourge est poursuivi pour complicité de soustraction, détournement ou destruction de biens d'un dépôt public par le dépositaire ou un de ses subordonnés pour des faits commis du 1er janvier 2015 au 31décembre 2018. Et pour prise illégale d'intérêts par un élu public dans une affaire dont il assure l'administration ou la surveillance pour des faits commis le 21 décembre 2016.

Il lui est reproché d’avoir signé des contrats pour des emplois supposés fictifs ou politiques.

L’ex-élu commence par dire "je ne comprends pas pourquoi je suis là".

Il revient ensuite longuement sur son parcours politique à droite (et donc idéologiquement proche de Didier Robert).

Il affirme "je n’ai été poursuivi ni au pénal ni devant la juridiction administrative. Et c’est aujourd’hui à 77 ans que je me retrouve devant un tribunal pour des faits que je n’ai pas commis".

Il poursuit "on me reproche d’avoir signé des contrats de travail, oui je l’ai fait tout simplement parce que le président m’a fait confiance et m’a donné une délégation de signature général. J’ai signé des contrats d’embauche, des attributions de bons de continuité territoriale, d’autres documents tout simplement parce que j’étais légalement autorisé à le faire. Je ne suis pas sorti de mon périmètre".

"Je ne connaissais pas les personnes“ assure Jean-Louis Lagourge. "Vous connaissiez les huit personnes qui sont poursuivies aujourd’hui ?" demande le président. "J'en connais certain, pas tous."   "Vous avez signé le contrat de Monsieur Ferrières (qui est l’un de des proches politiques et également élu à la marie de Sainte-Marie sous le mandat de Jean-Louis Lagourgue)" affirme le président.  "Oui et je suis fier de l’avoir fait, monsieur Ferrières a accompli un travail énorme au bénéfice de la Région et donc de La Reunion" rétorque le mis en cause.   À la suite d’une question du président, il tresse ensuite une couronne de lauriers à Didier Robert qui “a eu le courage de prendre une Région“ en "piteux état" selon lui. Il affirme d’un air très sérieux : “il n’y avait plus de projet, les services ne répondaient plus, c’est lui qui a remis de l’ordre, qui a sorti la nouvelle route du littoral que tous les Réunionnais demandaient et que l’ancien président (Paul Vergès - ndlr) n’avait rien fait”   Pour rappel, la NRL a déjà coûté près du double du budget initialement prévu (près de deux milliards d’euros), qu’elle n’est toujours pas terminée et que l’attribution du marché à un groupement d’entreprises fait l’objet d’une enquête pour corruption.

 

16:22

"J’ai travaillé tous les jours pour la Région Reunion"

Yoland Velleyen aborde le fond du dossier : "j’ai travaillé tous les jours pour la Région Reunion. J’ai fourni des preuves, des documents prouvant mon travail. Ce n’est pas normal que je sois sali tous les jours".

Le président précise : "quand c’est flou c’est qu’il y a un loup. Il a deux choses floues dans cette affaire. Dans la troisième audition de Monsieur Robert, il dit à propos de vous : que vous étiez chargé de l’application de la politique de la Région et pilotage stratégique à l’international. On a l’impression que ce n’est pas la même chose que ce que vous décrivez".

Yoland Velleyen énumère un certain nombre d’opérations qu’il a mené en matière culturelle avec les pays de la zone. "Pour moi c’est de la coopération régionale. Peut-être ce n’était pas le cas dans la tête du président".

Yoland Velleyen poursuit en déclarant : "les enquêteurs ne sont pas allés chercher les documents".

Yoland Velleyen revient sur le fait qu’il n’a pas fourni de documents écrits prouvant la réalité de son travail. "J’ai été entendu une seule fois. Les enquêteurs ne m’ont pas demandé de fournir ces documents. Ils ne sont pas non plus allés les chercher. Lorsque j’ai reçu ma citation à comparaître j’ai réussi en quelques jours à rassembler un certain nombre de documents que j’ai donné à mon avocat pour qu’ils vous soient fournis. Je ne comprends pas que les enquêteurs qui ont toutes les clés pour aller partout où ils veulent à la Région ne sont pas allés les chercher."

"Mon bureau était situé rue Jules Auber à Saint-Denis. Les enquêteurs ont perquisitionné au siège de la Région (à Sainte-Clotilde - ndlr) et pas à mon bureau", ajoute-t-il.

16:01

"Pas besoin de diplôme"

Yoland Velleyen était sur un poste de conseiller technique au patrimoine culturelle.

"On a pas besoin de diplôme pour défendre notre culture, notre identité, notre langue", lance encore une fois Yoland Velleyen.

Il raconte comment il a rencontré Didier Robert et comment il a accepté d’être sur sa liste pour les régionales de 2010. "Son projet pour le patrimoine culturel m’a séduit". Il est élu vice-président de Région.

"On a commencé à travailler pour relancer l’activité économique (…) et aussi faire de l’éducation patrimoniale. On a pas cherché l’appartenance politique. On a travaillé avec tout le monde", dit-il.

Il dit avoir recherché l’adhésion de la population autour de "projets structurants pour La Reunion".

Yoland Velleyen se lance ensuite dans un exposé sur le peuplement de La Réunion.

Le président l'arrête. "Cela est passionnant véritablement, mais il faut abonder le fond du dossier."

Yoland Velleyen répond : "j’y viens Monsieur le président mais c’est important de parler de l’histoire et de l’international".

15:23

Le défilé à la barre se poursuit

Yoland Velleyen démarre en déclarant : "je ne comprends pas pourquoi on ne m’a rien demandé". Le mis en cause veut apporter des précisions en préliminaire de son audition.

"J’ai été entendu en décembre 2021. On m’a convoqué au commissariat sans que je sache vraiment de quoi il s’agissait, ni ce qu’on me voulait. Sur place on (les enquêteurs) m’a dit qu’il s’agissait d’une enquête sur Didier Robert. On m’a demandé ce que je faisais à la Région. Je l’ai dit."

L’audition a duré un certain temps.

"À la fin on m’a donné le procès verbal à relire. J’ai fait rectifier un certain nombre de phrases. Par exemple, il était écrit "j’ai travaillé pour Didier". J’ai dit non, je n’ai pas dit ça, j’ai dit : je travaillais pour la Région Reunion", poursuit Yoland Velleyen.

L’audition s’est terminée, "à aucun moment on m’a demandé de produire des documents. Les enquêteurs m’ont dit que je pouvais partir".

"Ce n’est qu’il y a cinq semaines que j’ai reçu ma citation à comparaître. C’est là que j’ai vu le procès verbal de synthèse : c’était une catastrophe, un désastre."

Il s’arrête, très ému et demande à pouvoir boire "un peu d’eau".

Il reprend : "il y a des phrases dénigrantes, comme si je n’avais pas les capacités intellectuelles d’occuper le poste où j’étais employé. Ce n’est pas le diplôme qui fait la qualité d’une personne. Je suis fier de mon histoire et de celle de mes ancêtres".

14:53

La question de la sensibilité politique au coeur des débats

Maitre Creissen, avocat de Didier Robert, s'adresse à Ravy Vellayoudom; "Pouvez-vous définir la sensibilité politique de Monsieur Robert et la vôtre ?"

"J'ai été élevé dans une famille de gauche qui a beaucoup manié la faucille et le marteau. Je dirais que c'est la communauté de projets qui définit la sensibilité politique. C'est parce que j'ai trouvé une communauté d'idées avec Didier Robert. Je pense que certains sujets n'ont pas à avoir de couleur politique", dit-il.

14:50

L'audience a repris, Ravy Vellayoudom est à la barre

Ravy Vellayoudom déclare : "je me suis toujours considéré comme un conseiller technique régional". Le mise en cause a été conseiller technique à la Région de janvier 2017 à décembre 2019.

Le président lui dit : "vous avez été recruté dans un premier temps au 1er août 2014 pour trois mois en raison d'un surcroit d'activité au sein de la collectivité, mais en septembre 2014 vous avez fait l'objet d'une mise en demeure pour absence…"

Ce à quoi Ravy Vellayoudom répond : "je n'avais pas disparu de la circulation, j'étais en mission avec le cabinet". (il n'y a finalement pas eu de poursuite administrative à son encontre).

"Vous signez un nouveau contrat en 2015, à quel poste ?", poursuit le président.

"Je me suis toujours considéré comme un conseiller technique régional."

Le président lit la fiche de poste du conseiller technique. Il est question d'une activité de veille et d'information sur l'actualité régionale, nationale et internationale.

Le président demande ensuite au conseiller technique ce qu'il pense de cette description. Ravy Vellayoudom estime "avoir apporté (au cabinet) un conseil technique important sur des sujets divers et variés. On ne m'a jamais parlé de fiche de poste ou de quoi que ce soit".

Le président ajoute : "(selon les enquêteurs) vous avez dit être chargé de la coopération entre La Réunion et Madagascar et sur les impacts de l'octroi de mer sur les filières agricoles. Les enquêteurs indiquent que vous leur avez remis un rapport de six pages sur ce point".

Ravy Vellayoudom rétorque : "je n'ai pas eu le temps de présenter tous les documents lors de l'interrogatoire, j'ai été pris de court".

12:38

L'audience est suspendue et reprendra vers 14 heures.

12:37

Sabrina Ramin "a payé sa dette"

Maître Léopoldine Settama, avocate de Sabrina Ramin, précise que les heures où il a été estimé qu’elle n’a pas travaillé ont fait l’objet d’une demande de remboursement de la part de la Région.

"On vous dit proche politiquement du président Didier Robert, vous n’êtes pas allé le voir pour lui demander de vous éviter cela ?"

"J’ai payé cette dette sans demander l’aide de Didier Robert ou du pape", répond Sabrina Ramin.

12:20

Sabrina Ramin, seule mise en cause à avoir été placée en garde à vue

Le président du tribunal, rappelle lors de l'audience, en s'adressant à Sabrina Ramin :"vous êtes la seule personne à avoir été placée en garde à vue dans cette affaire".

"Tout simplement parce que les enquêteurs vous ont proposé plusieurs rendez-vous pour être entendue en audience libre. Vous n’avez pas répondu à ces convocations ou vous avez refusé de vous présenter. Vous dites être retenue par d’autres occupations, ainsi une fois vous leur avez répondu que vous ne viendrez pas parce que vous êtes en campagne. Vous avez même dit "venez me chercher", lance-t-il.

"Finalement les enquêteurs n’ont pas eu d’autre choix que de venir vous chercher à 6 heures du matin pour vous mettre en garde à vue", ajoute Stéphane Duchemin.

Comme seule réponse, Sabrina Ramin a déclaré : "je tiens à présenter mes excuses pour ce comportement. La période était compliquée pour moi. Ce n’était pas de l’arrogance".

11:57

Sabrina Ramin à son tour à la barre

Sabrina Ramin, conseillère technique au conservatoire de Saint-Benoit de 2015 à 2020, s’avance à son tour à la barre.

Il a déjà été beaucoup question de son poste au cours des précédentes audiences. Le président a notamment souligné que le directeur du conservatoire n’avait pas émis le besoin de créer un poste de conseiller. Le magistrat a également relevé que selon ce directeur, Sabrina Ramin était souvent absente.

Cette dernière, également conseillère départementale, réfute ces mises en cause. "J’ai été recrutée en tant que conseillère technique en raison de ma connaissance du terrain et de mes réseaux. J’ai réellement travaillé, j’étais régulièrement sur le terrain en contact avec les acteurs culturels de l’Est. Mon responsable de service ne m’a jamais demandé de produire des notes écrites. Je venais très régulièrement au bureau sauf en cas de contrainte liée à mon mandat d’élu du conseil départemental", dit-elle.

"Qui connaissiez-vous au conseil régional, qui vous a recruté ?", lui demande Stéphane Duchemin, le président.

"J’ai postulé, on m’a répondu", répond-elle.

Le président poursuit : "parlez-nous de vos relations avec votre supérieur hiérarchique".

"Au début tout se passait bien et puis les relations se sont tendues", dit-elle.

"Vous ne savez pas pourquoi ?", lance le président.

Sabrina Ramin déclare : "il m’a demandé de faire une enquête sur les besoins de la population en matière cultuelle. J’ai fait cette enquête et je lui ai ensuite demandé à avoir d’autres taches". "J’ai demandé à être affectée à la gestion de l’auditorium. Il a refusé. J’ai demandé à avoir d’autres tâches. Il a refusé. J’ai été mise au placard."

"Vous n'avez pas alerté votre hiérarchie", lui demande-t-il.

"Non c’est vrai j’ai baissé les bras. Vous savez quand on est une femme et qu’on est harcelée… Cela m’a rendu malade, j’ai été suivie psychologiquement."

Le président rappelle ensuite : "le directeur du musée a dit aux enquêteurs que votre embauche lui a été imposée par le directeur des ressources humaines qui, toujours selon le directeur du musée, a dû subir lui aussi des pressions. Ce directeur dit aussi que vous étiez souvent absente sans justification, et que, contrairement à ce que vous dites, il vous a donné plusieurs tâches sur vous n’avez pas exécuté". "Le directeur a souligné sur le fait que vous avez fini par ne plus vous présenter à votre poste et que vous ne lui transmettiez plus vos arrêts maladie", ajoute-t-il.

"Lorsque j’étais absente (pour des obligations d’élue départementale), j’essayais de rattraper les heures. Je badgeais (à la pointeuse) lorsque j’arrivais tôt le matin. Je ne sais pas pourquoi le directeur a eu cette attitude à mon encontre. C’est dommage", se défend Sabrina Ramin.

10:58

Jean-Charles Maroudé à barre

C’est maintenant au tour de Jean-Charles Maroudé de témoigner. Il a été conseiller technique de juillet 2015 à décembre 2020.

Il indique avoir perdu son père à l’âge de 9 ans. Très ému, il verse des larmes. Il dit "ce ne sont pas des larmes de tristesse mais des larmes de combattant".

Il indique avoir servi dans l’armée pendant plusieurs années et en être fier. Il souligne être un pratiquant religieux fervent.

Il dit être très triste d’être désigné comme un délinquant.

Il explique avoir été embauché pour aider et orienter le public dans le montage de leurs dossiers et de leurs demandes.

"Les enquêteurs m’ont demandé si j’avais un yacht, des bâtiments, si je buvais des cafés avec Didier Robert. Je ne savais pas si c’était sérieux ou si c’était une plaisanterie", argue Jean-Charles Maroudé. "À aucun moment on ne m’a demandé de donner des documents sur mon travail, sinon je l’aurais fait."

Le président rappelle que Jean-Charles Maroudé a été embauché à la Région en 2012 en tant que cuisinier dans un lycée où "vous avez donné entière satisfaction".

Il est finalement affecté à son poste de conseiller technique à partir de 2015 à l’antenne de la Région à Saint-Paul. "Je n’ai pas cherché à savoir si toute la procédure a été respectée. J’ai juste remercié Dieu d’avoir un travail."

Désormais, le mis en cause a été titularisé. Il est désormais affecté à un poste de cuisinier dans un lycée.

Maître Séverine Ferrante, avocat de Jean-Charles Maroudé, énumère tous les événements culturels et culturels auxquels son client a participé en tant que conseiller technique et questionne : "les enquêteurs ont-ils interrogé vos supérieurs ou vos collègues à ce propos ?". "Non" répond son client.

10:03

Yannick Gironcel à la barre

C'est au tour de Yannick Gironcel d'être appelé à la barre. L'homme a été candidat sur la liste de Didier Robert pour les régionales de 2010.

Yannick Gironcel explique des fonctions : "J’avais des missions de soutien et d’accompagnement (auprès des partenaires de la collectivité) pour les différents grands projets de la Région".

Il cite notamment l’aménagement de la piscine de la Plaine des Palmistes et plusieurs autres réalisations.

Le président : "les enquêteurs ont estimé que les preuves de votre travail (en tant que conseiller technique de août 2015 à décembre 2020 n’ont pas été apportées.

Yannick Gironcel répond : "c’est injuste de la part des enquêteurs de dire cela. À aucun moment ils ne sont allés perquisitionner dans les locaux de la Région à Saint-André où se trouvait mon bureau et donc toutes les preuves de la réalité de mon travail".

La procureure poursuit : "les enquêteurs ne sont pas allés perquisitionner à Saint-André, certes, mais pourquoi ne pas leur avoir dit "toutes les preuves sont à la Région, vous pouvez y accéder" ? Là, vous avez simplement fourni quelques documents, pourquoi ?"

Yannick Gironcel lance, "on ne me l’a pas demandé".

09:09

Véronique Denizot interroge Yves Ferrières

La procureure poursuit : "pouvez-vous nous dire ce qu’est selon vous un conseiller technique ?"

Pour Yves Ferrières : "c’est quelqu’un qui conseille un élu sur les dossiers techniques".

En réponse à une question de la procureure sur ses liens avec Didier Robert et Jean-Louis Lagourgue, Yves Ferrières jure ensuite : "Didier Robert ne m’a jamais demandé de faire campagne pour lui, s’il m’avait demandé j’aurais refusé." Il se fait ensuite téméraire : "Didier Robert s’il a besoin il claque des doigts et il a 5.000 personnes avec lui".

Toujours en réponse à une question de Véronique Denizot, procureur. Yves Ferrières affirme : "j’ai toujours utilisé mon propre matériel. J’ai quatre ordinateurs portables, mon téléphone personnel, ma voiture. Je les ai utilisés, je n’ai jamais rien demandé à la mairie de Sainte-Marie, ni à la Cinor ni à la Région".

La procureure : "vous dites "je suis arrivé à faire le port de Sainte-Marie alors que personne n’avait réussi". Vous n’êtes pas ingénieur, vous n’avez pas été le seul à avoir travaillé sur ce projet, alors comment il faut comprendre votre déclaration".

Yves Ferrières : "j’ai été l’artisan (du projet), j’ai été un facilitateur. J’ai réussi à réunir tous les intervenants, tous les interlocuteurs autour d’une table et nous avons réussi à concrétiser le projet".

La procureur : "vous avez dit aux enquêteurs "lorsque Didier Robert se rend compte que la NRL ne peut pas lui apporter la popularité qu’il recherchait, il s’est rabattu sur d’autres projets et il mettait la pression pour qu’ils soient réalisés et qu’il en tienne compte dans son bilan (en vue des régionales de 2021 - ndlr)" Qu’entendez-vous par là".

Yves Ferrières répond : "certaines communes n’arrivent pas à consommer les crédits alloués par la Région, il fallait leur demander de le faire, de réaliser leurs projets
La procureure : vous avez dit aux enquêteurs “mon embauche comme chargé de mission n’était pas du favoritisme mais mon travail avait un intérêt sur le plan de son bilan". Qu’en pensez-vous ?".

Yves Ferrières répond : "oui en quelque sorte cela l’a servi".

Évoquant son embauche, Yves Ferrières déclare : "ce n’est pas Jean-Louis qui m’a proposé l’emploi de conseiller technique, ce n’est pas lui qui m’a recruté. Il n’est pour rien dans tout cela".

Pour Maître Payen, l’un des avocats de la défense : "c’est quand même Jean-Louis Lagourgue qui a signé votre contrat, vous le saviez ?"

Yves Ferrières : "non, sinon j’aurais dit de le faire signer par un autre élu et après avoir signé Jean-Louis Lagourgue ne l’a rien dit". Yves Ferrières ajoute : "Je ne suis pas un délinquant, ce n’est pas ma vie, ça me fait mal mais j’assume. Cela fait deux nuits que je ne dors pas."

08:17

Yves Ferrières à la barre

Premier à se présenter, Yves Ferrières. Il est poursuivi pour son emploi supposé fictif de chargé de mission de janvier 2017 à décembre 2019.

Ce proche de Jean-Louis Lagourgue (élu au sein de sa majorité municipale à Sainte-Marie) explique aux juges son parcours professionnel et politique.

Yves Ferrières poursuit son témoignage. Il affirme être intervenu sur le montage de plusieurs projets. Il souligne avoir veillé à la bonne utilisation des fonds publics, "il nous fallait des projets réalistes". Il jure "j’ai travaillé d’arrache-pied".

Il note avoir privilégié les échanges directs avec ses interlocuteurs plutôt que les mails et les écritures.

Le président l'interrompt. "En vous entendant on comprend bien que la notion d’emploi fictif doit être comprise différemment, vous dites avoir beaucoup travaillé, Jean-Louis Lagourgue dit de vous que vous êtes un bourreau de travail, les enquêteurs ont dit de vous que les investigations ne permettent pas de déterminer avec certitude l’emploi au sein du cabinet. L’une des interrogations est de savoir comment alors que vous êtes en charge de ci de ça sans jamais avoir un jour de repos".?

Yves Ferrières lui répond. "De toute ma vie j’ai toujours eu l’habitude de commencer à travailler dès 3h du matin tous les jours y compris les jours fériés. Je ne prends pas de congé car de ma vie je n’ai jamais pris un jour de congé. J’ai fait un infarctus en 2017, je suis retourné le lendemain. On ne peut pas dire que j’ai un emploi fictif parce que je n’ai pas pris de congé. La Région me doit dix mois de congés."

"Si je n’avais pas travaillé pour La Reunion je ne serais pas là aujourd’hui, j’aurais été un fonctionnaire pépère à la retraite", dit-il.

Yves Ferrières est intarissable : "j’ai été mis à la retraite d’office pour limite d’âge en décembre 2019". "Je me suis alors présenté aux municipales de 2020 à Sainte-Marie, on m’a humilié, j’ai eu moins de voix qu’en 1995 où je n’étais pas du tout connu. Je suis rentré chez moi et j’ai déchiré tout ce qui avait un rapport à la politique."

Il lance un peu plus tard : "voilà que maintenant on me traite de délinquant (pour les faits reprochés)".

08:15

La troisième journée d'audience commence

La troisième journée d’audience commence. On retiendra de la journée de mardi que les deux ex-agents poursuivis pour emplois fictifs supposés ont accumulé à la barre les preuves de la réalité de leur travail.

Plusieurs témoins sont venus en effet confirmer qu’ils étaient bien à leur bureau tous les jours de la semaine et qu’ils s’occupaient réellement des taches pour lesquelles ils étaient rémunérés.

Alfred Ablancourt recevait bien le public, il a bien monté des dossiers de demande d’aide en leur faveur, Ismaïl Aboudou montait bien des projets, notamment celui du Guetali qui a été concrétisé qui est toujours actif à ce jour, ont souligné leurs avocats.

08:03

Pour rappel, voici les 11 personnes à la barre

Présentés au tribunal : Didier Robert. L'ex-président de Région est poursuivi pour soustraction, détournement ou destruction de biens d'un dépôt public par le dépositaire ou un de ses subordonnés. Il est également accompagné de son ex-premier vice-président, Jean-Louis Lagourgue et son ancien directeur de cabinet, Vincent Bègue.

Vincent Bègue, premier à être appelé, déclare n’avoir commis aucune faute. Vincent Bègue est poursuivi pour complicité de soustraction, détournement ou destruction de biens d'un dépôt public par le dépositaire ou un de ses subordonnés pour des faits commis courant janvier 2016 etjusqu'au 31 août 2019.

Didier Robert lui déclare : "je conteste de la manière la plus ferme" la matérialité des faits reprochés. L'ex-président de Région est poursuivi pour soustraction, détournement ou destruction de biens d'un dépôt public par le dépositaire ou un de ses subordonnés pour des faits commis courant janvier 2015 et jusqu'au 31 janvier 2021. Mais également pour prise illégale d'intérêts par un élu public dans une affaire dont il assure l'administration ou la surveillance pour des faits commis courant janvier 2015 et jusqu'au 31 janvier 2021.

Jean-Louis Lagourgue, non plus, "ne reconnait pas" avoir commis d’infraction. L'ancien maire de Sainte-Marie est poursuivi pour complicité de soustraction, détournement ou destruction de biens d'un dépôt public par le dépositaire ou un de ses subordonnés pour des faits commis du 1er janvier 2015 au 31décembre 2018. Et pour prise illégale d'intérêts par un élu public dans une affaire dont il assure l'administration ou la surveillance pour des faits commis le 21 décembre 2016.

Huit autres personnes sont poursuivies dans cette affaire présumée d'emplois fictifs :

Ravy Vellayoudom ne reconnaît pas le fait d’avoir perçu indûment 97.000 euros de salaires. Ravy Alexandre Vellayoudom est poursuivi pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2019.

Jean-Charles Maroudé ne reconnaît pas non plus, les 156.000 euros de salaires, présumés indus. Il est poursuivi pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er juillet 2015 au 31 décembre 2020.

Sabrina Ramin nie avoir perçu de 186.000 euros de salaires. Sabrina Ramin est poursuivie pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er juin
2015 au 31 décembre 2020.

Yves Ferrieres ne reconnaît pas avoir reçu induemment 149.000 euros de salaires. Yves Ferrières est poursuivi pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2019.

Yannick Gironcel nie les 309.000 euros de salaires présumés indus. Yannick Jacques Gironcel est poursuivi pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er août 2015 au 31 décembre 2020.

Ismaël Aboudou ne reconnaît pas avoir perçu sans fondement 259.000 de salaires. "Je conteste, je conteste, je conteste", a-t-il déclaré. Ismaïl Aboudou est poursuivi pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er août 2016 au 31 décembre 2020.

Alfred Ablancourt ne reconnaît pas avoir perçu inducement 187.000 euros de salaires. Il est poursuivi pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er juin 2017 au 31 décembre 2020

Yolanda Velleyen nie aussi les 217.000 euros de salaires supposés indus. Il est poursuivi pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er mai 2016 au 31 décembre 2020 et pour recel de bien provenant d'un délit pour des faits commis du 1er mai 2016 au 31 décembre 2020.

08:01

Bonjour La Réunion,

Merci de nous retrouver pour ce troisième jour de procès au tribunal de Champ-Fleuri. Didier Robert et certains de ses collaborateurs se succèdent à la barre depuis lundi 15 avril. Tous sont jugés dans le cadre de l'affaire des embauches supposées fictives au cabinet de Région.

Ce mardi, le tribunal a cherché à comprendre le mécanisme de recrutement à la Région, pointé du doigt par la Cour des comptes dans un rapport de 2021.

Retrouvez notre précédent live ici et ici.

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