Les planteurs tirent la sonnette d’alarme
Filière canne : la CGPER inquiète, à deux mois du début de la campagne

Ce jeudi 21 avril 2022, les membres de la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER) étaient réunis devant l’usine du Gol à Saint-Louis. Ils souhaitaient alerter sur la situation inquiétante dans laquelle se trouve la filière canne, à deux mois du début de la campagne sucrière. (Photo d’illustration rb/www.ipreunion.com))
Depuis plusieurs mois la filière connaît des difficultés successives, dues aux cyclones, à la sécheresse, à la crise Covid et maintenant à la guerre en Ukraine. Et à l’approche de la campagne dont le début est prévu mi-juin, la situation est tendue.
- 14 millions, juste pour "payer les surcoûts des crises" -
Le 23 mars 2022, un courrier conjoint des ministres de l'Agriculture et des Outre-mer, annonce la reconnaissance par l'État de la revendication des planteurs. Une aide supplémentaire de 14 millions d'euros par an versée directement aux planteurs entrera en vigueur dès cette année et jusqu'à 2027. "On avait demandé 20 millions pour la perte du pouvoir d’achat mais on ne va pas faire les fines bouches. Cependant, ces discussions, on les a eus avant la crise covid et la guerre en Ukraine", explique Jean-Michel Moutama, président de la CGPER.
Et depuis, le prix des engrais a été multiplié par deux. "On a eu des discussions avec les importateurs d’engrais et ils disent que pour l’île il faudra 20 millions d’euros contre 10 auparavant", rajoute Jean-Michel Moutama. Le président de la CGPER explique donc que l’ensemble des 14 millions d’euros de l’État vont servir à payer les surcoûts de ces deux crises. "Là où le bât blesse, c’est que les planteurs n’auront plus rien pour redorer leur pouvoir d’achat". Écoutez :
- Risque de baisse des coûts d’achat -
Autre point que la CGPER souhaite évoquer, c'est le risque de baisse du coût d’achat de la canne. "Les industriels disent avoir un surcoût. Ils ont demandé à l’État une rallonge, mais le gouvernement ne s’est pas encore prononcé. Ils expliquent donc qu’ils ne peuvent pas commencer à discuter avec nous pour nous dire combien ils payeront les tonnes de cannes pour les cinq prochaines années. Ils parlent même de diminuer le coût d’achat. On est pris en otage", scande Jean-Michel Moutama.
"Afin de se faire entendre, la CGPER envisage de rassembler l’ensemble de ses forces et l’intersyndicale pour descendre dans la rue. La situation est grave pour notre profession. La filière canne ce ne sont pas seulement 2.300 planteurs, ce sont aussi des chauffeurs, des salariés d’usines. Tout un pan de l’économie est menacé."
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