Si vous êtes témoin, contactez Apeba : Maltraitance animale : le 3677, un nouveau numéro de signalement peu adapté à La Réunion
Depuis le 24 juin 2024, est mis en place dans l’Hexagone comme à La Réunion, un numéro pour signaler les cas de maltraitance animale : le 3677. Si la mise en place d’un tel numéro est tout à fait louable, trouver un interlocuteur est une vraie difficulté. De plus, à La Réunion, la transmission des informations entre le centre géré par le Conseil National de la Protection Animale (CNPA) et les acteurs de lutte contre la maltraitance est un peu compliquée. Raison pour laquelle, en cas de maltraitance animale, le meilleur moyen dans l’île, est de passer directement par l’association Apeba (Photo : rb/www.imazpress.com)
Chiens, chats, NAC, tous les animaux sont concernés par cette ligne accessible - même de La Réunion - sept jours sur sept de 9 heures (heure de l'Hexagone) à 19 heures (heure de l'Hexagone) en semaine et de 10h à 17h (heure de l'Hexagone) le week-end. En dehors de ces horaires, un formulaire en ligne est disponible pour les signalements.
"Les répondants, sélectionnés et formés, basés sur une plate-forme téléphonique disposant des meilleures technologies, ont pour mission d’écouter, filtrer et orienter, comme le 3919" explique le CNPA.
"Selon le cas, le témoin est orienté vers l’interlocuteur le plus adapté pour répondre à la situation."
"En cas d’urgence, nous prenons en charge le cas et le transmettons aux forces de l’ordre en précisant que le signalement provient du 3677", précise-t-il.
"L’importance de ce service réside dans sa capacité à rendre le signalement des abus plus accessible et centralisé. En fournissant un point de contact unique, il simplifie le processus pour les témoins de maltraitance, qui peuvent souvent se sentir impuissants ou ne pas savoir vers qui se tourner."
- Un signalement pas si accessible que cela -
Ce nouveau système doit aussi permettre de fluidifier un mécanisme considéré comme complexe par de nombreux Français.
Mais voilà, même s'il est disponible depuis les DROM, difficile de trouver personne au bout du fil. Nous avons d'ailleurs essayé de les joindre à plusieurs reprises pour avoir des informations sur le fonctionnement… sans arriver à trouver un interlocuteur.
Une expérience également partagée par la SPA de La Réunion. "J'ai tenté de les appeler plusieurs fois pour savoir s’ils prenaient en compte les appels venant de La Réunion … j’ai finalement renoncé car à chaque appel j’ai patienté 15 minutes jusqu’à ce que l’on me dise de rappeler".
Nous avons également contacté une autre association de La Réunion pour avoir son avis. Le constat est sans appel, "c'est une opinion personnelle, mais je pense que c'est aussi efficace que le fameux numéro bloctel. Le jour où les interventions, condamnations, retraits, pourront se faire sur internet peut-être que ce genre de numéro sera utile", nous dit Laure Théau de l'association AnimOvergne.
Elle tranche encore plus dans le vif en déclarant : "pour le moment c'est un joli effet d'annonce. Les gens "verront une maltraitance, ils téléphoneront, ils dormiront tranquilles pensant avoir fait le nécessaire alors que sur les faits rien ne sera fait".
Une inquiétude partagée par Jean-Luc Mignot, président de la SPA de Sainte-Marie. " Dans le message d’attente on informe que suite au signalement il n’y a aucune enquête aucune saisie aucun placement… Juste l’enregistrement d’un signalement."
"Ce formulaire est bien mais n'apporte pas de solution derrière", déplore la présidente de l'association Apeba, Cécile Squarzoni. "Les gens vont appeler mais il n'y a pas de photo, pas de catégorisation de la maltraitance, pas de vidéo, pas de cadre." De plus, "est-ce qu'après les forces de l'ordre vont déclencher une enquête ?", se questionne-t-elle. "N'est-ce pas un coup d'épée dans l'eau ?"
D'autant que la plateforme renvoie généralement les appels vers la SPA ou les forces de l'ordre. Or "la SPA ne gère pas les cas de maltraitance à La Réunion", dit-elle.
Selon Cécile Squarzoni, "ils auraient dû venir voir comment ça fonctionne dans les Drom". "Le numéro a été construit sans prendre attache avec les acteurs de terrain."
Pour la présidente de l'association Apeba "ce numéro est une très bonne chose. Toutefois, il n'est pas forcément adapté à notre région". "L'idée est positive mais faut aller encore plus loin."
- Un seul et même interlocuteur à La Réunion... Apeba -
À La Réunion, en cas de maltraitance animale, il faut le savoir, la SPA n'est pas compétence. L'association Apeba "reste l’association de référence pour les signalements et l’action après le signalement", explique Jean-Luc Mignot.
L'association Apeba a mis en place sur son site un formulaire de signalement des maltraitances depuis 2021.
L'association dispose d'enquêteurs formés et bénéficie d'un vaste réseau et d'un fonctionnement privilégié avec les réseaux de police et de gendarmerie en cas de maltraitance animale.
"Apeba reçoit les signalements, fait l'évaluation, voit si on peut compléter avec des photos et/ou vidéos, vérifie la fiabilisation du déclarant." Les cas graves et urgents sont transmis aux services de police et gendarmerie."
À l'inverse, lorsque les forces de l'ordre reçoivent des signalements, "elles renvoient souvent vers le formulaire de l'association Apeba".
L'association procède ensuite à des visites sur site des bénévoles en vue d'une amélioration des conditions de vie ou prise en charge de l’animal selon la situation (60% de cas). Dans les cas graves, l'association et les forces de l'ordre procèdent au retrait judiciaire.
Apeba assiste également les animaux victimes de maltraitances en portant plainte.
L'association appelle également ceux qui le souhaitent à devenir famille d'accueil pour accueillir les chiens en sortie de maltraitance.
Apeba mène également des actions d'éducation et sensibilisation auprès la population. "Nous avons déjà sensibilisés 1.300 enfants depuis 2023, grâce au kit marmailles.
- 1.300 signalements entre 2022 et 2024 -
À La Réunion, selon les chiffres de l'association Apeba, 1.300 signalements ont été reçus entre 2022 et 2024.
Des signalements qui ont explosé au fur et à mesure des années puisqu'en 2021, Apeba recensait 67 signalements contre 622 en 2023.
500 animaux ont été sortis de maltraitance ou ont vu leurs conditions de vie améliorées.
La majorité des animaux étant des chiens (1.062 animaux) et chats (68 félins). Mais il se peut que l'association vienne en aide à des chevaux, chèvres, volailles, vaches ou autres espèces.
À savoir que l'association traite entre 50 et 70% des signalements sans les forces de l'ordre.
Selon les chiffres de la préfecture, les sévices graves ou actes de cruauté envers un animal domestique apprivoisé ou captif ayant entraîné la mort ont augmenté de 127% en 2023.
En 2024, ce sont neuf animaux qui sont morts des suites de cas de maltraitance.
Dans l'Hexagone, selon les derniers chiffres de 2021, "les services de police et de gendarmerie nationales ont enregistré 12.000 infractions visant des animaux domestiques", précise le ministère de l'Intérieur sur son site.
- Aller encore plus loin contre la maltraitance -
"On fait cela bénévolement, nous n'avons aucun soutien financier", rappelle Cécile Squarzoni, président de l'association Apeba.
La président d'Apeba a d'ailleurs rendez-vous avec le préfet de La Réunion. au mois d'août. Une rencontre où elle compte bien évoquer avec lui la formation des référents de gendarmerie et de police dans les brigades. "En 2023, nous en avons formé plus de 113 agents."
"Désormais, on reçoit des demandes de formation soient renouvelées cette année car forcément il y a un turn over des référents maltraitances à La Réunion avec les mutations."
L'association qui compte également demander au préfet un "budget afin d'avoir un poste à temps plein car on traite 60% de la maltraitance animale sur l'île".
"La collaboration entre la police et la gendarmerie est efficace mais la prise en charge des animaux reste difficile, car les places sont rares et les soins sont faramineux", ajoute-t-elle. "La prise en charge reste compliquée."
"Les cas sont de plus en plus fréquents", déplore Cécile Squarzoni. "Les gens n'ont pas conscience, n'ont pas les bonnes pratiques. Les animaux ne sont pas encore intégrés dans la vie familiale.
Pour rappel, la maltraitance animale comprend les violences physiques, comme les coups et blessures intentionnelles, ainsi que la négligence, telle que la privation de nourriture et d’eau, l’absence de soins vétérinaires nécessaires, et le maintien des animaux dans des conditions de vie inappropriées et dangereuses, précise le site Service-Public.fr.
Ce délit est puni par la loi en France. Les personnes reconnues coupables de maltraitance peuvent encourir jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.
Dans les cas les plus graves, ces peines peuvent être portées à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.
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