Océan Indien par Imaz Press, mardi 12 décembre 2023 à 14:36

Ils sont moins nombreux dans l’Hexagone : A La Réunion, 11% des gramounes en perte d’autonomie restent à domicile

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En 2021, à La Réunion, 11 % des gramounes âgés de 60 ans ou plus et vivant à leur domicile sont en perte d’autonomie. "Cette part est plus importante que dans l’Hexagone, alors même que les seniors sont plus jeunes sur l’île" note l’Insee dans un communiqué publié ce mardi après-midi 12 décembre 2023. "Cela s’explique notamment par une population plus pauvre et un nombre réduit de places d’hébergement pour personnes âgées dépendantes" souligne ’institut de la statistique. La solidarité inter-générationnelle est par ailleurs plus forte : "quasiment tous les seniors en perte d’autonomie à domicile reçoivent une aide de leur entourage, mais aussi une aide professionnelle ou technique" dit encore l’Insee (Photo www.imazpress.com)

- Une population vieillissante -

Début 2023, 181 000 Réunionnaises et Réunionnais sont âgés de 60 ans ou plus, soit 21 % de la population. À l’horizon 2050, le vieillissement de la population de La Réunion serait prononcé : les personnes de 60 ans ou plus de l’île représenteraient 26 % de la population, et le nombre de gramounes de 75 ans ou plus serait multiplié par trois.

Cette forte hausse du quatrième âge soulève de nombreux défis pour répondre aux besoins liés à la perte d’autonomie. Néanmoins, La Réunion est toujours la troisième région la plus jeune de France : en 2023, 27 % de la population de l’Hexagone a déjà 60 ans ou plus.
Une perte d’autonomie à domicile plus fréquente que dans l’Hexagone...

La perte d’autonomie à domicile est plus fréquente à La Réunion : en 2021, 11 % des habitants de 60 ans ou plus vivant à leur domicile sont dans cette situation, soit 19 000 personnes, contre 7 % dans l’Hexagone.

La Réunion fait partie des 16 départements français où la perte d’autonomie à domicile est significativement plus élevée qu’en moyenne nationale. C’est le cas aussi notamment en Guadeloupe, Martinique, Seine-Saint-Denis, Corse et dans les Hauts-de- France.

- ...alors même que les seniors sont plus jeunes que dans l’Hexagone -

À La Réunion, la perte d’autonomie à domicile est plus élevée que dans l’Hexagone, alors même que les seniors réunionnais sont plus jeunes. L’âge des seniors vivant à leur domicile est de 70 ans en moyenne contre 72 ans dans l’Hexagone. Or, la perte d’autonomie à domicile augmente rapidement avec l’âge.

À La Réunion, entre 60 et 74 ans, 6 % des seniors vivant à leur domicile sont en perte d’autonomie, 14 % entre 75 et 84 ans et 58 % au-delà de 85 ans. À âge égal, leurs homologues vivant en France métropolitaine sont moins souvent dans ce cas : 3 % entre 60 et
74 ans, 9 % entre 75 et 84 ans et 30 % à partir de 85 ans. Ainsi, si la population de La Réunion avait la même structure par âge que la moyenne nationale, la part de seniors en perte d’autonomie à domicile serait encore plus élevée : elle atteindrait 14 %, soit deux fois plus que dans l’Hexagone (7 %).

- Davantage de perte d’autonomie à domicile en lien avec une pauvreté plus élevée...-

La perte d’autonomie à domicile est plus élevée à La Réunion que dans l’Hexagone, notamment en raison d’une pauvreté plus prégnante. Pauvreté et mauvaise santé sont en effet liées. En 2020, le taux de pauvreté monétaire atteint 36 % sur l’île contre 14 % au niveau national, et, à âge comparable, la part de seniors en mauvais ou très mauvais état de santé peut être jusqu’à deux fois supérieure à la moyenne nationale. Les personnes modestes vivent en effet dans des conditions de vie plus précaires (logement en particulier).

Avoir des difficultés financières peut aussi conduire à renoncer à certains soins ou à adopter des habitudes de vie moins favorables à un bon état de santé (consommation insuffisante de fruits et légumes, manque d’activité physique). En outre, une santé défaillante peut freiner la poursuite d’études ou l’exercice d’un emploi, et donc limiter les revenus. Ces difficultés tout au long de la vie augmentent le risque de perte d’autonomie passé 60 ans.

- ... et moins de places en institution -

De plus, à La Réunion, les seniors en perte d’autonomie vivent davantage à leur domicile, en lien avec un nombre limité de places d’hébergement pour personnes âgées dépendantes : fin 2021,

35 places sont proposées pour 1 000 personnes âgées de 75 ans ou plus, contre 116 dans l’Hexagone. La cohabitation intergénérationnelle reste fréquente à La Réunion, même si elle se réduit depuis dix ans [Dehon et al., 2022 ; pour en savoir plus (3)].

En 2021, 63 % des seniors de 85 ans ou plus ne vivent pas seuls contre 43 % dans l’Hexagone. Ces personnes vivant sous le même toit peuvent leur apporter du soutien pour les actes de la vie quotidienne. Ainsi, quasiment tous les seniors reçoivent un soutien de leurs proches lorsqu’ils sont en perte d’autonomie à domicile, à La Réunion comme ailleurs (92 %).
 
Par ailleurs, les politiques publiques de l’autonomie privilégient de plus en plus le maintien à domicile des personnes âgées, en développant des alternatives comme l’accueil de jour, les services d’aides et de soins à domicile, des petites unités de vie avec médicalisation externe.

D’ailleurs, à La Réunion, les seniors en perte d’autonomie bénéficient presque toujours d’une aide professionnelle (soins infirmiers, aide ménagère) ou technique (aménagement de leur logement, canne, déambulateur, fauteuil roulant, etc.), encore plus que dans l’Hexagone (98 % contre 94 %).

- Au moins une limitation fonctionnelle pour plus d’un quart des seniors -

La perte d’autonomie provient notamment de limitations fonctionnelles qui se cumulent. Ces limitations peuvent être physiques (se déplacer, monter un escalier, se servir de ses bras ou de ses mains), sensorielles (voir, entendre), ou cognitives (comprendre, se concentrer, prendre des décisions de la vie quotidienne). À La Réunion, 27 % des seniors vivant à domicile souffrent d’au moins une de ces limitations (contre 23 % dans l’Hexagone). À âge comparable, les femmes sont davantage concernées que les hommes, à La Réunion comme ailleurs. Par exemple, c’est le cas de 43 % des Réunionnaises âgées de 75 à 84 ans contre 34 % des Réunionnais.

Comme au niveau national, les problèmes physiques sont les plus fréquents : ils concernent 21 % des seniors à La Réunion, soit un peu plus que dans l’Hexagone (17 %). Les seniors réunionnais sont aussi davantage touchés par les problèmes sensoriels (12 % contre 10 % dans l’Hexagone) et les limitations cognitives (10 % contre 6 %).


mots clés de l'article : société , Actus réunion

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