[VIDÉOS] Deux agents tués, un détenu évadé : Attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure : les prisons de La Réunion à l’arrêt
Ce mercredi 15 mai 2024. À La Réunion, les trois établissements pénitentiaires de Saint-Denis, du Port et de Saint-Pierre sont bloqués depuis 6h15 ce matin, heure de la relève. Aucun intervenant ni soignant ne peut entrer. Il n’y a pas de parloirs ni d’extractions judiciaires. Un rassemblement de soutien et de colère suite à la mort dans l’Eure de deux agents de la pénitentiaire, tués dans l’attaque de leur fourgon pénitentiaire lors d’une embuscade. Le détenu évadé et ses complices sont toujours en fuite (Photo rb et ma.m/www.imazpress.com)
"Personne ne rentre ni ne sort. Pas d'intervenants, pas de soignants, pas d'extractions judiciaires, pas de parloirs", explique Vincent Pardoux du syndicat FO pénitentiaire.
Un moment de recueillement est également prévu en hommage à leurs collègues, avant des prises de paroles de syndicats.
Ce rassemblement intervient 24 heures après les faits effroyables et le décès de nos collègues en mission. Une attaque d'un commando, une attaque préparée.
Aujourd'hui l'administration pénitentiaire est en soutien pour les familles endeuillées et ces collègues de camp et l'ensemble de la famille pénitentiaire.
- Opération "prison morte" -
Ce jour, plus de 500 agents pénitentiaires ont donc décidé de se mobiliser.
"Aujourd'hui c'est une prison morte. Il n'y aura aucun mouvement d'extérieur vers l'intérieur et de l'intérieur vers l'extérieur. Pas d'extraction judiciaire, pas d'avocat, pas de parloir, pas d'intervenant extérieur, pas de services médicaux", explique Vincent Pardoux de FO pénitentiaire.
"L'effroi est total et la colère gronde", dit-il.
"Deux collègues ont été tués dans l'exercice de leur fonction, tués par un véritable commando orchestré avec des armes de guerre", lance Samuel Fontaine de l'Ufap-Unsa.
"Ce rassemblement est un signe de mécontentement. Notre profession souffre."
Vincent Pardoux explique que : "l'escorte est décidée au regard de son profil. Il s'avère que cet individu avait un premier d'escorte qui a été relevé".
"Au regard de ce qui s'est passé hier, avec n'importe quel type d'escorte. Si on prend une équipe par surprise, on les abat avec des armes de guerre, il est très difficile de s'adapter à ce genre de situation."
Dans les DOM, ce sont "les services de police et de gendarmerie qui assurent les extractions de l'établissement pénitentiaire".
Les syndicats se joignent en effet au mouvement national lancé en soutien aux deux agents pénitentiaires tués et aux trois autres blessés au péage d'Incarville en Normandie.
Les agents PREJ sont chargés d’exercer des missions d’escorte des personnes détenues sur la voie publique et sont à ce titre armés et dotés de gilets pare-balles. L’administration pénitentiaire compte 45 000 agents, dont 1 101 agents PREJ qui ont effectué plus de 130.000 missions en 2023.
Chaque direction interrégionale des services pénitentiaires possède un pôle de rattachement des extractions judiciaires (PREJ), dont le niveau d’escorte est défini par l’Autorité de régulation et de programmation des extractions judiciaires (ARPEJ).
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- Plus de moyens et d'effectifs -
Ce que demandent les agents pénitentiaires, comme à chaque fois, c'est plus de moyens et d'effectifs.
Face à cela, "ce genre d'événements ça peut nous arriver", alertent les syndicats mobilisés devant la prison du Port. "On est à l'abri de rien. Tout change. La population pénale n'est pas celle d'il y a 10 ans."
"La violence c'est chaque jour. La peur du bleu c'est terminé. Quand on arrive le matin on est en danger constant."
"On vient travailler pour vivre, pas travailler pour mourir."
"On veut mettre l'administration pénitentiaire devant sa responsabilité. Qu'ils nous donnent des moyens humains, matériels, des infrastructures pour ne pas qu'un tel drame se reproduise."
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- La France sous le choc -
"L’attaque qui a coûté la vie à des agents de l'administration pénitentiaire, est un choc pour nous tous (...) Nous serons intraitables", a réagi sur X Emmanuel Macron.
L’attaque de ce matin, qui a coûté la vie à des agents de l’administration pénitentiaire, est un choc pour nous tous.
La Nation se tient aux côtés des familles, des blessés et de leurs collègues.
Tout est mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime…
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 14, 2024
"Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble", a de son côté déclaré le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, depuis la cellule de crise installée à l'administration pénitentiaire dans le 19e arrondissement de Paris.
Un convoi pénitentiaire a été attaqué dans l’Eure.
Deux de nos agents pénitentiaires sont décédés, trois sont gravement blessés. Toutes mes pensées vont aux victimes, à leur famille et à leurs collègues.
Je me rends immédiatement à la cellule de crise du @justice_gouv.
— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) May 14, 2024
Il a confirmé qu'au cours de cette attaque d'une très grande violence et extrêmement rare, deux agents avaient été tués. Il a précisé que le pronostic vital était engagé pour "deux des trois" blessés.
"Nous n'économiserons aucun effort, aucun moyen. Nous les traquerons. Nous les trouverons. Et je vous le dis, ils paieront", a lancé Gabriel Attal à l'Assemblée nationale, qui a observé une minute de silence.
Dans l’Eure, deux agents de l'administration pénitentiaire sont morts dans l’exercice de leurs fonctions. 3 autres ont été blessés très grièvement.
Je veux dire aux familles et aux proches des victimes toute la solidarité de la Nation dans cette épreuve.
Les auteurs de ces… pic.twitter.com/6zejHuBXRf
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) May 14, 2024
- Deux agents tués, un détenu évadé -
L'attaque s'est déroulée au péage d'Incarville, quand le détenu était en cours de transfert de la prison d'Evreux au tribunal de Rouen.
Le garde des Sceaux a affirmé que c'était la première fois depuis 1992 qu'un agent de la pénitentiaire était tué dans l'exercice de ses fonctions.
Le convoi pénitentiaire n'avait pas d'escorte de la police ou de la gendarmerie, selon une source proche du dossie
Celle-ci a expliqué qu'une escorte n'était pas "systématique" et était déployée à la demande de l'administration pénitentiaire. Les escortes sont principalement réservées aux détenus particulièrement surveillés (DPS). Or, ce n'était pas le cas pour le détenu désormais en fuite.
Selon une source policière, l'attaque a été menée par un commando de plusieurs malfaiteurs qui ont utilisé deux véhicules.
L'un de ces véhicules a été retrouvé peu après les faits, "carbonisé", dans l'Eure, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
Sur une vidéo postée sur X, on aperçoit à travers le pare-brise d'un véhicule, deux des malfaiteurs habillés en noir des pieds à la tête, pointant leurs armes pour braquer les véhicules de l'administration pénitentiaires bloqués par une berline noire.
‼️ [ ???????? FRANCE ]
????️Premières images du commando lourdement armé qui a attaqué un convoi pénitentiaire au péage d'Incarville. Selon l'AFP, les trois agents de la pénitentiaire ont été tués par des tirs de fusil à pompe. Le GIGN se rend sur place.
Une cellule de crise du… pic.twitter.com/YnkBluTSno
— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) May 14, 2024
Aussitôt, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclenché le "plan Epervier". 200 gendarmes sont mobilisés, principalement des gendarmes départementaux et des motards de l'Eure mais également de départements voisins (Seine-Maritime, Calvados, Val-d'Oise et Yvelines), ainsi qu'un hélicoptère, a détaillé la gendarmerie.
"Condoléances sincères et attristées aux familles endeuillées et aux agents du ministère de la Justice" a aussi écrit Gerald Darmanin sur X.
Condoléances sincères et attristées aux familles endeuillées et aux agents du ministère de la Justice. Le plan « Épervier » a été déclenché. Tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver ces criminels. Sur mon instruction, plusieurs centaines de policiers et de gendarmes sont… https://t.co/KXzPJa0A2r
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 14, 2024
Sur l'autoroute A154, au péage d'Incarville, où le trafic a été interrompu, se trouvaient plusieurs véhicules de police et une tente blanche a été dressée, a constaté un correspondant de l'AFP.
Le détenu en fuite, Mohamed Amra, est né "en mars 1994". "Le 10 mai 2024, il avait été condamné par le tribunal d’Evreux pour un vol avec effraction. Il était en outre mis en examen par la JIRS de Marseille pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort", a indiqué la procureure de Paris Laure Beccuau dans un communiqué.
❗️ [ ???????? FRANCE ]
????️ Selon les informations du Parisien, le détenu qui s’est évadé, surnommé « La Mouche », a été identifié comme Mohamed A, âgé de 30 ans.
Il est connu pour « vol avec effraction », « tentative d’homicide » et serait à la tête d'un réseau de stupéfiants. pic.twitter.com/KI1Qq1oXZ4
— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) May 14, 2024
La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) a été saisie de l'enquête, confiée à l'office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) et la police judiciaire de Rouen.
L'enquête est ouverte pour "meurtre et tentative de meurtre en bande organisée (faisant encourir la réclusion à perpétuité), évasion et bande organisée, acquisition et détention d’arme de guerre, association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime".
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