[PHOTOS] Bisik i mont pi : Bichiques : le précieux alevin a presque disparu des rivières et des tables
Depuis le 1er septembre 2024, la traditionnelle pêche bichique a débuté à La Réunion. Mais le précieux petit alevin, tellement apprécié des gourmets péi, se fait de plus en plus rare. Il a même été placé en en catégorie "quasi menacée" d’extinction. Réchauffement climatique, surpêche, braconnage… expliquent cet état de fait. La règlementation a été durcie pour favoriser le renouvellement de l’espèce. Si cet objectif n’est pas atteint, les restrictions pourraient encore se durcir, au grand déplaisir des pêcheurs et des consommateurs. En attendant sur les étals, le bichique se vend (presque) au prix du caviar (Photos : sly/www.imazpress.com)
L'état des lieux n'est guère brillant pour le caviar péi. En 2019, le bichique fin, Cotylopus acutipinnis de son nom scientifique, a été évaluée "en danger" alors que le "gros" bichique, Sicyopterus lagocephalus, a été placé en catégorie "quasi menacée" sur la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
"Le bichique subit une double peine. Il est prélevé au stade d'alevin (jeune poisson) et braconné au stade adulte", confie Armand Métro, directeur de la fédération départementale des pêches en milieu aquatique de La Réunion.
"Le cabot bouche ronde (le bichique adulte - ndlr) est pêché alors que c'est interdit", déplore-t-il. C'est d'ailleurs l'espèce la plus braconnée dans les rivières de La Réunion.
"Les populations de ces espèces ne sont effectivement pas en très bon état", confirme la préfecture.
Au braconnage, s'ajoutent le réchauffement climatique et l'assèchement des cours des rivières. "Il y a de moins en moins d'eau et forcément moins de surface habitable pour ces espèces" souligne Armand Métro. Les bichiques n'arrivent plus à remonter les cours d'eau et à aller jusqu'aux embouchures des rivières" détaille-t-il.
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Il y a 20 ans les vouves étaient remplies de tonnes du précieux alevin à chaque montée. "Désormais lorsqu'une centaine de kilos est collectée on dit que c'est une bonne montée" soupire Armand Métro. "On estime qu’environ 1.800 kg de bichiques ont été pêchés par les pêcheurs professionnels lors la saison 2023-2024, bien loin des dizaines de tonnes pêchées annuellement au siècle dernier selon les estimations" dit-il encore.
La raréfaction de la ressource a, évidement, fait grimper les prix. Le kilo, qui se vendait entre 30 et 40 euros il y a encore une dizaine d'année, atteint maintenant 100 à 120 euros.
- Une règlementation pour éviter l'extinction de l'espèce -
Pêcheur et président de l'association bichique de la Rivière des Marsouins à Saint-Benoît, Coralin Régis est prsque fataliste. C'est difficile mais on fait avec. Parfois il y a des bichiques parfois il n'y en a pas, c'est comme ça c'est comme jouer au loto"soupire-il.
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Face à cette rareté, la préfecture a décidé il y a plusieurs années, de mettre en place une nouvelle règlementation. "Une bonne chose" commente Coralin Régis.
La règlementation préfectorale, élaborée en concertation avec les professionnels de cette pêche, a un object majeur. "Il s'agissait de reconstituer la ressource" note Armand Métro.
Pour cela il fallait "préserver les cabots bouche ronde, à la fois pour leur forte contribution à la valeur écologique des cours d'eau réunionnais, et pour permettre le maintien d'une pêche raisonnée traditionnelle", expose la préfecture.
Ainsi, la pêche a été maintenue, mais elle est très fortement encadrée. Les prélèvements sont interdits six mois par an, contre deux semaines avant 2021, date d'entrée en vigueur de la réglementation.
Un canal de reproduction libre et toujours en eau doit obligatoirement être mis en place sur les zones de pêche. Le nombre de vouves et de filets ainsi que leurs dimensions sont limités.
Le nombre de kilos d'alevins capturés doit obligatoirement être transmises aux autorités par les pêcheurs en fin de saison.
Une évaluation de cette réglementation "sera faite dans trois ans. Nous serons alors en mesure de dire s'il fauti ou non durcir les resctrictions" note Armand Metro. Il n'exclut pas "une fermeture de la pêche bichique si la ressource continue de diminuer".
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