L’île en proie aux violences : Mayotte : un rassemblement pour la paix dégénère, le préfet exfiltré
Ce samedi 6 avril 2024, un futari de la paix (l’occasion de se réunir autour d’un repas) était organisé dans la commune de Tsingoni. Véritable moment pour célébrer le vivre-ensemble en pleine période de ramadan, cet événement a rapidement tourné au vinaigre. Des personnes extérieures à ce rassemblement sont venues semer la zizanie. Des violences ont éclaté, obligeant le préfet venu partager ce moment avec les habitants, à être exfiltré (Photo : www.imazpress.com)
L'objectif de ce futari était de symboliser la paix entre les villages de Mirereni et Combani. Invité par le maire de Tsingoni avec sa famille à partager ce repas, le préfet de Mayotte, Xavier Bieuville.
Le représentant de l'État avait accepté de venir rompre le jeûne avec les autres dignitaires et la population.
"Si vous arrivez à penser comme ça et bien l'état sera à vos côtés pour vous accompagner et pour que la République et Mayotte existent avec le développement qui vous est dû. Donc pensez à la tête et au cœur et oubliez les poings", a déclaré le préfet de Mayotte à cette occasion.
Le préfet de Mayotte pris au piège de violences lors d’un futari destiné à la réconciliation https://t.co/dXxeoQGkjV #Comores pic.twitter.com/VsG9BOsvQq
— Comoresinfos (@comoresinfos) April 7, 2024 - Des violences éclatent -
Alors que la paix régnait, elle fut de courte durée. Des individus extérieurs à l'événement sont venus semer le trouble.
Des grenades lacrymogènes sont utilisées pour disperser les fauteurs de troubles.
Dans la soirée, la situation est revenue au calme.
Les élus, le préfet et l'ensemble des participants ont été mis à l’abri par la gendarmerie à la MJC de Combani.
Sur le trajet retour du Prefet vers Mamoudzou, l’escorte véhiculée du préfet aurait été la cible de caillassage.
"Tout allait bien, je ne sais même pas d'où viennent ces jeunes. Ils ne sont pas identifiés, c'est maintenant le travail des forces de l'ordre car ils n'étaient pas avec nous. Pour moi, il y a des gens derrière qui les poussent", explique le maire de Tsingoni, désabusé à France Mayotte. "On a fait le futari, on a fait des discours, c'était la fête et poum, c’est parti dans tous les sens."
- Les Forces Vives réagissent -
Les réactions ne se sont pas fait attendre pour dénoncer cette agression. Le collectif les Forces Vives de Mayotte a publié dimanche dans la matinée un communiqué de presse pour témoigner de son soutien au préfet et à son épouse, et a rappelé que cette violence était devenue ordinaire pour les Mahorais et que c'était contre celle-ci que leur mouvement prenait de l'essor.
Le collectif a aussi souligné que derrière l'attaque de François-Xavier Bieuville, c'est toute la République que l'on cherche à toucher, soulignant par là un nouveau stade franchi dans l'insécurité des criminels sur notre département. Ils en appellent une nouvelle fois à un plan beaucoup plus ambitieux pour en finir avec cette insécurité.
De son côté, la préfecture de Mayotte a également réagi.
"Le préfet s'est rendu ce soir à Tsingoni, à la rencontre du maire et des habitants pour partager un utari populaire et de paix. Il salue et remercie l'initiative du maire de poursuivre les efforts de rétablissement de la paix civile dans sa commune.
Il est à déplorer la volonté de certains individus de perturber ces événements conviviaux et importants. Ces agissements seront traités par les forces de l'ordre, et ce dès à présent.
Toutes les communes et villages du département seront concernés par des opérations massives de sécurité. Le préfet rappelle sa ferme détermination en la matière."
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