Filière apicole : Miel : 2023 n’a pas été une bonne année pour les apiculteurs réunionnais
Les apiculteurs réunionnais ont dû faire face à une année plutôt mauvaise en 2023. Pas assez de pluie pour les baies roses et un hiver trop doux pour les letchis ont directement impactés la production de miel dans l’île. Les ruches ont produit, en moyenne, 10 kg de miel, contre 15 kg pour une année normale, précise Henri Bègue, animateur de la filière apicole de la Chambre d’agriculture (Photo rb/www.imazpress.com)
"L'année 2023 a été une année plus que moyenne pour la filière" regrette François Payet, président du syndicat apicole de La Réunion. "Les récoltes de baies roses et de letchis ont directement impacté la production" explique-t-il.
"Les baies roses ont manqué de pluie, et les letchis n'ont pas bien poussé à cause de l'hiver qui a été très doux" abonde Henri Bègue. "Les deux miellées (période où la production de miel est la plus intense ; ndlr) principales de l'année ont donc été mauvaises."
Si les petites miellées de fin d'année ont été meilleures, "elles ne rattrapent pas le manque de production des grosses miellées" ajoute-t-il. "La quantité de miel produit à partir de fleurs est satisfaisant, mais le plus important pour les producteurs reste le letchi."
Environ 700 apiculteurs sont référencés dans l'île, dont 140 professionnels. "L'immense majorité des apiculteurs sont des particuliers qui ont quelques ruches" explique Henri Bègue.
Au niveau professionnel, entre 18 et 20.000 ruches sont exploitées. En comptant les particuliers, environ 23.000 ruches sont présentes sur le territoire. Les Réunionnais consomment en moyenne plus de 500 tonnes de miel par an, soit plus que la production annuelle qui atteint les 250 tonnes en année moyenne.
"Nous n'avons pas encore les chiffres exacts, mais globalement, le rendement a été en-dessous de 10 kg par ruche en 2023. C'est peu en comparaison au 15 kg habituel" détaille Henri Bègue.
- Le petit coléoptère des ruches, une menace plus si menaçante -
Depuis juillet 2022, le petit coléoptère des ruches s'est aussi invité dans les ruches du sud sauvage. Après un an d'éradication des ruches infestées, la préfecture a décidé en août 2023 de passer à une stratégie du "vivre avec". Une excellente nouvelle pour les apiculteurs.
"Le plus destructeur pour nos ruches, cela a finalement été leur élimination plus que le petit coléoptère en lui-même" souligne François Payet. "Depuis qu'on ne détruit plus les ruches, nous n'avons pas rencontré de problème particulier dans les colonies concernées" affirme-t-il.
"Pour l'instant, le petit coléoptère se cantonne dans le sud sauvage, et les dernières visites font apparaître qu'il n'y a pas encore de symptômes graves sur les colonies" confirme Henri Bègue. Pour autant, les apiculteurs restent vigilants face à l'évolution de la situation.
"Nous avons été très inquiets lorsque le petit coléoptère a été détecté pour la première fois, mais aujourd'hui nous sommes bien plus sereins. Il semble que les abeilles arrivent à s'adapter à sa présence, même si on n'a pas encore toutes les données" détaille-t-il.
Une bonne nouvelle alors que les ruches contaminées étaient systématiquement brûlées, en accord avec le protocole mis en place par les autorités. "Ce n'était pas possible de continuer comme ça, les apiculteurs voulaient que ça s'arrête."
Il faut noter que la filière apicole doit composer depuis de nombreuses années avec les aléas agricoles.
"Cela a commencé en 2006 avec les démoustications liées au Chikungunya, qui avaient provoqué de grosses pertes. Ensuite il y a eu l'introduction de la mouche bleue pour lutter contre la vigne marronne, qui a impactée aussi les abeilles. Puis, en 2017, le parasite varroa a été détecté dans l'île et pose depuis un problème majeur pour nos ruches, bien plus que le petit coléoptère" liste François Payet. "Mais on arrive toujours à refaire surface."
L'apiculteur prévient tout de même qu'il "y a toujours de nouveaux dangers qui nous guettent". "A vrai dire, les plus gros dégâts que subissent nos abeilles sont du fait de l'homme, notamment avec les pesticides. Si les abeilles venaient à disparaître, cela surtout de la faute de l'homme" conclut-il.
Pour en apprendre plus sur la filière miel, la population est invitée à Miel Vert, l'événement phare de ce début d'année au Tampon. Le syndicat apicole, partenaire historique de l'événement, tiendra deux journées de conférences et colloque sur le sujet.
Présentation des résultats du projet MielOMic, mené par le Cyroi, intervention d'un spécialiste allemand sur le petit coléoptère des ruches, présentation des plans de lutte…Les passionnés sont conviés les 7 et 9 décembre à la Plaine des Cafres.
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