Un appel à témoins lancé : Féminicide de Kalma Beechok : son mari toujours recherché par les forces de l’ordre
Cinq jours après le féminicide de Kalma Beechok à Saint-Leu, la gendarmerie de La Réunion lance un appel à témoins pour retrouver son mari, principal suspect dans cette affaire. Justin Baleinier, dit Tétin, est en effet toujours introuvable depuis le jeudi 18 juillet, date à laquelle Kalma Beechok a été tuée. Condamné pour des faits de violences conjugales en mars 2022, son contrôle judiciaire avait été levé en juin dernier. Prabha, une amie d’enfance de la victime, est tout autant affectée par le drame qui s’est produit. (Photo sly/www.imazpress.com)
Kalma Beechok, surnommée "Mone" par ses proches, était sur le point de s'éloigner de son ex-mari violent. Ce jeudi 18 juillet, cette femme âgée de 62 ans et victime de violences conjugales, devait en effet déménager de Saint-Leu à Plateau Caillou selon plusieurs médias, contre l'avis de son conjoint, qui habite lui aussi Saint-Leu. Son corps a finalement été découvert le jour même à son domicile.
À Maurice, île dont elle était originaire, c'est le choc. Si sa famille savait qu'elle vivait des violences au sein de son couple, personne n'imaginait qu'une telle tragédie pouvait survenir.
"Quand elle revenait au pays, elle nous racontait comment son époux la maltraitait. On la conseillait. L’année dernière, elle était venue pour quelques jours", a raconté sa nièce au média mauricien Défimédia. "On était au courant mais on ne savait pas que ça allait finir comme ça" a-t-elle déploré.
"Elle était plus qu’une amie, elle était une sœur pour moi" a témoigné une de ses amies proches auprès de Défimédia. "À chaque fois qu’elle revenait à Maurice, on se voyait et elle me disait ce qui lui arrivait. Je ne suis pas d’accord avec ce qui s’est passé. Elle n’avait pas de famille proche là-bas" a-t-elle déclaré.
- Avis de recherche -
Son ex-conjoint, condamné pour violences conjugales deux ans plus tôt et principal suspect, a depuis disparu de la circulation. Aperçu pour la dernière fois le 18 juillet vers 7h30, descendant le sentier de la Salette en direction du centre-ville de Saint-Leu, il est pour l'heure introuvable et fait l'objet d'un appel à témoins.
La situation est aujourd'hui dénoncée par l'Union des femmes de La Réunion, qui déplore qu'une "fois de plus, la victime avait alerté".
"La justice avait prononcé des mesures pour sa protection par une interdiction d’approcher la victime. L'auteur des violences, son mari, avait été sanctionné par une condamnation. Pourtant, dans la vraie vie, en l’absence de moyens pour garantir effectivement cet éloignement et permettre à l’auteur des violences ou à la victime d’être logée ailleurs, cette dernière a encore dû subir la proximité avec son agresseur" dénonce l'UFR.
"Dans la vraie vie, elle n'a pas été protégée. Elle a dû patienter. Lui, il a pu choisir son moment pour mettre fin à la vie de sa victime, qui recommençait à espérer et à imaginer la liberté d'une vie loin de la violence et de ce contrôle coercitif" souligne l'association féministe.
Le parquet se défend de son côté : incarcéré et suivi judiciairement jusqu’en juin 2024, le suspect "n’était plus sous suivi judiciaire le jour des faits".
La prise en charge des victimes de violences conjugales est cependant toujours sous le feu des critiques. Alors qu'environ 17% des victimes de féminicides avaient porté plainte contre leur meurtrier en France, les moyens dédiés à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles font toujours l'objet de vives critiques.
"La lutte contre les violences faites aux femmes est supposément la grande cause de deux quinquennats successifs. Or, le gouvernement refuse d'accorder les moyens suffisants pour protéger les femmes" estime l'UFR.
"L'ignorance entourant les systèmes de domination patriarcale broyant les femmes ne peut plus servir de prétexte à l'inadaptation de l'action publique. Et nous ne pouvons pas croire en l'indifférence de la puissance publique... Kalma Beechok n'aurait pas dû mourir" lance l'association.
- Fléau des violences -
La Réunion est aujourd'hui le quatrième département le plus violent envers les femmes. Si l'île a réussi à s'éloigner de la troisième place qu'elle occupait depuis plusieurs années, les violences envers les femmes restent un véritable fléau.
En février dernier, une femme a été découverte blessée par balles dans la cour de sa maison située chemin Piton Rouge à Sainte-Marie. Gravement blessée, elle a finalement survécu à cette tentative de féminicide. Son conjoint, qui avait été retrouvé à l'intérieur de l'habitation également blessé par une arme à feu, a lui succombé à ses blessures après avoir été transféré à l'hôpital.
Le 25 janvier, dernier le corps de Christelle, dénudé et enroulé dans un drap, avait été découvert à l'Ilet Coco à Saint-Benoit. Il s'agissait d'une femme de 29 ans, mère de deux enfants, dont la disparition avait été signalée quelques jours avant la découverte du corps. Le principal suspect, Amir M., était un de ses clients. Il a été mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire dans l'attente de son procès.
En 2023, La Réunion n'a heureusement pas été endeuillée par un féminicide. 10 plaintes étaient cependant déposées chaque jour pour violences conjugales en moyenne. 3 interventions des forces de l’ordre pour des violences intrafamiliales étaient enregistrées chaque jour en moyenne.
En 2022, 2 féminicides ont été à déplorer à La Réunion. 2050 femmes victimes ont été accueillies par les associations spécialisées, et 2866 affaires pour violences conjugales ont été enregistrées.
- Des recherches en cours -
Justin Baleinier, dit Tétin, est de typé créole, âgé de 62 ans, et mesure 1m67. Il a été vu pour la dernière fois le 18 juillet 2024 vers 7h30, descendant le sentier de la Salette en direction du centre-ville de Saint-Leu. Il est le suspect principal de ce féminicide. Il était vêtu d'un chapeau type cow-boy, pantalon noir et veste marron, et porteur d’un sac type bertel lorsqu'il a été vu pour la dernière fois.
Toute personne susceptible d’apporter son témoignage et/ou d’avoir vu l’intéressé, à partir du mercredi 17 juillet 2024, est priée de contacter sans délai la Gendarmerie nationale au 06 92 761 828
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