Océan Indien par Imaz Press, jeudi 20 juin 2024 à 14:23

Kèrmazinaz nout zansèt : Zistoir La Rényon : nout rakontaz, nout zarlor... oubli pa li, fé viv a li

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Ti-Jean, konpèr lièv, Grandiab, zot i rapèl ? Zot I rapèl dan tan lontan kan bann gramoun té pour rakont a -nou band zistoir La Rényon ? Lo rakontaz fait partie du patrimoine réunionnais. Pour le préserver il est important de transmettre la mémoire de nos gramoun aux jeunes générations. Lo bann rakontèr lé la pou sov lo patrimoine oral (Photo www.imazpress.com)

Kan na ène i di "kriké", kosa ou répon ? "kraké" bien sûr. "La sosyété lé paré, pa paré ?" "Lé paré" bien évidemment.

Lo public lé pré, alorss alon rakont zistoir…

- Langaz nénéne, kozman la mémwar -

Lavé un foi, néna lontan… tout band zistoir lo gramoun té pou rakont anou.

À l’intérieur des familles, le rakontèr était par le passé l'un des grands-parents, le plus souvent la grand-mère. Dann tan lontan, le soir, avant le coucher, c'était l’heure du rakontaz.

Des zistoir racontées également par les nénénes qui veillaient sur les enfants.

Des histoires sacrées où se mêlent savoirs et traditions.

Rakontaz, contes, sirandane, kosa in soz ? fonnkèr… La Réunion regorge de belles histoires.

Pour Josie Virin, présidente de Kozé Konté, "le racontaz ce n'est pas un art de musée, c'est un patrimoine oral ancestral bien vivant et il faut que l'on fasse vivre en le transmettre. Si on ne fait pas, les générations futures se saurontplus rien de ce patrimoine".

"Nous avons le devoir de mémoire de transmettre les histoires que les nénénes nou ont raconté", dit-elle. Regardez

- Rakont amoin lo tan lontan -

La modernité et l’arrivée du numérique ont contribué au déclin de la pratique du conte. La fascination pour le petit écran menace d’engloutir l’héritage oral transmis de génération en génération.

Mais c'est sans compter sur les conteurs qui gardent le flambeau allumé. Ils sont de plus en plus nombreux au fil des années pour que jamais ne s'éteigne ce patrimoine oral de La Réunion.s

Sous les piédbwa, si bor somin, au pied des immeubles ou sur une scène ces rakontèr partagent leurs zistoir.

"Nou rakont ti moun, gran moun et nous rakont pou pa oublier et transmettre ce patrimoine. On fait un travail de mémoire", raconte Josie Virin, conteuse et présidente de Kozé Konté. "Le conte c'est un patrimoine ancestral vivant et notre mission et de la faire vivre" dit-elle.

- Les enfants, nouveaux rakontèr -

À La Réunion, si les gramounes ont transmis leur savoir à travers les contes, désormais – et alors que certains déplorent le fait que ce patrimoine se perde dans les familles réunionnaises -, ce sont les enfants eux-mêmes qui amènent les rakontaz à la maison.

"Dans les bibliothèques, les écoles, il y a un gros travail de fond fait par les agents pour relancer le conte", explique Abbass Mulla, conteur à Saint-Denis.

Les enfants apprennent les histoires du tan lontan également à l'école avec des dispositifs tels que "enfants conteurs" ou encore les Rencontres académiques des élèves-conteurs, comme celles qui auront lieu le jeudi 13 juin au parc du Colosse à Saint-André.

"Il y un partenariat important avec l'Éducation nationale", se félicite Josie Virin. "La Réunion est le seul département de France a avoir un parcours artistique et culturel autour du conte."

Dans les écoles, "les marmailles retournent chez eux avec enthousiasme et vont raconter ces histoires et ce qui les a marqués à leurs parents", relate Abbass Mulla. Regardez

C'est "l'enfant qui va devant les rakontèr à l'école qui devient lui-même rakontèr à la kaz", note Isabelle Testa, enseignante.

Certaines collectivités promeuvent également la transmission de ces mémoires comme à Saint-Denis avec "Marmit Zistoir".

Toutefois, ces dispositifs, à l'échelle d'autres communes ou dans l'académie restent à développer davantage

- La vidéo, une nouvelle forme d'expression -

Si le conte vient du passé, des histoires de nos ancêtres, il se développe vers le futur en recherchant de nouvelles formes d’expression. On mélange aujourd’hui le conte avec le numérique.

Elsa Dahmani est réalisatrice et fondatrice de la Kourmétragerie. Elle s'engage pour développer le cinéma et lutte pour que les histoires de La Réunion soient portées à l'écran.

"On s'aperçoit que les jeunes cinéastes s'emparent des contes et de la culture réunionnaise par l'intermédiaire de ses légendes."

Comme avec "Set Lam" de Vincent Fontano. Regardez

Ou encore "Allée cocos" de Elsa Dahmani. Regardez

L'objectif est "de faire le parallèle entre le cinéaste et les rakontèr zistwar à travers ces films". "On a un hommage au patrimoine, aux ancêtres, à l'ancrage culturel et identitaire."

"Le cinéma c'est comme un nouveau champ d'expression pour continuer l'écriture de nos histoires lontan", poursuit Elsa Dahmani.

- Un patrimoine oral ancestral -

Les rakontaz on été mis à l'honneur lors de la journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement.

Pour le conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement de La Réunion (CCEE) engagé dans une réflexion sur le dialogue interculturel depuis 2019, la célébration de cette journée mondiale, constitue une vitrine pour ses travaux et une opportunité de valoriser de manière concrète aux yeux du grand public, les éléments du vivre-ensemble réunionnais.

"Ces marqueurs culturels communs sont entretenus par de nombreux acteurs culturels qui œuvrent pour valoriser les histoires auprès du public", confie Rangaradjou Saravanan, chargé de mission au CCEE et de la commission cohésion sociale.

"Le rakontaz  renvoie à l'imaginaire et c'est ce qui est alimenté par nos références culturelles, qui définissent notre identité."

Pour le CCEE, "c'est aussi valoriser ces éléments de notre patrimoine culturel immatériel car à force de les considérer comme acquises parfois on les perd". "On veut sensibiliser les Réunionnais à ce patrimoine presque unique", dit-il. "Une culture réunionnaise issue d'un processus de créolisation qui est né avec différentes cultures (chinoises, indiennes, créole…) et c'est ce qui en fait sa particularité."

Une culture dont la "pratique demande à être renforcée si l'on veut que la jeunesse réunionnaise puisse être consciente de cette richesse", détaille Rangaradjou Saravanan. Regardez

Toutefois, des fidèles-militants restent vigilants quant au respect et à la défense de l’authenticité du conte traditionnel face aux apports externes.

"Il faut continuer à interpeller le spectateur, à jouer avec le public ; le rakontér a une place dans l’histoire racontée" disent-ils. "Lo banb rakontaz i viv en mèm tan lo rakontèr i rakonte a zot" concluent-il

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

mots clés de l'article : Culture

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