Océan Indien par Imaz Press, jeudi 4 mai 2023 à 14:36

Teat Champ Fleuri : Exposition photos à Saint-Denis : mille et un visages d’une jeunesse créative

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Avec Mille et un visages, une œuvre : Brut Collectif, l’artiste Émile Kirsch propose dans la galerie du Teat Champ Fleuri, l’expérience de la métamorphose au cœur d’un geste collectif de marmailles qui transforment l’image de soi en expérimentation et l’identité en multitude. Tout simplement bluffant ! (Photos V.W.).

Le théâtre, cet espace par excellence où l’on peut faire l’expérience de soi dans l’autre, et de l’autre en soi… Lieu somme toute idéal pour accueillir l’exposition hors du commun de l’artiste Émile Kirsch.

De prime abord, on est face à une drôle de mosaïque teintée de pastel…De plus près, tout une galerie de portraits alliant photographies et arts plastiques se dévoile offrant le spectacle d’une génération et de sa puissance créative spontanée où l’énergie du geste des adolescents déborde les cadres et investit les marges.

Depuis cinq ans, Émile Kirsch réunit avec Brut Collectif plusieurs milliers d’ados pour leur permettre de s'exprimer et de se représenter autrement. Pour la réalisation de cette expo, il a été accueilli à Sainte-Rose au collège Thérésien Cadet, dans le cadre d’une résidence en territoire scolaire financée par la Dac de La Réunion, et à l’école Alix Elma de Bois-Blanc, dans le cadre d’un PEAC financé par le Rectorat.

D’ateliers en ateliers, il a déployé un protocole artistique qui les accompagne à se mettre en scène dans des portraits photographiques qu’ils et elles utilisent par la suite pour transformer leur image avec des craies et des pastels colorés.

Loin des codes de beauté instaurés par les réseaux sociaux et leurs multiples filtres photo, écoliers et collégiens ont laissé parler le filtre de leur créativité en découvrant comment devenir les auteurs de leur propre faciès et mettre en lumière leur propre identité.

"La question de l'identité se pose évidemment à cet âge de la métamorphose et par un protocole assez simple qui est de commencer par une rencontre photographique autour du portrait, cela permet déjà de créer un lien de confiance valorisant puisque je leur montre directement le résultat. C’est juste waouh car cet engagement a fait apparaître une diversité de points de vue et d’imaginaires. En les accompagnant, j’ai conforté leurs regards pour retrouver l’estime de soi et la confiance en l’autre", dévoile le photographe pour qui le format A4 s’est avéré idéal comme support de travail.

"D’une part, on est à l'échelle de la main et d’autre part, dans chaque établissement scolaire, il y a souvent une imprimante qui nous permet d’imprimer suffisamment de portraits étant donné qu’il y a toujours au moins 3 portraits par participant ce qui permet d’en créer une première multitude et de montrer qu'on n'est pas défini par une seule image " poursuit-il.

Ici, pas de jugement. On est simplement face à des œuvres où tout le monde est invité à imaginer une nouvelle manière de se représenter, et à réinventer à travers la création, un lien profond de soi à soi, et de soi à l’autre.

• Trois questions à Émile Kirsch

L’exposition s'intitule aussi Communes présences. S’agissait-il de créer un moment partagé ?

Tout à fait, c’est toute la force du collectif pour justement faire émerger cette intelligence collective. Une forme de génie spontané qu'on partage comme un héritage commun et créatif pour mettre en scène et en portraits ces interventions au pastel. Ici, pas de place à « Je sais bien dessiner » ou « Je ne sais pas dessiner ». À partir du moment où c'est imprécis, ça ouvre la voie à une spontanéité et au champ des possibles où j’assure le rôle de chef d'orchestre pour les guider dans ce protocole et leur dire qu’une tache devient le point de départ d’une composition.

Les enfants, souvent des artistes en herbe qui s’ignorent ?

Ils ont énormément de potentiel créatif et c'est quelque chose que j'ai à cœur de montrer. Même si habituellement, la photo est repassée au filtre Instagram ou Snapchat, ici on a travaillé sans filtre si ce n’est celui de la créativité. Je pense que pour eux aussi, c’est important de comprendre que l’image peut constamment être retravaillée de manière assez joyeuse mais avec les moyens du bord. Au-delà, cette expérience fut très révélatrice de talents insoupçonnés et dont je suis fier d’avoir été le chef d’orchestre.

Mayotte, la Marne, le Maroc et maintenant La Réunion. Vous n’en êtes pas à votre coup d’essai…

C’était très important pour moi car La Réunion est riche de diversités, de métissages et cette exposition montre justement ce langage commun et universel. J’ai mené divers ateliers dans d’autres pays et régions en effet, mais au-delà des nationalités et parfois des situations sociales différentes, tous partagent finalement la même créativité artistique.

Brut Collectif : Communes présences d’Émile Kirsch, à voir jusqu’au 1er juillet dans la galerie du TEAT Champ Fleuri ;  du mardi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14h à 17h, et les soirs de représentations.

vw/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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