« Les conditions n’étaient pas réunies  », reconnait Loïc Dominguez, le directeur pédagogique de SAYNA, une start-up originaire de Madagascar spécialisée dans l’éducation et le travail numérique qui a agi en tant qu’opérateur de formation sur ce programme. Avec 150 inscrits, et seulement trois diplômées sur les 20 personnes attendues, le programme gratuit « Mayotte Talents Numériques » basé sur l’univers des technologies et les métiers du numérique, n’a pas su retenir les jeunes Mahorais. « Aux côtés du CARIF-OREF, notre partenaire local qui a assuré le suivi sur place, nous avons au fur et à mesure pris un rôle plus engagé dans la coordination globale, constatant les difficultés rencontrées sur le terrain », explique Loïc Dominguez avant d’ajouter que « le contexte politico-social et climatique compliqué de Mayotte n’a clairement pas aidé ». Mais qu’à cela ne tienne, les acteurs de ce projet ne comptent pas abandonner si facilement ! Animés par la même volonté de démocratiser le numérique, les responsables de SAYNA, d’Orange et du CARIF-OREF réfléchissent déjà à la mise en place d’un meilleur sourcing et à revoir leur contenu pédagogique.

Des besoins mieux identifiés

Premier constat : le faible niveau de français des jeunes Mahorais. « Pour pallier ce retard, nous avons décidé de mettre en avant les modules de Français Langue Étrangère (FLE) » indique le directeur pédagogique. Et pour tous ceux qui disposent déjà de connaissances en français et de bonnes bases en numérique, « l’idée est de pouvoir les emmener encore plus loin, sur des logiciels comme WordPress par exemple  », précise-t-il. Car si tout le monde a déjà entendu parler de l’illettrisme, qui touche plus d’un Mahorais sur deux selon l’INSEE, l’illectronisme est aussi devenu un véritable enjeu de société sur l’île. « Le travail de terrain du CARIF-OREF est essentiel pour mieux cibler les futurs bénéficiaires de la formation. Nous avançons ensemble dans la lutte contre la fracture numérique  », insiste-t-il.

Renforcer le maillage territorial

En s’adressant principalement aux jeunes scolarisés, en situation de décrochage ou encore aux demandeurs d’emplois, le rôle du CARIF-OREF de Mayotte est déterminant. « Grâce aux évènements et aux ateliers qu’il organise régulièrement, le CARIF-OREF entretient un lien avec les jeunes. Son rôle est indispensable », estime le directeur pédagogique. Et dans sa volonté de renforcer son maillage territorial, SAYNA annonce vouloir continuer le travail avec des partenaires locaux pour mieux accompagner les jeunes de Mayotte. L’initiative d’Orange de se rapprocher du Régiment du Service Militaire (RSMA) pour identifier de nouveaux bénéficiaires devrait lancer une nouvelle dynamique pour la deuxième phase du programme prévue jusqu’à juin 2024.