Le digital comme accélérateur du développement
Comment l'écosystème mahorais du digital se structure-t-il ? Autour de quels enjeux et projets son développement est-il axé ? Réponses avec Feyçoil Mouhoussoune, gérant d'ETIC Services et Président du Groupement des Entreprises Mahoraises des Technologies de l'Information et de la Communication (GEMTIC), dont Orange est l’une des 94 entreprises mahoraises adhérentes.
Pouvez-vous nous présenter la vocation et l'action du GEMTIC ?
Le GEMTIC est un groupement d'entreprises du digital créé en 2012 à l'initiative de la CCI Mayotte. Nous assumons plusieurs missions. De communication, de promotion et de valorisation de la filière et des métiers numériques, à destination de la jeunesse notamment. Nous portons par ailleurs la voix et les intérêts de la filière dans les discussions stratégiques avec les décideurs publics. Nous avons aussi vocation à accompagner les dirigeants d'entreprises, dans une filière où les créations sont nombreuses, ainsi que les échecs : paradoxalement, certaines entreprises du digital n'ont pas encore accompli leur propre transformation digitale. Nous essayons de repérer les porteurs de projets très innovants afin de les accompagner et de leur proposer un écosystème d'accélération adapté. C'est tout le sens, par exemple, d'un appel à projets lancé récemment par l’Agence de Développement et d’Innovation de Mayotte (ADIM), avec qui nous travaillons, pour le développement du territoire, et très axé sur l'innovation numérique.
Dans la continuité de ce concours d'innovation, quels sont les autres projets qui contribuent ou vont contribuer à soutenir la filière à Mayotte ?
Le GEMTIC avait initié un projet de technopole fédérant des outils d'accompagnement à l'innovation, sur lequel la Chambre de Commerce a désormais pris le relais. Un projet structurant que nous portons concerne la création d'un datacenter sur l'île, afin de structurer une offre de services de proximité pour des besoins critiques. Nous parlons de solutions basiques comme de haut niveau en vue de dynamiser les nouveaux usages autour la ville intelligente, etc. Nous sommes un territoire jeune et insulaire, et ce datacenter constituera une brique complémentaire précieuse pour le développement de la filière, à son ouverture attendue pour le premier trimestre 2022.
Enfin, au mois de septembre, nous nous sommes positionnés sur le label French Tech, qui rassemble le mouvement français des start-up. Nous sommes conscients de notre "jeunesse", mais les choses vont vite, des initiatives et des acteurs sont déjà lancés. Nous ne voulions pas perdre de temps dans la structuration de l'écosystème. Nous pensons que c'est le bon moment, alors que nous bénéficions du soutien de nombreuses institutions dans cette démarche. Nous ne nous fixons ni de limites, ni de contraintes ni de pression : même si nous échouons, nous aurons appris.
De quelles manières et dans quelle mesure les NTIC irriguent-elles l'environnement socio-économique de Mayotte ?
Il faut commencer par rappeler que plus de la moitié de la population mahoraise a 20 ans ou moins, et a toujours vécu dans un monde numérique. Le digital n'est certes pas une fin en soi, mais il constitue un terreau d'opportunités sans pareil. Le territoire de Mayotte se développe à marche accélérée, avec beaucoup de mutations. Le département est en quelque sorte en train de se créer, au 21ème siècle, et les enjeux sociaux, économiques, etc., auxquels il fait face peuvent être adressés avec les NTIC, à condition de savoir mobiliser et associer les ressources. Nous ne pouvons pas nous construire sans. Le bond technologique est de taille, mais il faut l'initier dès maintenant, et avec résolution.