Océan Indien par Imaz Press, mardi 22 octobre 2024 à 04:42

Le parquet révèle que sa plainte allait être classée sans suite "sous condition" (actualisé) : Féminicide au Port : la jeune femme mortellement poignardée avait déjà été agressée par son ex conjoint

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L’ex conjoint de la jeune femme mortellement poignardée est toujours hospitalisé. Il a été retrouvé dans une voiture au Port dans la nuit du samedi 19 octobre au dimanche 20 octobre 2024. Dans un communiqué publié par le parquet ce lundi 21 octobre, la procureure de Saint-Denis explique que la victime avait déposé plainte le 14 octobre contre son ex-conjoint. La procédure "a donné lieu le 18 octobre à une convocation du mis en cause le 6 novembre 2024 devant le délégué du procureur, pour la mise en œuvre d’un classement sans suite, sous condition d’effectuer un stage de sensibilisation". (Photo : sly/www.imazpress.com)

L'ex-conjoint était assis sur le siège conducteur du véhicule avec une plaie profonde au cou. A ses côtés se trouvait son ex compagne, une mère de famille de 34 ans. Elle présentait des blessures faites à l'arme blanche sur le haut du corps et au cou. Un couteau a été retrouvé aux pieds de l'homme qui avait déjà agressé la victime ce lundi 14 octobre. La piste d'un féminicide suivi d'une tentative de suicide est privilégiée par les enquêteurs Compte-tenu de son état, l'homme n'a pas pu être entendu. Il a été hospitalisé en urgence absolue.

"C'est la famille de la jeune femme, inquiète de ne pas la voir rentrer qui a fait une déclaration de disparition inquiétante samedi en début de soirée", a indiqué dimancje matin à Imaz Press Emeric Coupama, délégué départemental adjoint d'Alliance police nationale 974.

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La famille et les proches sont ensuite partis à recherche de la jeune femme. Ce sont eux qui ont découvert le véhicule près de l'enceinte portuaire au Port.

La voiture appartenait à la jeune femme. Elle aurait été volée par l'ex-conjoint, indique-t-on de source proche de l'enquête.

L'homme était déjà connu de la justice pour des faits de violences commis sur son ex compagne lundi dernier, précise une source policière.

L’autopsie du corps de la victime a lieu ce lundi matin, les résultats n’en sont pas encore connus.

- Le parquet fait le point -

Dans un communiqué transmis ce lundi, le parquet de Saint-Denis détaille : "Le 19 octobre 2020, vers 19 h, la disparition inquiétante depuis le matin d’une jeune femme née en 1990 était signalée par sa famille à la gendarmerie de La Possession.

Une procédure pénale de violences conjugales ayant été traitée par la même unité le 14 octobre, de multiples investigations étaient immédiatement diligentées afin de retrouver la victime. (Réquisitions téléphoniques, auditions, inscription au fichier des personnes recherchées, mise sous surveillance du véhicule de la victime, enquête de voisinage, déplacement aux différents domiciles)".

Alors que la famille de la victime "effectuait parallèlement des recherches et signalait la présence du véhicule de la victime sur la commune du Port peu après minuit".

"Les services de police immédiatement rendus sur place découvraient dans le véhicule le corps sans vie de la personne disparue, place passager avant, et à la place du conducteur, un individu de sexe masculin, inconscient, présentant une plaie profonde au niveau du cou, identifié comme le conjoint de la victime.

Il était pris en charge par les pompiers et est actuellement hospitalisé au centre hospitalier de Saint-Pierre, avec un pronostic vital engagé. Un examen médical a été pratiqué par un médecin légiste afin de connaître l’origine des blessures, lesquelles pourraient avoir été auto-infligées. Un couteau présentant des traces de sang étaient découverts dans le véhicule" explique le parquet.

En l’état, "une procédure pour meurtre et violences avec arme est confiée à la brigade criminelle du service territorial de police judiciaire. Des constatations et de nombreuses auditions ont été réalisées, d’autres sont toujours en cours ou prévues" annonce-t-il.

Les deux enfants du couple "font ce jour l’objet d’une mesure d’évaluation en vue de leur placement dans le milieu familial ; le juge des enfants pour leur protection, et le juge aux affaires familiales pour statuer sur l’autorité parentale, vont être saisis".

L’association ARAJUFA a été requise "pour procéder à une évaluation personnalisée de la situation de la famille de la victime, afin de déterminer toute mesure d’aide et de soutien nécessaire dans le cadre de la présente procédure" détaille le parquet.

"Une des hypothèses de travail est celle d’un meurtre par conjoint, suivi d’une tentative de suicide de celui-ci. Toutes les pistes restent cependant ouvertes, n’excluant pas l’intervention d’un tiers en l’état des résultats des premières investigations" souligne-t-il.

Aucune mesure de garde à vue n’est pour le moment envisageable. La personne hospitalisée, susceptible d’être mise en cause, est connue pour avoir été condamnée une fois en 2018 pour des faits de vol (trois mois avec sursis).

La procédure de violences pour laquelle la victime avait déposé plainte le 14 octobre, "a donné lieu le 18 octobre à une convocation du mis en cause le 6 novembre 2024 devant le délégué du procureur, pour la mise en œuvre d’un classement sans suite, sous condition d’effectuer un stage de sensibilisation aux violences intra familiales dans le délai de six mois."

Il n’existait "aucun antécédent connu de violence conjugale dans le couple" d'après le parquet.

- Colère de l'Union des femmes de La Réunion -

Dans un communiqué publié dimanche en fin d'après-mdi l'Union des femmes réunionnaises (UFR) a souligné : "elle était en danger et elle avait alerté sur les violences qu’il lui infligeait. Il lui a arraché la vie, caché dans la nuit. Il a tranché comme s’il avait un droit supérieur de lui ôter la vie, s’affranchissant de la justice des hommes."

Le communiqué ajoute : "comment un féminicide peut-il, malgré tout, se produire quand la victime dénonce les violences et que son entourage est en alerte ? Qu’est-ce qui aurait pu être fait pour sauver la vie de cette mère de famille ?"

L'UFR dit encore "notre émotion se mêle à une profonde incompréhension. Il existe de nombreux dispositifs pour protéger et mettre à l’abri les femmes victimes de violences. Mais sont-ils tous opérationnels et efficients pour notre territoire ?

Le communiqué termine "le 115, numéro d’urgence sociale sensé permettre la mise à l’abri est saturé. Les femmes sont tous les jours refoulées... Il existe aussi des programmes de prévention pour rappeler que le sexisme tue et que nous devons tous nous tenir prêts à agir pour secourir, mettre à l’abri et soutenir les victimes. Et qu’en est-il du financement de ces programmes ?"

"Cette tragédie aurait dû être évitée. Chaque féminicide est une défaillance collective, une alarme ignorée, un cri étouffé" estime pour sa part l'association Recoser des victimes.

"Nous réclamons un vrai plan d’urgence de lutte contre les féminicides en commençant par renforcer les mesures d’accueil d’urgences pour les femmes victimes de violences" écrit l'association dans son communiqué publié dimanche soir.

éArrêtons le parcours de combattants que traversent ces femmes. Dès la première alerte, une action doit être mise en œuvre : Il faut agir immédiatement et ne pas attendre" termine Recoser des victimes.

- 10 femmes victimes de violences portent plainte quotidiennement -

La Réunion est le quatrième département de France le plus violent envers les femmes après la Seine-Saint-Denis, la Guyane et le Pas-de-Calais.

Selon les chiffres des forces de l'ordre, en moyenne 10 femmes victimes de violences se sont présentées chaque jour en 2023 dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie de La Réuion pour porter plainte.

• Si vous êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez contacter le 3919, le numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences. Des conseillers sont disponibles 24h/24. La Réunion est le quatrième département français en matière de violences intrafamiliales.

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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