Océan Indien par Imaz Press, lundi 21 août 2023 à 16:43

Selon l’Unef, le coût de la vie étudiante augmente de 6,47% : À l’Université de La Réunion, "c’est la précarité qui fait sa grande rentrée"

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En 2023, et selon les chiffres nationaux, le coût de la vie étudiante augmente de 6,47%. Une hausse non négligeable pour un public particulièrement précaire. La Réunion n’échappe pas à la règle, ni à l’inflation... au grand dam des quelque 22.000 étudiants qui font leur rentrée et ce, qu’ils soient boursiers ou non. Au premier poste des dépenses impactant sur le coût de la vie et la rentrée, le logement (Photo : sly/www.imazpress.com)

Imaginez-vous… une rentrée universitaire à près de 3.000 en moyenne par étudiant. Un niveau historiquement haut (contre 2.889 euros l'année passée).

En plus de la rentrée, c'est l'ensemble de la vie quotidienne des étudiants qui est impactée avec une hausse d'environ 49,56 euros par mois pour l'année 2023-2024, selon les chiffres nationaux de l'UNEF. "On démarre cette année avec une précarité qui explose", note Rudrigue Sautron, président de l'Unef Réunion.

L'un des premiers postes de dépense pointée du doigt, l'augmentation de 5 euros de la contribution de vie étudiante et de campus, obligeant les élèves non boursiers à sortir de leur poche 100 euros lors de l'inscription.

Des élèves non boursiers qui représentent 27% des étudiants de La Réunion.

"Pour nous, ce n'est pas la rentrée des étudiants mais celle de la précarité", lance Rudrigue Sautron.

De plus, le coût de la vie entre les étudiants boursiers (échelon 5) de l'Hexagone et ceux des départements d'Outre-mer est de 17,77%.

Pour illustrer ces difficultés, l'Unef a réalisé une enquête sur près de 1.000 personnes entre 17 et 19 ans.

Pour les étudiants boursiers logeant au sein du foyer familial, le coût de la rentrée est évalué à 289,16 euros, 565,16 euros pour ceux vivant en résidence universitaire et 2.518,22 euros pour ceux résidant dans le privé.

Ceux ne pouvant bénéficier de la bourse doivent quant à eux débourser 792,89 euros s'ils vivent chez leurs parents, 1.153,58 euros s'ils logent en résidence universitaire et plus de 3.000 euros (3.078,58 euros précisément) pour les étudiants résidant dans le privé.

Le coût de la rentrée étant calculé avec les diverses dépenses (alimentation, transport, loyer, inscription, contribution à la vie étudiante et frais d'inscription).

- Le logement, un gouffre financier –

La situation du logement étudiant est elle aussi catastrophique. Au niveau national, 5,93% des étudiants sont logés en résidence Crous.

Et si l'État s'était engagé à construire 60.000 logements d'ici la fin de son mandat, dont 300 à La Réunion, ces bâtis ne sont pour l'heure toujours pas sortis de terre. Une urgence alors qu'à La Réunion, on dénombre seulement 1.313 chambres universitaires pour 5.000 demandes chaque année.

À La Réunion, "nous ne sommes pas la priorité", souligne Rudrigue Sautron. Les dernières résidences à être construites sur le territoire datent de 2019 au Tampon et cela fait 11 ans que les derniers logements de Saint-Denis ont été construits."

Faute de logement, 49,5% des étudiants réunionnais restent donc loger chez leur parent. D'autres, abandonnent leurs études.

- Une bourse insuffisante –

Cette année pourtant, le gouvernement et Élisabeth Borne avait annoncé une revalorisation de la bourse pour les étudiants ultramarins de 30 euros par mois. "Un complément de bourse insuffisant", selon l'Unef.

Une bourse plus faible ou des revenus insuffisants pour les non-boursiers, obligeant 38% des élèves (au niveau national) à renoncer à des soins médicaux. Et ce, alors que les dépenses de santé n'ont de cesse d'augmenter : +18% pour les consultations, +17% en pharmacie, +15% sur la prévention.

- Le gouvernement ne suit pas –

Cette rentrée – qui est supposée marquer une nouvelle étape dans la vie des étudiants – l'est, mais avec un impact financier non négligeable.

Selon l'Unef, si l'inflation en est une des raisons, l'inaction du gouvernement l'est d'autant plus. "Les engagements pris par le gouvernement ne sont pas au rendez-vous, alors que les besoins des étudiants se font toujours ressentir."

Pour cette année 2023, l'Unef le dit, "on sera particulièrement attentif à l'avancée du projet de construction des 300 résidences universitaires sur Saint-Denis".

Concernant la réforme des bourses, l'Unef Réunion "attend du gouvernement que l'annonce du complément de bourse pour cette rentrée ne soit pas qu'un simple pétard mouillé".

Élus, gouvernement, collectivités, "les voyants sont au rouge", alerte. l'Unef.

Interrogée sur France Inter, la ministre de l'Enseignement supérieur a reconnu ces difficultés liées à l'inflation.

Le coût de la vie ne doit pas non plus être plus élevé parce que l’on est une étudiante.

Conformément aux engagements du Président @EmmanuelMacron et de la Première ministre @Elisabeth_Borne, nous renforçons notre accompagnement contre la précarité menstruelle.#Rentrée2023 pic.twitter.com/uh9Nxxw4Tp

— Sylvie Retailleau (@sretailleau) August 17, 2023

"Effectivement les étudiants ne sont pas épargnés, et c'est pour ça qu'on a mis un demi-milliard d'euros pour cette rentrée, avec une augmentation historique sur les bourses", a rappelé Sylvie Retailleau, qui doit annoncer "en ce début d'année universitaire" le calendrier d'une future "réforme structurelle des bourses".

Le budget des étudiants est alourdi en particulier par les hausses de frais de transports (+5,91% pour les non boursiers, +3,95% pour les boursiers), d'alimentation (+14,3%) et d'électricité (+10,1%).

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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