Observation des cétacés : Pour laisser les baleines nager en paix, un durcissement de la réglementation n’est pas exclu
Les baleines attirent chaque année un peu plus de curieux. De juin à octobre environ, les excursions en bateau se multiplient pour tenter d’admirer, au plus près, ces géantes des mers. Parfois à leur détriment. Si une règlementation stricte a été mise en place ces dernières années, certains plaisanciers - professionnels ou non - ont la mauvaise habitude d’outrepasser cette dernière. Dans ce contexte, la préfecture a mené un contrôle en mer ce mercredi 21 août 2024 - et n’exclut plus de renforcer la règlementation si trop d’entorses sont signalées cette année (Photo sly/www.imazpress.com)
La fin de la récréation a-t-elle sonné ? Alors que La Réunion est l'un des territoires les plus permissifs en matière d'approche des baleines, les infractions à la règlementation augmentent. Avec la multiplication des opérateurs, mais aussi des locations de bateau par des plaisanciers privés, les experts s'inquiètent de plus en plus de l'impact de l'activité humaine sur le bien-être des baleines.
Toujours plus nombreuses aux abords de nos côtes, les baleines à bosse représentent un atout indéniable pour l'activité touristique de l'île. Mais cela a un prix : la tranquillité des baleines.
"On doit être extrêmement vigilants à ce que les interactions avec les Hommes ne les perturbent pas et ne les mettent pas en difficulté" a rappelé le préfet Jérôme Filippini ce mercredi.
Une sortie de contrôles était organisée le même jour pour vérifier le bon respect de la règlementation. Le préfet, ainsi que la gendarmerie maritime, la gendarmerie nationale et la direction de la mer, sont allés à la rencontre des différents bateaux présents dans les eaux de Saint-Paul pour s'assurer du bon respect des différentes obligations légales.
"L'objet de ma visite est de vérifier l'application de l'arrêté de 2021 qui encadre l'approche des baleines. Ces règles sont adaptées pour l'heure, mais on constate qu'il y a des infractions et ça nous pose un problème" a déploré le préfet. "Il faut trouver un équilibre en attractivité et respect du bien-être des baleines."
- Vers un durcissement des règles ? -
Interrogée en 2023 par Imaz Press Réunion sur un éventuel durcissement des règles d'observation, la préfecture avait à l'époque indiqué que "[les] bonnes pratiques, très majoritairement observées, n'amènent pas à envisager une évolution de la réglementation à court terme".
Un discours qui a depuis évolué. Avec l'explosion du nombre de bateaux à la recherche de baleines, mais une population moins présente et donc moins visible que l'année passée, la pression sur les cétacés a augmenté en 2024. Poussant la préfecture a reconsidérer cette position.
"La saison 2024 est un moment d'évaluation. A la fin de la saison, on constatera si on doit changer les règles, donc peut-être les durcir si on remarque qu'on met en danger les baleines. Je suis prêt à changer les règles, et donc de les durcir si nécessaire" a déclaré le préfet à l'issue de cette sortie bateau.
En juillet dernier, le sous-préfet de Saint-Paul Philippe Malizard n'avait d'ailleurs pas exclu cette possibilité. "Aujourd'hui (en juillet; ndlr) on considère qu'il est trop tôt pour prendre position. On attend la fin de la saison pour décider", avait précise Philippe Malizard. Ajoutant "qu'il n'y aura pas de prise de décision, sauf incident grave qui nécessiterait une réaction urgente pour faire évoluer la règlementation".
Une éventualité qui irait dans le sens des demandes des associations de protection des cétacés. "Je rappelle que La Réunion est l'un des rares territoires où les mises à l'eau sont encore autorisées. Cela contrevient à la plupart des conclusions qui ont démontré qu'il s'agit d'un des modes d'observation les plus préjudiciables pour les baleines" avait souligné Jean-Marc Gancille, chargé de communication et de sensibilisation chez Globice, auprès d'Imaz Press en mai dernier.
"Cela génère des changements de comportements et provoque donc une perte d'énergie qui leur est nécessaire. On a au travers de notre sur-pression d'observation, des impacts qui sont multiples. La règlementation est nécessaire mais il va falloir sûrement aller plus loin" appelait-il.
Si les observateurs "sont de plus en plus conscients des règlementations", il estimait que les opérateurs sont désormais "trop nombreux" à La Réunion.
- 2023, une saison record -
1.271 baleines à bosse ont fréquenté la zone de reproduction de La Réunion l'année passée. Ce chiffre record a été annoncé par l'association Globice au cours d'une réunion de bilan de la saison Baleines 2023.
"Ce chiffre est totalement hors-normes et représente trois fois plus d'individus que la saison précédente, déjà considérée comme record à La Réunion" commentait l'association.
"Ce chiffre constitue un plafond maximal d'individus photo-identifiés. Il est sujet à évolution car l'ensemble de données (près de 8.000 photos) n'ont pas encore toutes pu être traitées" notait Globice.
- Respecter la quiétude des cétacés -
Une présence des baleines qui nous fait rappeler les gestes et recommandations à adopter, notamment lorsque l'on se trouve en mer.
Conformément à l’arrêté préfectoral n°2021-1306 du 7 juillet 2021, cette réglementation comporte des règles précises de distance, de vitesse d’approche, de jauge de fréquentation et d’horaires d’observation.
Si certains paramètres dépendent également du comportement des cétacés, notamment la distance minimale, il convient à tout moment de faire preuve de prudence et de précaution en privilégiant une vitesse réduite voire le point-mort pour éviter toute perturbation des mammifères marins. Les principales règles sont rappelées dans le document, ci-joint, qui doit par ailleurs être affiché sur tous les navires.
Les personnes mises en cause s’exposent à de fortes amendes et à la suspension ou au retrait de leur permis de conduire les navires.
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