Solidarité : Lorsque les familles sont défaillantes ou absentes, l’État prend en charge les publics fragiles
Quand la famille est défaillante ou absente, c’est à l’État de prendre en charge enfants et jeunes majeurs isolés. D’autres publics fragiles, comme les personnes âgées ou en situation d’handicap, perdent aussi leur autonomie et n’ont pas nécessairement de famille pour prendre soin d’eux. C’est dans ce contexte que les assistants familiaux et les familles d’accueil ont la lourde charge de prendre soin et d’accompagner ces publics fragiles. Environ 826 assistants familiaux et 760 familles d’accueil sont présents sur le Département (Photo : www.imazpress.com)
La tâche pour être agréé n'est pas des plus simples. Il faut dire qu'on ne peut placer des publics vulnérables chez n'importe qui, n'importe comment. Les accueillants familiaux, qui prennent en charge les personnes âgées, doivent obtenir un agrément afin d'accueillir chez eux jusqu'à trois personnes âgées ou handicapées.
"Un accueillant familial accueille à son domicile au moins une personne âgée ou un adulte handicapé qui, en échange, le rémunère. Pour devenir accueillant familial, il faut préalablement obtenir un agrément auprès des services du département" détaille le Département de La Réunion, qui a compétence en matière de social.
"L'agrément peut être accordé à une personne ou à un couple pour une durée de cinq ans et est renouvelable" ajoute-t-il.
Assurer la santé, la sécurité et le bien-être physique et moral de la personne accueillie : voilà la mission de ces familles.
Pour obtenir cet agrément, il faut pouvoir "garantir les conditions d'accueil permettant d'assurer la santé, la sécurité, le bien-être physique et moral des personnes accueillies, s’engager à assurer un accueil continu, en proposant notamment, dans le contrat d'accueil, des solutions de remplacement satisfaisantes durant les périodes d'absence (par exemple, congés)" détaille le Département.
Les familles doivent aussi suivre une formation initiale et continue, ainsi qu'une initiation aux gestes de secourisme, et accepter que les personnes accueillies puissent bénéficier d'un suivi social et médico-social, notamment au moyen de visites à son domicile.
Cependant, il n'est pas exigé de diplôme, de qualification ou de formation initiale spécifique.
"Les capacités de la candidate/ du candidat sont vérifiées selon un référentiel national (état de santé de la candidate et des autres membres de la famille ; la connaissance du métier, du rôle et des responsabilités de l'assistant familial ; la maîtrise de la langue française orale et l'aptitude à la communication et au dialogue)" explique la collectivité.
Elles doivent aussi "s’engager à souscrire un contrat d'assurance garantissant les conséquences pécuniaires de votre responsabilité civile en raison des éventuels dommages subis par la personne accueillie" ajoute le Département, et "n'accepter de la part de la personne accueillie ni don, ni testament.
En outre, il faut évidemment avoir un logement dont l'état, les dimensions et l'environnement, répondent aux critères de décence, et qui soit compatible avec les contraintes liées à l'âge ou au handicap de chaque personne accueillie.
"La personne accueillie doit être valide, ou avoir une perte d'autonomie compatible avec l'accueil familial, c'est-à-dire ne pas être lourdement dépendante (par exemple : ne pas avoir besoin de soins constants)" précise le Département.
"Chaque personne accueillie doit avoir une chambre d'au moins 9 m² (ou 16 m² pour 1 couple) avec une fenêtre donnant directement sur l'extérieur. La chambre doit être située près d'une salle d'eau et des toilettes" exige-t-il.
Enfin, les personnes accueillies doivent avoir libre accès aux pièces communes.
La formation initiale, d’au moins 54 heures se déroule en 2 étapes : une formation d’au moins 12 heures, préalable au premier accueil, doit être suivie dans un délai maximum de 6 mois suivant l’obtention de l’agrément.
"Cette formation porte notamment sur le cadre juridique et institutionnel de l’accueil familial, le rôle de l’accueillant, le contrat d’accueil et le projet d’accueil personnalisé" précise le Département.
La durée de la formation initiale restant à effectuer est organisée dans un délai maximum de 24 mois à compter de l’obtention de l’agrément.
Ces formations portent "sur le positionnement professionnel de l’accueillant familial, l’accueil et l’intégration de la personne âgée ou de la personne handicapée, et L’accompagnement de la personne dans les actes essentiels de la vie quotidienne et les activités ordinaires et sociales".
Contrairement aussi assistants familiaux, les familles d'accueil sont rémunérées directement par la personne accueillie, qui est l’employeur de son accueillant.
"Il délivre à la personne accueillie, sous réserve de respect des critères d’éligibilité des aides lui permettant de financer cet accueil. Le salaire est versé par l’accueilli ou par son tuteur le cas échéant" précise le Département.
- Protéger et prendre soin des enfants -
L'accueil de mineurs est forcément plus réglementé, les enfants séparés de leur famille – de façon permanente ou pas – ayant généralement connus des situations familiales complexes. On ne peut pas non plus prendre en charge des enfants sans qualification préalable.
L’assistant familial exerce dans ce contexte "une profession définie et réglementée d’accueil permanent à son domicile et dans sa famille, de mineurs ou de jeunes majeurs de 18 à 21 ans" précise le Département. 2 140 enfants mineurs ou jeunes majeurs sont actuellement pris en charge.
"En cas de circonstances imposant une séparation entre parents et enfant, le fondement de la profession d’assistant familial est de procurer à l’enfant ou à l’adolescent, confié par le service qui l’emploie, des conditions de vie lui permettant de poursuivre son développement physique, psychique, affectif et sa socialisation" détaille-t-il.
Le rôle de la famille est d'assurer une permanence relationnelle, attention, soins et responsabilité éducative au quotidien de l’enfant, de l’adolescent ou du jeune majeur selon ses besoins. Mais aussi de favoriser l’intégration de l’enfant, de l’adolescent ou du jeune majeur dans la famille d’accueil en fonction de son âge et de ses besoins, de veiller à ce qu’il y trouve sa place.
Les autres membres de l’équipe pluri¬disciplinaire (travailleur social référent, psychologue, psychiatre, chef de service…) et les autres membres de la famille d’accueil doivent "'aider l’enfant, l’adolescent ou le jeune majeur à grandir, à trouver ou retrouver un équilibre et à aller vers l’autonomie et accompagner l’enfant, ou le jeune majeur dans ses relations avec sa propre famille" précise la collectivité.
L’assistant familial "doit être titulaire d’un agrément délivré par le président du conseil départemental après vérification que ses conditions d’accueil garantissent la santé, la sécurité et l’épanouissement des mineurs accueillis".
Un logement répondant aux critères d'accueil (dimensions, état du domicile, aménagement, organisation de l'espace et sécurité) est évidemment exigé.
Tout assistant familial doit, préalablement à l’accueil du premier enfant, suivre un stage préparatoire de 60 heures organisé par l'employeur.
Il doit ensuite, dans un délai de trois ans après son premier contrat de travail, suivre une formation adaptée aux besoins spécifiques des enfants accueillis de 240 heures.
"La formation précitée se déroule sur une amplitude de 18 à 24 mois et comprend trois domaines de formation : accueil et intégration de l’enfant ou de l’adolescent dans sa famille d’accueil (140 heures), accompagnement éducatif de l’enfant ou de l’adolescent (60 heures), et communication professionnelle (40 heures) du baccalauréat".
À l’issue de la formation, les assistants familiaux peuvent se présenter aux épreuves du diplôme d’État d’assistant familial qui comprend trois domaines de certification en lien avec les trois domaines de formation (épreuves écrites et orales).
Une fois cet agrément obtenu, les assistants familiaux doivent être recrutés par un employeur (secteur hospitalier, Maison d’Enfants à Caractère Social MECS, Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse PJJ).
Le Département 974 réalise des campagnes de recrutement au regard des besoins repérés.
Dès le recrutement, les assistants familiaux suivent la formation de 60 heures avant le 1er accueil, période au cours de laquelle ils perçoivent un salaire de formation.
Au terme de cette formation, ils sont considérés comme opérationnels. Les accueils sont réalisés en lien avec les Services de l’Aide Sociale à l’Enfance des territoires.
"Généralement le placement est préparé ; une période d’adaptation est organisée sur 15 jours. Il est alors défini un temps de mise en relation, de visite du domicile puis d'hébergement pour progressivement travailler l'arrivée définitive au sein de sa famille d’accueil" détaille le Département.
Dans les situations de placement d'urgence (danger), ces professionnels peuvent accueillir immédiatement un enfant.
La rémunération se compose de deux parties, avec un salaire de 1 767 euros brut pour 1 enfant, 3 060 euros brut pour 2 enfants et 4 329 euros brut pour 3 enfants. "Si l’enfant accueilli est porteur d’un handicap, une majoration de salaire est attribuée à l’assistant familial (montant variable de 171 € à 699 €)" précise le Département.
Il y a aussi des indemnités d’entretien (argent de poche, habillement…) liées aux nombres d’accueil, soit 20 euros par jour par enfant accueilli.
Si certaines familles se plaignent de retard dans ces paiements, le Département explique qu'il "peut arriver qu’un placement soit effectué après la validation de la paie du mois en cours". "Dans ce cas, la régularisation intervient sur la paie du mois suivant" conclut-il.
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