Zanmari Baré, samedi au Teat plein air : Maloya i sa kraz atèr pour les 10 ans de "Mayok Flér"
Il y a dix ans, "Mayok flèr", premier album solo de Zanmari Baré lui valait des louanges unanimes bien au-delà des frontières de La Réunion. En 2024, l’album fait l’objet d’une réédition, en double vinyle cette fois, augmenté d’un titre inédit, "Marizane" à découvrir samedi sur la scène du TPA où l’artiste se produira entouré de ses dalons de l’époque (Photos V.W.).
Son maloya à lui est sensible, engagé et puise sa force dans l’héritage de ses proches mais aussi de zarboutans au premier rang desquels son phare dans la nuit Danyèl Waro, en plus d’un Rwa Kaf, d’un Gramoun Lélé, d’un Firmin Viry ou encore d’un Dada Simon. Voilà plus de dix ans que Zanmari Baré distille ses émotions à travers des textes sincères, émouvants et hypnotisants.
Mais cette décennie fut aussi ponctuée de rencontres marquantes des plus grands musiciens cadors de La Réunion qui lui ont permis de forger sa musique pour chanter sa créolité avec poésie et fierté empreinte d’une infinie douceur qui tranche avec l’inépuisable énergie de son mentor Danyèl Waro.
Au fil du temps, Zanmari Baré avoue avoir appris - et toujours apprendre - pour apporter sa pierre à l’édifice d’un maloya ouvert sur le monde et en constante évolution avec pour ce faire, l’arrivée de nouveaux instruments comme la kora de Samy Pageaux-Waro pour "Mayok Flèr" qui vient compléter la palette des instruments traditionnels que sont le kayamb, le roulèr ou le bob, et le mener comme il se plaît à dire "en suspension".
"Mon afèr cé chanter avec mon cadencement, mon lélan" en totale opposé à la vitesse de la société réunionnaise actuelle trop calquée selon lui sur le modèle capitaliste européen.
"Na un tas d’zafèr i fonctionne plus comme le partage avec le voisin, la solidarité, le vivre-ensemble… Nout’ valeurs i dégrainent, nout’ système i fonde comme peau de chagrin et nou lé spectateurs", regrette Zanmari qui à travers le morceau "Solidarité la pwin" dénonce à juste titre l’influence parfois négative du "péi déor".
Lui qui a découvert la musique à l’âge de 10 ans et le maloya plus tardivement, n’a depuis, de cesse de rendre hommage à un "maloya ravageur" en lien avec l’esclavage et ce besoin irrépressible de briser constamment le silence : "Notre génération avait besoin de dire, de crier et ce qui est magique c’est que le maloya i armet’ a nou droite, li amèn a mwin dans un tranquillité, li apaise kom un tisane i guéri band’ boubou".
Cette base, il se fait un devoir de la préserver autant que possible - même si "somin Grand Bois lé long" - et ça passe notamment par le combat pour la reconnaissance du créole (à l’image du titre "Nout Lang") et surtout par la transmission envers les jeunes à travers ses ateliers d’écriture et de fabrication d’instruments en lien avec ses fonctions d’éducateur spécialisé. "Nou néna une jeunesse et i faut nou prend sa en compte ! Nou lé sur un volkan et la Réunion i bouillonne" insiste-t-il.
Samedi soir, ils seront une dizaine sur la scène du Téat Plein Air, dont Samy Pageaux-Waro, Laurent Dalo et Mickaël Talpo, pour interpréter des morceaux de "Mayok Flér", des deux autres albums qui ont suivi ("Voun" et "Sizi") mais aussi un inédit intitulé "Marizane" qui contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’est pas une histoire d’amour avec un dame…
Mais une histoire à écouter jusqu’au bout car elle ne mène pas au bon paradis ! Zanmari réserve en plus quelques surprises mais n’en dira pas davantage, c’est pourtant pas faute d’avoir essayé… Alors Baré, pas Baré ?
Zanmari Baré, samedi 2 mars, 20h au Téat Plein Air
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