Le debaa : un chant par et pour les femmes
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Pratique dansée et chantée traditionnelle soufie, le debaa est un marqueur de la culture mahoraise du 20ème siècle et d’aujourd’hui. Le reflet de sa diversité, de sa vitalité et de sa créativité !
Le debaa est une pratique culturelle et cultuelle mahoraise réservée aux femmes. Cet art de l’islam, tiré du soufisme, trouve ses racines dans le kaléidoscope des expressions culturelles de Mayotte, qui se composent d’aspects africains, indo-océaniques et arabo-musulmans.
Un trésor vivant du patrimoine mahorais
A la fois chant, danse, rencontre, etc., le debaa est toujours un événement et l’opportunité pour ses représentantes de se parer de bijoux et de revêtir leurs plus beaux saluvas – la tenue traditionnelle des femmes mahoraises. Coiffées de fleurs de jasmin, de la dentelle de henné recouvrant leurs bras et leurs mains, elles peuvent alors entamer leurs psalmodies à la gloire du prophète Mohammed.
Mais avant tout cela, comment naît le debaa ? Dans des moments d’échanges et de complicité entre femmes, qui aboutissent à la programmation de nouvelles rencontres. En prévision de celles-ci, les groupes répétent les anciens chants et en créent de nouveaux à partir d’un mot, d’une phrase, d’un texte puisé dans une des nombreuses anthologies de poésie mystique en circulation à Mayotte. En même temps, les femmes s’organisent pour confectionner leurs saluvas. Et, la veille de la rencontre, les plus jeunes préparent des boules de fleurs, notamment faites de jasmin.
La reconnaissance de l’UNESCO
En général, les rencontres se tiennent le dimanche. Les groupes de musiciennes et de danseuses réunies composent une explosion de couleurs et de lumières chatoyantes, et chacune est prête à donner le meilleur d’elle-même. A la fin des rencontres, les groupes invités sont débiteurs : à leur tour, ils deviendront organisateurs et échangeront l’invitation. C’est ainsi que la tradition se perpétue sur l’île depuis des décennies.
Art féminin par excellence, emblématique de la culture mahoraise, le debaa fait l’objet d’un processus de patrimonialisation, avec un projet d’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Sans oublier les nombreuses tournées, rencontres et manifestations organisées par le Conseil Départemental qui font vivre et rayonner cet art encore méconnu au-delà des frontières de Mayotte.
Pour aller plus loin :
Au cœur du debaa, par Eléna Bertuzzi et Laure Chatrefou (PDF)
Photos : Bertrand Fanonnel, 2018 / CC BY-SA 4.0