Les Réunionnais par l’odeur alléchés, chaque dimanche en achètent : Stands de poulets grillés : la tradition est péi, pas les volailles...
Sur les routes de La Réunion, du nord au sud, en passant par l’est ou l’ouest… ils sont le repère de nombreux Réunionnais et de leur estomac le dimanche. Des signaux de fumées qui se voient au loin et des effluves qui titillent les narines. On vous parle bien sûr des stands de poulets grillés. Cuits au bord de la route, véritable tradition pour la population chaque week-end, ces volailles sont toutes issues de l’importation. Mais pour ajouter un peu de gout péi à la recette, chaque vendeur a son secret bien gardé et ce sont ces saveurs que recherchent les Réunionnais (Photo www.imazpress.com)
Tous les dimanches (ou presque), impossible d'y échapper. Si l'on ne l'achète pas directement, nul ne peut ignorer son odeur qui vous met l'eau à la bouche. Pratique aussi lorsque l'on va en pique-nique.
Mais savez-vous vraiment d'où viennent vos poulets grillés ? Eh bien pas de La Réunion en tout cas.
À Saint-Pierre, dans la zone industrielle, Augustin Amouny tient un stand de poulet depuis cinq ans. Vendeur de poulet grillé, sa marchandise, Augustin Amouny l'achète en gros à l'Ilôt surgelé – spécialiste de vente de produits surgelés. Un poulet surgelé qui provient des pays de l'est de l'Europe.
Dans la famille Etti, on est vendeur de poulets grillés de père en fils depuis près de 40 ans. "C'est une affaire familiale. Mon conjoint et moi-même avons repris le flambeau il y a dix ans de cela", explique Wellelmine Emmanuelle Mareuil, conjointe du co-gérant.
La famille tient deux stands : le principal à l'Étang Saint-Paul (près du pont) et le second au Port.
Pas de poulet des pays de l'est, mais pas non plus de La Réunion. Chez les Etti c'est du poulet de l'Hexagone. "Nous avons un fournisseur agréé avec des poulets en provenance de métropole, certifié Halal", explique-t-elle.
"Notre fournisseur approvisionne également les grands supermarchés." "Nous sommes livrés tous les mercredis matin à notre domicile où se situe également notre dépôt commercial et nous mettons le produit en chambre froide", ajoute Wellelmine Emmanuelle Mareuil.
Maximin Mickaël, vendeur à Bras-Panon ne le cache pas. Ses poulets – qu'ils vendaient avant – "étaient achetés congelés en magasin de gros".
Des poulets qui ont pris l'avion mais qui venaient de l'Hexagone et même de Bretagne.
- Des volailles en majorité importées en raison d'un prix plus accessible -
Si les vendeurs de poulet grillés ne prennent majoritairement pas de la volaille locale, c'est que "la quantité demandée n'est pas suffisante." Nous sommes obligés de passer par un grossiste qui passe par un circuit direct métropole-Réunion", explique Wellelmine Emmanuelle Mareuil.
À Saint-Pierre, Augustin Amouny vend son poulet huit euros. Et il le dit, les prix ont explosé. "Avant on payait un poulet au magasin 2,99 euros, maintenant c'est 5 euros en gros. Et à cela il y a aussi les épices, le siav qui ont augmenté."
Maximin Mickaël a lui un stand du côté du centre-ville de Bras-Panon depuis 2011. Si auparavant il vendait le poulet grillé, il confie "avoir pris la décision d'arrêter de faire du poulet entier par rapport aux frais".
"Il y a beaucoup de poulet et peu de rentabilité à l'heure actuelle avec un poulet acheté 4,50 euros." À cela il faut également ajouter "les épices, le sac à charbon".
"Ce n'était plus rentable d'autant que les prix ont augmenté et moi je ne pouvais pas vendre un poulet à 10 euros pour faire de la marge." Désormais il se concentre exclusivement sur les brochettes de porc et de poulet.
Maximin Mickaël point également du doigt ceux qui se disent vendeurs de poulet grillé. "Il y a poulet grillé et poulet grillé. Certains prennent des poulets d'un kilo et après il ne reste que 500 grammes à la vente tellement y a de l'eau dedans mais eux le vendent huit euros."
Avant l'inflation, "on vendait le poulet à six euros mais depuis tout a augmenté", lance-t-il.
Pour la Chambre d'agriculture, "la plupart des poulets sont d'importations pour une raison : acheter pas ou moins cher et donc vendu pas cher".
"Pour autant, il y a des rôtisseurs qui font des efforts avec des poulets locaux", souligne Frédéric Vienne, président de la Chambre.
À La Réunion, la filière locale produit 16.000 tonnes de poulets par an. La production a augmenté de 30% en six ans. Toutefois, les acteurs locaux de la filière ont encore une grande marge de progression, puisque 19.000 tonnes de volailles sont importées à La Réunion tous les ans.
- Des saveurs bien de chez nous -
Si le poulet vendu sur le bord du chemin est importé, les saveurs retrouvées chaque week-end et autres jours fériés sont bien réunionnaises.
Chaque vendeur à sa recette et généralement les clients lui sont fidèles.
Celui-ci est d’abord mariné – avec une sauce jalousement gardée par les vendeurs - puis il est grillé en crapaudine (c’est-à-dire coupé en deux) sur un barbecue.
Le secret de Augustin Amouny, "c'est l'assaisonnement".
Maximin Mickaël ne dévoilera pas son secret. Mais il explique que pour son délicieux poulet grillé, "on peut faire avec du sel, du poivre, des épices, de l'ail, du thym, du gingembre pour que ça démarque un peu".
Dans la famille Etti, le secret de la cuisson : "L'amour que nous mettons dans notre cuisine." De plus, "notre accueil et notre convivialité font notre plus grande force".
- Et une tradition loin de se perdre -
Volaille de chez nous ou pas, acheter son poulet grillé ou rôti le dimanche, c'est une véritable tradition chez nous.
Pour Augustin Amouny, si les Réunionnais se dirigent vers le poulet grillé, "c'est parce que le dimanche les gens aiment profiter, ils n'aiment pas trop faire cuire".
Pour Maximim Mickaël, l'engouement du poulet grillé chez les Réunionnais vient de la tradition. "Ici à La Réunion, na lontan poulet grillé i exist."
Une tradition qui, peu importe d'où viennent les poulets, n'est pas prête de se perdre à La Réunion. Il n'y a qu'à voir les clients qui font la queue sous le soleil et les volutes de fumée.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
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